Journal filmé en six bobines de Jonas Mekas entre 1964 et 1968.
Bobine 1 : New York au printemps, P. Adams Sitney, J'ai coupé mes cheveux, Dimanche chez les Stone, Tony Conrad et Beverly Grant, Bibbe Hansen, Mariage d'Adolfas Mekas, Ed Emshwiller, Frank Kuenstler, Gretchen Weinberg, Barbara Rubin, Cassis, Sitney quitte New Heaven, Brakhage traverse central park, Carl T. Dreyer, Millbrook, Timothy Leary, baba Ram dass, Fleurs pour Marie menken, Gregory Markopoulos filme galaxie, Lionel Rogosin et Louis Brigante, Mike Jacobson et Sitney.
Bobine 2 : Notes sur le cirque, réunion des Kreeping Kreplachs, Allen Ginsberg, Peter Olovsky, Barbara Rubin, Andy Wahrol, Gerard Malanga, Hare Krishna, Jerome Hill, Les Stone traversent Central park, Mariage de Sitney, Nouvel an 1966, Times square la nuit, Barber Shroeder, fête uptown, gerard Malanga, Nico, Edie Sedgwick, jack smith, mario montez, congrès des psychiatres, Velvet underground, Alaxandra et Jordan.
Bobine 3 : Noami Levine, Ken and Flo Jacobs, neige, Judith Malina, manifestation debout, Times square, central park, film culture, Amy taubin, peace march at night, police violence, Chinese new year, film-maker's cooperative, Amy Rice, Ken Jacobs, David Brooks, Gregory Markopoulos, Storm De Hirsch, Weinbergs, dreams of Jean Cocteau, Sitney in central park, randonnée d'Olmsted.
Bobine 4 : Noël 1968, Barbara Ronna, Alexandra, une visite aux Brakhage, Roscoe, Stan va en ville, Stan écoute lili Boulanger, dans les bois, Noewyn et Crystal, sur la terasse, jane nettoie le toit, jane et jonas montent l'âne, Stan et els enfants, jane avec el cheval, le petit déjeuner, le domaine des castors, je trouve des crottes de lapin!, la ferme des tabor, cinéastes de la côte du golfe, retrour à new york
Bobine 5 : Richard Foreman et Amy taubin, un jour à newport, Pola avecsa mère, uen viste à hans Richter, Adolfas et pola, Standish D. Lawder, herman G?. Weinberg, Central park, Tina et Hannelore, ray Johnson, Paul Krassner, le mariage d ePeter, les Cushing, automne, les enfants de mel, un voyage dans le New jersey, Gideon Bachman, Wilalrd van Dyke, Adolfas, hella hammid, Al dirige un film, l'equipe allemand.
Bobine 6: mariage de Wendy, 80 rue Wooster, retour de Buffalo à new York, Shirley Clarke, Jud Yalkut, Amy, ernie Geher, les Sitney, marie Menken et sa soeur, le village Voice, les Beck, temlpêtede neige, martha Menujin, réunion de l'Anthology, peter Kubelka, ken Kelman, Brakhage, broughton, Sitney, Michael Snow, richard Foreman, Joyce Wieland, Soho, Howard Scuklman, John Lennon et Yoko Ono, Bed-in in Montréal, Blake Sitney est née, la fille en rouge.
La volonté de Mekas de réaliser et de montrer ce qui sera connu comme un "journal filmé" et sa décision de faire, tout seul, un film encore plus long qu'un long métrage sont un défi non seulement aux codes d'Hollywood mais aussi aux traditions corporatistes du cinéma, aussi bien américain qu'européen. Walden est dédié à Lumière à l'innocence d'une première fois face au monde avec le cinématographe.
Dans Walden, Mekas met en relief des personnalités importantes de la scène artistique new-yorkaise des années 60. Mais, il s'agit avant tout de mettre en avant un regard sur un lieu en se réclamant de la tradition poétique de Henry David Thoreau (1817-1862). Le poète philosophe publia Walden en 1854. Le livre oscille entre l'essai et le récit autobiographique d'une expérience mené par l'écrivain qui, pendant deux années, a vécu retiré du monde dans une cabane qu'il a lui-même construite près de l'étang de Walden dans le Massachusetts.
