La vérité nous parle. Les humains ont du quitter la terre devenue glauque, pourrie, malade. Ils ont colonisé After blue, planète où ils n'ont trouvé aucun prédateur et qui leur permet de vivre en paix dans de petites communautés refusant les erreurs du passé; les écrans et la chimie. La justice consiste à éradique le mal dès qu’il apparait. Seules les "porteurs d'ovaires «peuvent survivre. Les hommes meurent étouffés par des poils qui poussent à l'intérieur de leur corps. Les poils proliférant n'affectent les femmes que sur le cou. Les hommes restés sur la terre malade font parvenir du sperme sur After blue pour poursuivre la colonisation. C'est ainsi qu'est née Roxy.
La vérité interroge Roxy qui promet de tout dire de ses aventures et de ses sentiments. Roxy est surnommée Toxique par ses amies Chiara, Luz et Ivresse, qui ne l'aiment pas beaucoup. Un jour Roxy découvre une tête sur la plage. Ses amies la dédaignent et s'en vont se baigner. La tête demande alors à Roxy de la dégager de sa prison de sable. En échange elle aura droit à trois vœux. Roxy la dégage du sable et la voit vêtue de ses seules bottes. Elle a un troisième œil sur le sexe, et un bras velu aussi qui la caresse et la griffe légèrement. La prisonnière délivrée prend l'arme abandonnée par les baigneuses et les tuent une à une. Ella ainsi exaucé le premier vœu de Roxy qui demandait qu’on la « laisse tranquille ».
Tenues pour responsables de ces morts, Roxy et sa mère, Zora, est bannie de leur communauté et condamnées à traquer la meurtrière jusqu'à la montagne vénéneuse. Celle-ci est Katarzyna Buszowska qui a mutilé son nom en Kate Bush et avait été faite prisonnière par sa communauté polonaise. Zora, coiffeuse de son métier, voudrait bien continuer à raser les poils du cou des femmes et s'effraie de la vengeance qu'on veut lui faire assumer. Roxy n'est pas mecontente de partir à l'aventure.
Zora et Roxy font halte chez la mère et la fille de Kate qui aimeraient bien coucher avec les voyageuses mais se contentent de leur extorquer un peu d'argent. Zora et Roxy poursuivent leur marche jusqu’à la tanière de Kate Bush, vide. Elles rencontrent sa voisine Sternberg, une artiste sculptrice expressionniste. Elle a adopté un homme androïde, Olgar 2, fabriqué de toutes pièces et tentacules, réplique de son amour perdu sur terre. Olgar 2 est aveugle, ce qui lui évite de voir les corps féminins vieillir. Roxy et lui entament une relation amoureuse pendant que Sternberg et Zora se baignait dans le liquide gluant contenu dans un arbre vivant. , il lui offre un tableau ce qui su cuite la jalousie de Sternberg. Pour les faire partir au plus vite elle appelle Climax et Shiffer, des chasseuses aux yeux roses et noirs qui ramènent le corps de Kate Bush, ensanglanté et méconnaissable. Roxy aurait pu la tuer ce que lui reprochent Chiara, Luz et Ivresse condamnées à errer dans les limbes tant qu'elles ne sont pas vengées.
Zora et Roxy ramènent le corps de Kate Bush mais celle-ci leur apparaît pourtant, demandant à ce que Zora lui rase le cou. Une fois revenues, elles découvrent leur communauté assassinée. Roxy reste avec son désir de Kate dont le visage disparait tant qu'elle ne l'embrasse pas.
Film qui relève à la fois de l’heroic fantasy, du western et du road-movie. L'intrigue est assez simple : une demande de vengeance de la part de la communauté ainsi que de trois jeunes filles qui errent dans les limbes. C’est l’occasion de diverses rencontres où se révèlent les désirs de chacune. Pourtant la vengeance est toujours refusée par Zora et Roxy qui se découvrent en voyageant dans des paysages fantastiques et lyriques, secoués par le vent, les couleurs, les voix entremêlés et les sons. Femmes et chevaux marchent sur des terrains qui se dérobent et retardent toujours l'impératif de vengeance pour mieux glorifier la pop-culture : références au disco, à Kate Bush, Von Sternberg, chasseuses aux yeux brillants, les pistolets sont fabriqués par des marques de luxe, des "Gucci", "Paul Smith", "Chanel" ; générique final, pur festival de couleurs.
After blue (après la planète bleue) est un monde irréel et poétique, magenta et doré ou bleu et vert. Tous les trucages visuels, filtres et projecteurs colorés, kaléidoscopes sont réalisés au tournage. La rétroprojection directe est préférée au fond vert. Cette croyance dans l’acteur mis en situation dans l'image donne sa puissance émotionnelle au film. L'étrangeté supplémentaire est à mettre au crédit du son. Peu de son direct en effet mais plutôt des modulations de voix enregistrées en studio, mixées avec le souffle des actrices, des bruitages, du vent.
Jean-Luc Lacuve, le 28 février 2022