Alexandre, chômeur déclassé, a deux mois pour prouver à sa femme, sous-marinière partie en mission, qu'il peut s'occuper de ses deux jeunes enfants, Ernestine et Gabriel, fidèle et être autonome financièrement. Problème : The Box, la start-up très friendly qui veut l'embaucher à l'essai a pour dogme : « Pas d'enfant! », et Séverine, sa future supérieure, est une « tueuse » au caractère éruptif. Pour obtenir ce poste, Alexandre doit donc mentir... La rencontre avec Arcimboldo, « entrepreneur de lui-même » et roi des petits boulots sur applis, va l'aider à surmonter tous ces défis.
Arcimboldo est en effet à la recherche d’un appartement et Alexandre lui offre amicalement de partager le sien d'autant qu’il a besoin de lui pour garder ses enfants quand Aymeric, le patron de the box convie tous les employés à sa galette des rois, selon son bon plaisir. Quand la voiture connectée de Séverine refuse de lui ouvrir, elle trouve refuge chez eux et Arcimboldo en tombe amoureux. Alexandre a été recruté à l'essai pas parce qu'il a déclaré, ayant vite compris le jeu de son employeur, aimer quand "tout se barre en sucette" ou "qu’il aime aller tout droit mais simplement parce qu’il connait le maire de la ville dans laquelle le contrat doit être passé. Il suit la préconisation du maire d'organiser un tournoi de drones, la guerre des drones, parce que son fils en est fou. Et alliance des ringards, sa plaquette retro plait beaucoup au maire qui mandate The Box pour l'organisation de sa manifestation
Suzie, la fille de Séverine est stagiaire dans The box et a découvert que nombre d’employés sont obligés de cacher qu'ils ont des enfants. Elle les incite à tout révéler à Eymeric dans une conf-call qu’il mène depuis Londres. A cette occasion, Sarah lui révèle qu'il est père. Tout est bien qui finit bien, Alexandre retrouve sa femme, et Arcimboldo conquiert Séverine.
Un couple, deux amis, deux enfants, un binôme, une mère et sa fille, deux petits singes mais un même doudou, "Les 2 Alfred", pour Ernestine : chez les Podalydès on est plus fort à deux quelque soit la configuration et le temps mis pour se réunir. Cette force est nécessaire vis à vis d'une société incarnée par la start-up événementiel The Box où l’on a le droit de fixer soi-même son salaire et ses vacances, sous réserve de bosser vingt-quatre heures sur vingt-quatre. L'exigence de production, de signature de contrats est stérile à long terme ainsi que l'incarne l'interdiction d’avoir des enfants : "No child".
Comme Effacer l'historique (Kervern et Delépine, 2020) ou Adieu les cons (Albert Dupontel, 2020), cette comédie, plus douce, s'attaque à la société obligeant à la performance les hommes et les femmes avec la jeunesse comme catalyseur d'un changement hypothétique. Ici, l’impérialisme du capitalisme s'étend dans la sphère privée et dans les valeurs supposées agir contre lui : la déconnexion, les circuits courts, la proximité (même au prix de la ringardise). Tout est bon pour gagner quand la technologie permet la surveillance généralisée : montre et voiture connectées, ubérisation, sous-traitance généralisée (on y emploie des gens pour aller en manifestation à sa place) et tics de langage qui camouflent la dureté des rapports humains : reacting process, en mode "one to one". L'humour, les slogans de Arcimboldo, apportant bien évidemment plus de vérité : "On ne sent pas ses chaînes... quand on ne bouge pas". Quelques moments de pure harmonie comme la danse Arcimboldo et Séverine dans la rue pendant qu'Alexandre fait la lecture à son fils Gabriel dans une chambre éclairée de petits coeurs. Arcimboldo qui ne voyait plus une femme que comme "un petit raie de lumière sous une porte fermée", retrouve le plaisir de la seduction.
Jean-Luc Lacuve, le 27 juin 2021