1917. L'Italie entre dans le conflit mondial aux côtés de la France. Dans la cohue des mobilisés, voici Giovanni et Oreste, deux soldats débrouillards et tire-au-flanc. Ils multiplient les astuces pour échapper au danger et connaissent quelques bonnes fortunes : avec la belle Constantina par exemple, fille de petite vertu mais de grande expérience, qui soulage les troufions... de leur portefeuille. Mais il faut aussi aller au feu, bon gré mal gré. A leurs côtés, marchent Bordin, un père de famille toujours prêt à foncer moyennant une bonne prime, Giocamazzi, un illettré qui se fait lire les lettres de sa femme, le brave aumônier Bonaglia... L'offensive ennemie se précise. Une escapade providentielle épargne à nos deux amis un bombardement meurtrier. Le régiment est décimé, Bordin est tué. La fête patriotique se délite devant le cortège de blessés.,
Près de Pavie, Giovanni et Oreste font partie d'un régiment qui doit défendre une position avancée jusqu'au petit matin afin de permettre à l'armée italienne de prendre à revers les Autrichiens dont les lignes sont fragiles. Un pont de bateaux doit être construit à Pederobba et Giovanni et Oreste sont désignés pour avertir de ce plan une ferme tenue par une escouade italienne. Au milieu de la nuit, celle-ci reçoit l'ordre de reculer mais Giovanni et Oreste qui ont préféré passer la nuit à dormir dans l'étable voisine plutôt que de rentrer au régiment n'en savent rien. Ils sont réveillés par les bombardements qui pleuvent sur le régiment qu'ils auraient du rejoindre. Ils ont à peine le temps de des réjouir de leur bonne fortune qu'ils comprennent que les Autrichiens ont investi la ferme où ils se trouvent. Ils enfilent un costume autrichien pour s'évader mais sont pris. Dans l'affolement Oreste laisse échapper le plan d'une contre-attaque sur un pont de bateaux. Le capitaine autrichien leur donne la vie sauve s'ils disent où est construit ce pont. Giovanni et Oreste vont accepter de trahir leur armée pour sauver leur vie, lorsque le capitaine se moque avec son lieutenant de leur veulerie. Dans un sursaut de fierté, Giovanni affirme qu'il ne dira rien et insulte les Autrichiens. Il est fusillé. Oreste essaie d'apitoyer les soldats mais est fusillé à son tour.
Au matin, les Autrichiens attaquent le poste avancé. Mais les renforts arrivés par le pont permettra à l'armée italienne de se regrouper et de livrer une contre-attaque efficace.
Un an après Le pigeon, Monicelli replace dans le contexte de la grande guerre, deux personnages de la comédie italienne à la fois fanfarons, pleutres, aussi combinards que ratés.
Il ne s'en faudrait toutefois de pas grand chose pour que ces hommes humiliés soit à la hauteur d'un destin qui n'est reservé qu'aux offciers et aux notables.
A l'héroïsme ronflant des officiels, Monicelli oppose celui inscrit dans ces deux anonymes qui se sacrifient dans un sursaut de conscience et auxquels personne ne rend hommage :"Je suis un lâche, tout le monde le sait" dira en vain Oreste pour se sauver. Son sous-officier déclarera pareillement : "Mes deux tire-au-cul se sont encore planqués quelque part" alors que l'armée contre-attaque sans voir les deux morts auxquels elle doit, sans le savoir, une partie de sa victoire.
Jean-Luc Lacuve le 08/04/2008.