Révoltée par la vente du cheval d'obstacle qu'on lui avait promis, Gracieuse, cavalière surdouée, claque la porte de l'élevage qui l'employait. Elle redémarre à zéro en acceptant de rentrer comme palefrenière dans le haras de dressage qui jouxte la ferme de son père. La propriétaire, Joséphine de Silène, y exploite d'une main de fer la renommé internationale d'un entraîneur allemand, Franz Mann, ancien champion cynique et usé dont les riches cavalières du monde entier se disputent le savoir - mais aussi le regard ! Ce microcosme de pouvoir et d'argent n'attend pas Gracieuse qui n'a pour seules richesses que son talent, son caractère bien trempé et surtout sa rage d'y arriver. Branchée sur 100 000 volts, prête à affronter Franz Mann lui-même et tous les obstacles - jusqu'à se mettre hors-la-loi, elle poursuit son unique obsession : avoir un cheval pour elle, qu'elle emmènerait au sommet...
Le sujet central est la rencontre de deux déclassés qui n'ont pour eux "que" leur compétence face à la haute bourgeoisie qui baigne comme un poisson dans l'eau, c'est à dire aussi sans assez d'exigence, dans le monde équestre dominé par l'argent. Cette rencontre est laborieuse, un peu téléphonée et marche davantage grâce au charisme des acteurs que par la psychologie sommaire des personnages qui assument d'ailleurs parfaitement leur absence de sentiment autour de leur passion pour les chevaux.
Sport de filles, sport de bourges...
L'intérêt majeur du film réside donc dans toutes les scènes sportives, toutes les scènes avec les chevaux et se suit d'abord comme un film d'aventures, un film de suspens. On relèvera ainsi la scène de dressage à francfort ou la démonstration de Gracieuse à Franz Mann laisse hors champ le concours hippique hyper Bourgois et hyper codé. En lieu et place, nous avons un grand pan horizontal marron sciure de bois et des murs de béton ornés seulement d'une grande glace. Gracieuse y déroule son programme appris par cur dans périlleux trajet vers francfort et recopié de la bande vidéo vue, dans une bulle de solitude, dans le café de son adolescence. Notable aussi toutes les scènes dans la nature où chaque pas du cheval est une menace de blessure et un pas de plus vers la maitrise désirée.
Il en saurait s'agir là de sport de filles pas plus que de sport de bourges, seulement d'une passion qui exclut l'amour des gens et se prête même aux magouilles des Russes pour se pratiquer. Sans doute pas plus reluisant mais au moins, dans ces cas d'espèce, loin des clichés.
Jean-Luc Lacuve le 31/01/2012.