"Je" emmuré dans Manhattan
Le livre de Thoreau fournit à Mekas le titre ainsi que la métaphore centrale de son film (le nom de Walden est juxtaposé trois fois avec les images du lac de Central park). La relation entre Mekas et Thoreau est plus profonde encore. Les deux auteurs attirent l'attention sur eux-mêmes en tant qu'auteurs. Les expériences personnelles de Thoreau à l'étang de Walden sont décrites dès le départ sur un ton personnel de défi :
Dans la plupart des livres, il est fait omission du "Je", ou première personne ; en celui-ci, le "Je" sera retenu ; c'est, au regard de l'égotisme, tout ce qui fait la différence "(Deuxième paragraphe du livre).
Mekas filme entièrement à la première
personne tout comme Thoreau écrit. Un choix qui pour Mekas était
au moins autant un défi envers les habitudes et les usages contemporains
que fut un défi le "Je" de Thoreau. Le second défi
est de s'en tenir au lieu précis. Il se peut, qu'à l'instar
de Thoreau, Mekas ait été "walled-in", emmuré
dans Manhattan :
Une vieille squaw du nom de Walden, de qui l'étang tient son nom ( ). J'observe que les collines environnantes sont étonnamment remplies de pierres qu'il a fallu empiler en murailles des deux côtés de la tranchée de chemin de fer la plus voisine de l'étang ; ( ) si le nom ne dérivait pas de celui de quelque localité anglaise, (Saffron Walden, par exemple, on pourrait supposer qu'à l'origine on l'appela l'étang Walled-In (Emmuré) (Henry David Thoreau, 1854, trad 1966, pp 181-82).
Mekas decouvre dans Manahttan un nouveau Walden, là où coïncide, l'art, la nature et les amis. "J'ai pensé à chez moi. La blonde Bibbe Hansen, jambe nue qui cueille des brins d'herbe dans la parc est l'image de la paysanne lituanienne". Mekas veut promouvoir l'art, la liberté, la nature, la joie. L'auteur chante et joue de l'acrodéon chez les Stone, Barbara et David au téléphone, Jordan et Alexandra : "Oh demeure Alexandra, demeure telle que tu es. Ne et soucis pas encore de l'avenir".
Jean-Luc Lacuve le 11/01/2011.
Notes
« Depuis 1950, je n'ai cessé de tenir mon journal filmé. Je me promenais avec ma Bolex en réagissant à la réalité immédiate : situations, amis, New York, saisons. Certains jours, je tournais dix plans, d'autres jours dix secondes, d'autres dix minutes, ou bien je ne tournais rien... Walden contient le matériel tourné de 1964 à 1968 monté dans l'ordre chronologique. La bande-son utilise les sons enregistrés à la même époque : voix, métro, bruits de rues, un peu de Chopin (je suis un romantique) et d'autres sons, significatifs ou non. « Ce film étant ce qu'il est, c'est-à-dire une série de notes personnelles concernant des événements, des gens (des amis) et la Nature (les saisons) - l'Auteur n'en voudra pas au spectateur (il l'encourage presque) si celui-ci choisit de ne regarder que certaines parties du travail (film), selon le temps dont il dispose, selon ses préférences ou selon toutes autres bonnes raisons. Afin d'aider le spectateur en ce sens, particulièrement en cas de multiples « visionnages » (pardonnez à l'Auteur cette présomption), une table des matières est disponible, listant chaque scène et sa durée respective, bobine par bobine. Une note au début précise qu'il s'agit du premier brouillon des journaux. On peut alors se demander pourquoi l'Auteur tient-il à montrer cette copie non finie ou à moitié finie ? L'Auteur répond que, malgré l'état brut de certains sons et de certaines images, il y a - selon lui - suffisamment de matière pour intéresser certains amis et étrangers. Pour pouvoir passer à une seconde étape de perfectionnement, l'Auteur sentait qu'il lui fallait regarder de nombreuses fois la bande telle quelle afin de prendre du recul, d'où cette première version. Il y a une autre raison. Il y a quelques mois, l'Auteur vit soudainement sa chambre se remplir de fumée - il ne pouvait même plus voir les bobines de film - et c'est seulement par un hasard miraculeux que le feu cessa à côté, alors qu'il aurait sans cela, consumé cinq années de travail. C'est pour cette raison que l'Auteur se promit de faire tirer le plus vite possible une copie de son premier brouillon. Voici où il en est et il espère que certains d'entre vous apprécieront ce qu'ils verront. » - (Jonas Mekas, décembre 1969)