La meilleure façon de marcher

C'est l'été 1960. Marc et Philippe sont moniteurs dans une colonie de vacances en Auvergne. Si Marc se veut viril et, comme on dit, sans problèmes particuliers, Philippe, quant à lui, entend être beaucoup plus cérébral, secret, taciturne.

C'est cette opposition de caractère qui est immédiatement dramatique. Car, un concours de circonstances aidant, Marc soupçonne Philippe d'être sinon "coupable" d'homosexualité, du moins "capable" de l'être. Ce qui ressemble fort à un procès permanent se déroule dans l'ambiance, franche et rigolarde, potache à souhait, d'une colonie menée de la main bon enfant mais peu experte d'un directeur un peu dépassé.

Cette faiblesse laisse tout loisir à Marc et Philippe de s'égratigner, de s'épier, de se craindre, de s'affronter. Les deux moniteurs s'inventent, évidemment sans le savoir, des histoires, aussi grotesques que cauchemardesques, que leur esprit, sans doute parce qu'il est encore jeune, supporte mal.

Ils se traquent donc l'un l'autre. Ils deviennent en quelque sorte leurs propres monstres. Marc et Philippe sont à un âge où il ne se passe rien. Et pourtant tout y est possible dans cette colonie de vacances agissant comme un lieu clos. Du déguisement en femme à la possession non divulguée de revues pornos, en passant par la cruauté du langage et la violence des coups.