Jacques Panijel |
||
(1921-2010)
|
||
1 film | ||
1 | ||
Jacques Panijel, chercheur en biologie, écrivain, ancien résistant français à l'occupant nazi, est le secrétaire du Comité Maurice Audin, un comité créé en décembre 1957 avec Pierre Vidal-Naquet, au lendemain de la soutenance posthume en Sorbonne de la thèse de Maurice Audin, jeune mathématicien assassiné à El Biar par un officier parachutiste français. En pleine guerre d'Algérie, Jacques Panijel et quelques centaines d'universitaires sont parvenus à faire éclater un peu de vérité sur cette «affaire» et à mettre en lumière l'extraordinaire série de complicités et de faux témoignages dont ce crime a été entouré.
Jacques Panijel, n'a de cesse que soit rendu public le scandale que constituait l'emploi généralisé de la torture dans la lutte menée par l'armée française contre le désir d'indépendance du peuple algérien. Aussi, lorsque ces pratiques se sont transportées sur le pavé parisien, et qu'elles ont culminé avec l'assassinat délibéré, le 17 octobre 1961, de plusieurs manifestants protestant contre le couvre-feu qui leur était imposé, Jacques Panijel a entrepris d'alerter l'opinion publique en réalisant Octobre à Paris.
Au matin du 17 octobre 1961, Jacques Panijel est averti par un camarade algérien que "quelque chose va se passer". Le soir en traversant les Champs-Elysées, il découvre l'horreur : des centaines d'Algériens assis par terre entre deux rangées de flics en uniforme. Le Monde publie une souscription financière pour venir en aide au comité Audin qui a ainsi réuni une somme d'argent conséquente. Jacques Panijel propose l'idée d'un film qui retracerait les événements. Le comité accepte à condition que le film soit réalisé par un metteur en scène de renom dont la réputation aurait protégé le film et qui aurait accepté de travailler avec les représentants du FLN en France. Plusieurs cinéastes français de la Nouvelle Vague et grands cinéastes étrangers sont alertés. Le seul qui réagit favorablement est Jean Rouch. Mais il souhaitait une production légère ce qui est refusé pour ce qui est perçu comme un événement majeur. Jacques Panijel propose alors de réaliser le film lui-même. Son expérience cinématographique se limitait à la coréalisation au côté de Jean-Paul Sassy de La Peau et les os qui avait obtenu le Prix Jean Vigo l'année précédente.
Une fois, Octobre à Paris réalisé, il n'y a pas de projection de presse du faitde la censure. Jacques Panijel avertit des amis journalistes que des projections ont lieu tel jour à telle heure au Studio Bertrand en face de l'hôpital Necker. Au festival de Cannes en 1962, Panijel loue une salle de la rue d'Antibes. Il emmene ensuite le film à la Mostra de Venise où il fut à nouveau projeté quelques jours avant que les carabinieri ne ferment la salle. Enfin, il emmene Octobre à Paris dans des symposiums scientifiques où il est projeté à la stupéfaction des participants. En mai 68, le film sera à nouveau brièvement projeté dans une salle du Quartier latin, en alternance avec La bataille d'Alger.
Le film de Jacques Panijel ne recevra son visa d'exploitation qu'en 1973, à l'issue d'une grève de la faim de René Vautier. Mais son réalisateur a longtemps refusé de le montrer tant qu'un préambule en forme de préface ne lui a pas été ajouté, une opération qui nécessitait des subventions restées introuvables. Jacques Panijel décède le 12 septembre 2010 à Paris d'une défaillance cardiaque. Octobre à Paris sort pour la première fois en France le 19 octobre 2011 et en octobre 2012 en DVD.
Filmographie :
1962 | Octobre à Paris |
1h08.
|