Ankara, capitale de la Turquie neutre, 1943. Diello, valet de chambre de l'ambassadeur d'Angleterre, propose aux nazis de leur vendre des microfilms de documents secrets alliés. L'attaché d'ambassade d'Allemagne, Moyzisch, établit le contact avec l'espion Diello auquel il est donné le nom de code de " Cicéron". Diello fut jadis valet de chambre chez la comtesse polonaise Anna Slaviska, émigrée elle aussi à Ankara. Diello revoit la comtesse et lui demande de garder son argent; il pense ainsi amasser une petite fortune en peu de temps et fuir ensuite en Amérique du Sud avec Anna.
Mais les Anglais s'aperçoivent de certaines fuites et font appel à un enquêteur venu de Londres, Travers. Diello redouble de prudence, mais il apprend que la comtesse s'est enfuie en Suisse avec le produit de ses trahisons... Le filet se resserre. " Cicéron " propose aux Allemands, pour 100 000 livres sterling, les documents ultra-secrets de l'opération " Overlord ", le plan de débarquement des Alliés... Mais un nouveau dispositif d'alarme le surprend alors qu'il vient de photographier les documents. Démasqué, il s'enfuit en possession des microfilms, traqué à la fois par les agents anglais et les agents nazis.
Il parviendra à quitter la Turquie avec les 100 000 livres convoitées; tandis que les services du contre-espionnage allemands, croyant à une tentative d'intoxication des Anglais, détruisent les documents vendus par " Cicéron". Réfugié au Brésil, devenu propriétaire d'une luxueuse villa, Diello apprend que les billets en sa possession sont tous faux. On a trouvé également de fausses livres sterling en Suisse, au domicile d'une comtesse polonaise en exil...
Comédie élégante et mondaine agrémentée d'une pointe d'escroquerie mais aussi film d'espionnage et de suspens, le film oscille entre Lubitsch et Hitchcock.
Moyzisch, celui qui raconte l'histoire dans le livre présenté au début, est la pire illustration de la servilité, thème omniprésent chez Mankiewicz. Van Papen en est la moins mauvaise. Ancien chancelier qui a permis l'accession au pouvoir de Hitler en 1932, il sait qu'il a perdu toute influence politique et n'a plus que l'apparat des postes honorifiques pour masquer son amertume et sa déception. Dès la scène d'ouverture on voit, dans sa relation avec l'ambassadeur japonais à Ankara, que le faux-semblant ne l'amuse plus.Il se sert une coupe de champagne et aperçoit la comtesse. La bande sonore passe alors de Wagner à Chopin à la Pologne, à la France, l'élégance et un certain air de romantisme. Mais chacun connaît les armes et les faiblesses de l'autre. S'établit un rapport fondé sur l'estime autant que sur le mépris. La comtesse règle ses comptes avec les nazis pensant intuitivement que von Papen partage son avis ce que l'on constatera plus tard. La comtesse a besoin d'argent, c'est elle le cur et le moteur de la fiction, ses mines enjôleuses d'enfant gâté et d'aventurière indiquent qu'elle est menée par le calcul instinctif et quasi-inconscient. Von Papen qui avait dû reculer devant l'agression face aux nazis est désarmé par la contre-attaque de la comtesse qui se rend à lui. On quitte la sphère officielle pour entrer dans celle du privé. Elle propose ses services comme espionne. Elle commet là une erreur. Elle se vend : Von papen la quitte avec dédain.
Dans un pays neutre, le protocole divise les soirées en deux parties égales où les belligérants ne doivent pas se rencontrer. Les forces de l'axe quittent la réception, l'Angleterre peut rentrer.
Après la scène d'ouverture, changement de ton, musique de suspens, celle de Bernard Hermann qui deviendra deux ans plus tard le musicien attitré d'Hitchcock. Diello domestique téméraire et intelligent est face à Moyzisch, servile et balourd. Cette première rencontre met néanmoins à égalité les deux hommes sur le plan du désir amoureux.
Difficulté d'être soi-même d'où l'importance accordée à la vie sociale comme refuge.
Les personnages fuient devant la vie pour s'abriter derrière leur image. Par Deillo puis Moyzisch, Von Papen découvre les Accords secrets des Turcs et des anglais. Mais la gestapo confisque les documents et court-ciruite son retour au premier plan. Il n'est qu'un domestique supérieur. L'ambassadeur anglais fier de sa superbe ne voit rien tandis que le chef de la gestapo, tellement habitué à manipuler finit par ne plus croire à rien.
Recours à un agent du contre-espionange pour demasquer le traître. Homme moderne inddiffrent aux problèmes de rang ou de caste. Pour parvenir à la quintessence de l'image désirée, celle du genteman, il doit donner celle du parfait serviteur.
Histoire d'amour acide et ironique où se révèle la vanité risible de toute entreprise humaine à la poursuite illusoire de l'image