né en 1954
8 films
   
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Véritable héritier de la contre-culture, Michael Moore a connu une fulgurante reconnaissance critique avec Roger et moi. Puis devenu l'ennemi médiatique numéro 1 de l'actuel président des Etats-Unis, George W. Bush, célébré à Cannes par une Palme d'or peut-être trop prestigieuse pour son pamphlet, Fahrenheit 9/11, il subit désormais un retour de flamme par la critique française qui le trouve trop démago pour être honnête.

Le reproche obstinement adressé à Michael Moore est son absence d'objectivité et le fait qu'il aime se mettre en scène, en situation, pour ridiculiser la parole et la pensée d'autrui, qu'il s'accapare la vedette pour s'attirer la gloire. Des griefs qui feraient de lui un piètre documentariste incapable de s'effacer derrière son sujet et les témoignages qu'il obtient.

Sauf que justement, le travail du cinéaste dépasse le cadre du documentaire traditionnel au sens strict du terme pour entrer de plein peid dans la comédie sociale avec une même rage et un même désespoir gai que les auteurs de la comédie italienne.

Don Quichotte qui, caméra au poing, refuse la fatalité et part au combat pour un monde plus juste, Michael Moore ne cherche pas à représenter une réalité mais à questionner celle-ci. Il n'essaie pas de présenter un panorama neutre des événements mais au contraire de démontrer que son point de vue est le seul et unique envisageable. Ancien syndicaliste, il pratique aussi l'outing, l'appel à la puissance médiatique pour débloquer des situations complexes, sorte d'agit-prop modernisée.

Alors bien sûr, on peut critiquer son ironie et son sens de la manipulation mais, en se mettant au centre de son dispositif, il a le mérite de subjectiver au maximum le contenu de ses longs métrages.

Pourtant, avec sa casquette de base-ball vissée sur la tête, ses grosses lunettes passées de mode, ses rondeurs affables et sa bonne bouille, Michael Moore ressemble plus à un gros nounours qu'à un agitateur. Fils d'une secrétaire et d'un ouvrier de chez General Motors à Flint (Michigan), neveu du fondateur du Syndicat des Travailleurs de l'Automobile (UAW), Michael Moore était prédestiné à devenir un col bleu.

Et pourtant, à 18 ans, il se fait élire au conseil général de son université, où il devient l'un des plus jeunes Américains à accéder à une fonction publique. Il sera le pourfendeur des injustices dont les étudiants sont victimes. C'est l'époque de début de l'invasion des établissements scolaires par le secteur privé. Puis, à 22 ans, il fonde Flint Voice (plus tard rebaptisé Michigan Voice) un journal alternatif qu'il dirige pendant presque dix ans, avant de passer à la rédaction d'un magazine de gauche bien connu, Mother Jones.

En 1989, il vend tous ses biens personnels et parvient à réaliser le film qui le consacrera Roger et Moi dans lequel il poursuit Roger Smith, président de General Motors responsable de la fermeture des usines automobiles (30 000 emplois supprimés dans uen agglomération de 150 000 habitants) et la mort programmée de sa ville natale. Roger et Moi est le plus gros succès commercial de tous les temps pour un documentaire. Il reçoit le prix du meilleur documentaire décerné par le New York Film Critics Circle.

Moore utilise les recettes du film pour lancer le "Center for Alternative Media", une fondation qui, depuis sa création, a distribué plus d'un demi-million de dollars de subventions à des réalisateurs indépendants et à des groupes d'action sociale. Galvanisé par son premier succès, Michael Moore lance : Pets or Meat- Return to Flint, une émission à de télévision à succès (TV nation) et Canadian Bacon, une fiction qui sera moins bien reçue, où le président américain déclare la guerre au Canada pour détourner l'opinion publique de la crise économique.

