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Une
jeune femme quitte Paris sous la pluie pour se rendre à Tribehou, près
de Periers dans la Manche, où elle décroche plusieurs tableaux
des murs. Mariana prépare l'exposition hommage à sa mère,
Clotilde Vautier, décédée à 28 ans en 1968 d'une
"appendicite". Elle se rend ensuite à Coutances parler avec
son oncle et sa sur puis à Périers où sa grand-mère
habite en maison de retraite. Puis, avec sa sur, elle évoque
leur mère disparue. Elles l'appellent Clotilde, jamais maman, mais
cette femme hante leurs rêves. Elles parlent de l'absence du souvenir
de la déclaration de sa mort. Seule Isabel, appris assez vite que sa
mère était morte, mais ne trouva personne à qui en parler.
Tel fut le premier secret : la mort cachée. Chez un vieil alcoolique,
probablement ami de la famille, que Mariana rencontre ensuite, elle s'entend
dire qu'il y a des choses qu'elle ne connaît pas.
Dans l'appartement
où la famille vécue longtemps près de Rennes vont défiler
les anciens modèles puis un ami peintre de sa mère. Là,
au détour d'une conversation son père lui parle de l'avortement
qu'a subit sa mère. Tel est le deuxième secret qui entraîna
le premier : on ne révéla pas la mort parce qu'elle était
liée à la culpabilité de l'avortement. Mariana l'appris
à vingt-huit ans, le spectateur après une demi-heure de film.
Dans une très belle scène en champ-contre-champ dans la voiture,
le père expliquera que le secret n'en était pas un pour lui,
tableau ou effets personnels de Clotilde restaient accessibles au fond d'une
malle ou dans un placard. Cette mise à l'écart que les enfants
respectaient, équivalait néanmoins pour eux à un secret.
Une femme restauratrice vient parler de la peinture de Clotilde.
Mariana consulte les archives de ces années où les femmes mourraient abandonnées des hôpitaux et dans la douleur. Une femme médecin le dira ; ces années là furent ignobles. Marina vient révéler la vraie cause du décès de sa mère à son oncle et à sa tante. Sur le chemin du retour, dans la nuit, se poursuit off le récit de l'enterrement de Clotilde. Mariana et son père préparent l'exposition. Le jour de l'inauguration, le père et les deux filles se retrouvent et retrouvent leur mère par ses tableaux enfin mis au grand jour.
Construire
le portrait de sa mère, faire advenir le portrait de celle qui a disparue
et, par cet acte, tenter d'atteindre à l'universel du dévoilement
d'un secret. Le secret comme une exclusion qui tient l'enfant loin puis aux
franges de la vérité et le cheminement qui permet de se réapproprier
la vérité.
Bonheur du documentaire : la grand-mère, avec laquelle Mariana expose gentiment ses interrogations sur un tableau qui a inquiété sa jeunesse, finit par dire : "Fait comme moi, dort", écho exact de l'attitude familiale avant la révélation.
Mais aussi mise en scène très travaillée. Stylisation de la lumière (apparitions fantomatiques, jeux avec les ocres et les verts, proches de la peinture de la mère), des décors (cadre de vie réel mais stylisé, par les draps dans l'appartement, par la lumière sous-exposée au début puis sur-exposée à l'hôpital) de la mise en scène des corps (séparés avec son père dans la voiture, réunis, complices, de face, avec sa sur) même dans leur apparition (opposition entre la grande sur blonde dépositaire d'une mémoire plus élaborée et la brune, chercheuse obstinée plus tardive).
S'enfoncer dans la nuit du passé avec la commémoration de l'enterrement en voix-off sur une route déserte la nuit. Réconciliation de la famille devant l'exposition. Transition soignée entre les deux parties du film avec le barbu alcoolique qui sépare les scènes presque fantomatiques liées à l'enfance et la déclaration de l'avortement quand le père prononcera le mot pour la première fois.