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Viva Maria !

1965

Avec : Brigitte Bardot (Maria Fitzgerald O’Malley), Jeanne Moreau (Maria), George Hamilton (Florès), Claudio Brook (Rodolfo), Gregor von Rezzori (Diogène), Paulette Dubost (Mme Diogène), Carlos López Moctezuma (Don Rodriguez), Francisco Reiguera (Le père supérieur). 2h00.

Depuis qu’elle est gamine, Maria Fitzgerald O’Malley prête main-forte à son père, un activiste irlandais en guerre contre l’Empire britannique. Habile à déposer des paniers de pommes piégés et à dynamiter les ponts tenus par les représentants de Sa Majesté, elle l’accompagne dans sa cavale de Dublin à Londres et Gibraltar. Traqué par les Anglais, le tandem débarque en 1907 en Amérique centrale, la République (imaginaire) de San Miguel, où son père trouve la mort. Désormais seule, Maria Fitzgerald se cache dans la roulotte d'un cirque itinérant. Adoptée par sa locataire, artiste de music-hall également prénommée Maria, elle partage avec elle sur scène un numéro chanté qui ravit la gent masculine. A l'occasion de leur premier duo sur scène, les deux jeunes femmes tirent parti d'un accident vestimentaire pour inventer le strip-tease.

Maria ayant soufflé à l'innocente Maria Fitzgerald que l'amour est merveilleux, celle-ci en fait bientôt l'expérience en multipliant les aventures sexuelles. Elle ne peut s'empêcher de tirer sur un chef de bande qui enchaîne des paysans et la troupe se voit alors conduite chez Don Rodriguez, un riche propriétaire qui exploite les paysans comme des esclaves. Se joint à eux Flores, enchaîné, qui a tenté de soulever les paysans contre l'exploiteur. Maria reconnaît en Flores l'homme qui l'avait discrètement abordé une nuit et en tombe immédiatement amoureuse. La troupe est enfermée dans une prison avec Flores. Maria se donne à lui.

Le matin, les deux Maria sont convoquées par Don Rodriguez qui compte bien profiter des deux femmes avant de les exécuter. Au passage, il fait étalage de sa cruauté en tirant à  la mitrailleuse sur un paysan pas assez véloce pour lui fournir l'électricité nécessaire à l'éclairage de son lustre. Mais c'est lui qui  se trouve piégé par les ensorceleuses Maria. Maria Fitzgerald utilise la mitrailleuse pour décimer son armée pendant que fuit la troupe, les paysans capturés et Flores. Mais celui-ci est mortellement blessé d'une balle dans le dos et supplie d'être conduit dans son village.

La troupe débarque dans un village désert avant que ses habitants ne surgissent de retour d'une procession religieuse conduite le curé et le maire. Celui-ci s'en prend aux paysans qui ont suivi Flores, les accusant d'être des révoltés meurtriers, condamnés à l'échec. Maria, qui a conduit Flores dans sa chambre, recueille ses dernières volontés. Il lui confie la tâche de mener la révolution jusqu'à son terme. Maria sort de la chambre et fait déposer le corps du révolutionnaire sur la fontaine et soulève les paysans par son éloquence. Maria Fitzgerald qui était aussi amoureuse de Flores en veut à son amie de pousser aussi loin l'amour et l'avertit qu'elle n'y connait rien dans l'art de la guerre. Effectivement, Maria s’avance en terrain découvert avec sa troupe de paysans qui se font faucher par le canon de l'armé et prendre à revers par la mitrailleuse de Don Rodriguez. Oubliant la dispute qui s'était élevée entre elles,Maria Fitzgerald tire glorieusement son amie de ce mauvais pas en lançant une bombe sur le canon puis en détruisant avec celui-ci la mitrailleuse de Don Rodriguez.

Don Rodriguez trouve refuge chez le père supérieur complice du dictateur de San Miguel qui mobilise alors toute son armée contre les deux Maria. Celles-ci sont devenues célèbres et suscitent la curiosité des journalistes américains auxquels elles prennent grand soin de déclarer qu'elles admirent leur pays libéral et ne veulent que mettre fin à la dictature. Les Maria parviennent à s'emparer d'un train militaire après avoir fait fuir ses occupants avec une ruche d'abeilles. Elles font l'objet de vénération dans les villes du pays qui leur ouvre leurs portes sans combat.

Le père supérieur fomente alors un piège pour les capturer par la ruse. Avec deux complices, il s'empare d'elles et les conduit chez le dictateur pour y être torturées. Pablo décide alors d'attaquer la capitale comme les deux Maria en avaient donné l'ordre. La résistance est cette fois très forte et les mitrailleuses tuent de nombreux révolutionnaires. Heureusement la troupe de Rodolfo, usant de ses acrobates et de son magicien à la colombe porteuse de bombes, parvient à forcer les défenses ennemies. Alors que les deux Maria allaient être exécutées, elles sont sauvées juste à temps et c'est Don Rodriguez qui est abattu. Le dicteur est transpercé d'une queue de billard par le colosse de la troupe et le père supérieur est victime d'une bombe alors qu'il tentait de négocier une mielleuse reddition.

Leur tâche terminée, les deux Maria quittent l'Amérique centrale, auréolées de gloire en tant que "Parisiennes" et la connaîtront à nouveau à Paris, en tant que "Sud Américaines".

Au milieu des années 1960, auréolé des succès critiques rencontrés par ses premiers films, d’Ascenseur pour l’échafaud (1958) à Zazie dans le métro (1960), Louis Malle, s'éloigant du sombre Feu Follet (1963), s'en va tourner au Mexique une comédie d’action.

Duo de choc et de charme, Jeanne Moreau et Brigitte Bardot, deux des plus célèbres actrices hexagonales de l’époque, y sont entraînées au début du XXe siècle dans une aventure aux côtés d’une armée de va-nu-pieds qui prennent les armes contre les tyrans d’un pays fictif d’Amérique centrale. Le film est précurseur du western Zapata qui débute en Italie dans la descendance du western spaghetti.

Jean-Claude Carrière, coscénariste du film, multiplie dans cette folle équipée les clins d’œil anticléricaux buñueliens. Francisco Reiguera, le père supérieur, venait ainsi de jouer dans Simon du désert (1965). Les deux stars interprètent de concert, jambes en l’air et effeuillages de frou-frou compris, plusieurs chansons, dont notamment “Ah! les p'tites femmes de Paris”, mise en musique par Georges Delerue sur des paroles du tandem Malle/Carrière, et entrée depuis dans le répertoire populaire. 

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