Sa carrière est relancée par Le documentaire The Big One sur la tiers-mondialisation de l'Amérique et les pratiques douteuses de certaine multinationales. Il connaît aussi le succès avec le best-seller désinvolte "Downsize This" (ou "Dégressez-moi ça !") sur les techniques de licenciement des grandes compagnies et les excès du patronat ainsi qu'avec une nouvelle émission de télévision (The Awful Truth). Nominée à deux Emmy Awards, cette série a été décrite par le Los Angeles Time comme "la satire politique la plus intelligente et la plus drôle de toute la télévision".

Pour ses attaques à répétition, Moore a été poursuivi en justice 23 fois (avec 23 victoires devant la cour à son actif) par des compagnies gênées par ses écrits ou ses reportages, notamment Nike qui a essayé de contrecarrer la diffusion de la deuxième saison de the Awful Truth. La même multinationale avait été forcée, suite à The Big One, à mettre "officiellement" fin au travail d'enfants pour la fabrication de ses produits en Indonésie. Le titre de son dernier livre est "Stupid White Men and other Sorry Excuses for the State of the Nation". Il a été en tête des best-sellers du New York Times pendant 4 semaines et numéro un des ventes au Canada et en Grande-Bretagne. Il en est à sa 19ème édition.

Filmographie :

1989 Roger et moi

Avec : Michael Moore, Roger Smith, Tom Kay, Herb Slaughter. 1h27.

La ville de Flint a connu, en 1937, une grève mémorable qui a donné naissance à un syndicat actif. Cinquante années plus tard, les usines ferment pour s'installer au Mexique, mettant à pied tout leur personnel.

   
1995 Canadian bacon

 

   
1999 The big One

Avec : Michael Moore. 1h26

c’est au reste du patronat américain que s’attaque The big one. En cherchant la réponse à une autre question fondamentale : à l’heure où les entreprises affichent des bénéfices record, pourquoi le travail devient-il de plus en plus précaire ?

En 1998, Michael Moore arpente les villes américaines pour promouvoir son best-seller, "Downsize this". A chaque étape, c’est le même tableau : des ouvriers licenciés, des usines fermées et des Pdg "indisponibles". Michael Moore décrète que, coûte que coûte, il trouvera un Pdg capable de lui expliquer la situation…

   
2002 Bowling for Columbine

Avec : Michael Moore, Charlton Heston, Marilyn Manson. 2h00

Michael Moore a décidé d’enquêter sur l’attirance que les Etats-Unis ont toujours eue pour les armes. Il commence son documentaire par une banque qui offre un pistolet à chaque nouveau client. Mais le sujet du film le ramène à sa propre enfance. A l’âge de quatorze ans, élevé dans le Michigan, une région où les gens sont très attachés à la chasse, il gagna un prix de tireur d’élite, et reçut ainsi une adhésion à vie à la Nationalité Rifle Association (NRA), lobby des armes américain dirigé par Charlton Heston. De l’intérieur des Etats-Unis jusqu’au Canada, Michael Moore interroge ceux que la possession libre des armes effraie et essaie de déterminer pourquoi les gens se sentent rassurés avec une arme.

 

 

2004 Fahrenheit 9/11

Avec : Michael Moore, Debbie Petriken. 1h50

Michael Moore se penche sur les évènements du 11 septembre 2001, et notamment la manière dont George W. Bush s'est servi de cette tragédie dans son propre intérêt. Moore part des élections présidentielles contestées, notamment dans l'Etat de Floride, et accumule ensuite les critiques à l'égard de Bush ..

 

 

2007 Sicko
Avec : Michael Moore. 2h00.

Le système de santé américain est en plein marasme. Car non seulement 47 millions de citoyens n'ont aucune couverture médicale, mais des millions d'autres, pourtant bénéficiaires d'une mutuelle, se heurtent systématiquement aux lourdeurs administratives du système....

 

 

2009 Capitalism : a love story

Avec : Michael Moore. 2h00.

L'impact désastreux de la mainmise de l'entreprise sur le quotidien des Américains. Quel prix l'Amérique paie-t'elle son amour du capitalisme ?

 

 

2016 Where to invade next

Avec : Michael Moore. 2h00.

Michael Moore décide de s'amuser à envahir le monde pour déterminer ce que les États-Unis peuvent apprendre des autres pays.