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En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est
l’épouse popote et soumise d’un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son
usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote
avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche.
À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve
à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de
tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine
forme, tout se complique.
Des
qualités de surface : les couleurs en à-plats, rutilantes, joyeuses
ou romantiques ; les bons mots, souvent allusions à l'actualité
récente : "casse-toi pauv'con", "il va falloir travailler
plus pour gagner plus" ou la couleur orange des affiches de Suzanne qui
font référence à un parti de centre droit bien connu.
Ozon égratigne aussi les baronnies du Parti communiste où le
député ne se démènerait pas beaucoup pour garder
son siège qu'il croit gagné d'avance. Tout cela n'est pas bien
méchant, plutôt plaisant et donne l'impression, pas fausse bien
sur, qu'il faut continuer de défendre le droit des femmes, aujourd'hui
comme hier.
Sous cette surface ripolinée, hélas il ne se passe rien. La pièce initiale est sans doute bien légère mais Ozon n'en travaille les zones d'ombre que dans la première partie du film. La première chanson "Emmène-moi danser ce soir" trouve pourtant un écho dans l'histoire romantique entre Babin et Suzanne et leur soirée au badaboum où ils osent une désopilante parodie de la Fièvre du samedi soir. Mais, après, tout le mystère, le double jeu, s'évapore au profit d'une dérisoire campagne électorale où Suzanne, après une parodie de discours matriarcal, ne s'adressera finalement à personne lorsqu'elle chantera "Que c'est beau la vie". Le contrechamp qui avait saisi son mari castré (bien fait, certes) et sa fille enceinte ne pouvait répondre à son attente.
On se désole qu'Ozon gâche son talent sur des scenarios consensuels et faussement tarabiscotés pour exalter le cabotinage des acteurs, excellents, pour peindre de jolies couleurs autour du vide.
Jean-Luc Lacuve le 24/03/2013