Deux amis qui se rendent à une partie de chasse prennent en stop un dangereux psychopathe. Cet homme, un tueur en série, fait d'eux ses otages et les oblige à franchir la frontière du Mexique pour échapper aux forces de l'ordre...
Le voyage de la peur est le seul film noir réalisé par une femme. Dans ce road movie macabre, Ida Lupino dresse le portrait de deux types d'homme. Dans le premier portrait, elle décrit Roy et Gilbert, deux hommes victimes d'une instance plus forte qu'eux. Tout au long du film ils ne vont pas tenter de s'échapper ou d'essayer d'élaborer un plan pour contrer le tueur en série. Ce n'est que vers la fin du film, c'est-à-dire le moment où les deux héros sentent leur fin approchée qu'ils commencent à se rebeller avec l'instinct de survie propre à chaque être humain.
Avant que le tueur ne soit pris en stop par Roy et Gilbert, ces derniers ont une discussion à propos de la guerre. Roy dit à Gilbert que c'est la seconde fois qu'il quitte sa femme : la première fois c'était pour partir à la guerre. Les deux héros auquel est confronté le spectateur ne sont pas seulement des personnages ordinaires, se sont des personnages ayant vécu la seconde guerre mondiale et qui en sont ressortis quasiment indemnes hormis les séquelles du souvenirs.
En 1953, la seconde guerre mondiale est terminée depuis huit ans déjà. Cependant ce sont bien les jeunes " vétérans " de cette guerre qui vont également voir les films. Pour qu'une identification puisse avoir lieu il faut que les personnages du film aient un semblant de ressemblance avec le spectateur .
Le second portrait que peint la réalisatrice est celui de Myers. Elle
le décrit comme un personnage ayant eu une enfance difficile atant
eut du mal à s'insérer dans la société. Ce personnage
a deux traits intéressants. Alors que Roy et Gilbert ne sont pas marqués
de la guerre, le personnage de Myers lui, à une sequelle bien voyante
: sa paupière droite ne se ferme jamais. La douleur, le mépris
de sa famille sont inscrits de manière indélébile sur
le personnage.
De plus et contrairement à la présentation des deux héros,
Ida Lupino présente le personnage de Myers comme quelqu'un de mystérieux,
de fantastique puisque nous le voyons que dans le noir tel une ombre errant
seul dans le monde de la nuit. Les cadrages utilisés accentuent ce
côté puisqu'au début du film il n'est filmé qu'en
dessous de la ceinture voire seulement les pieds. Lorsqu'il est pris en stop
par Roy et Gilbert la première chose que nous voyons de lui ce n'est
que son revolver en gros plan. Dans le plan d'après nous avons juste
son visage qui est éclairé comme si le personnage avait subit
une mutilation d'un point de vue corporel et que ce côté fantomatique
prendrait tout son sens lors de cette séquence.
Myers ne quitte jamais son arme durant le film mis à part à la fin. Son arme est sa raison d'exister. Sans son arme il n'est rien, il n'existe plus. Car la seule chose que possède Myers c'est la liberté. Cette dernière il peut se permettre de la garder grâce à son revolver. Grâce à ce dernier, il maîtrise le monde qui l'entoure ainsi que les personnages. Il apparaît donc comme une sorte de metteur en scène dirigeant les personnages selon ses envies. Le fait que le personnages est une déficience à la paupière droite et que cette dernière ne se ferme jamais, ce qui veut dire qu'il a toujours l'il ouvert traduit bien le fait que Myers aura toujours un il ouvert sur les personnages qu'il dirige et qu'ils ne pourront faire ce qu'il veut. A la fin, quand Roy se bat avec lui et qu'il jette son arme à l'eau, Myers se fait immédiatement arrêté. Son revolver confisqué, il n'existe plus et sa liberté lui ait ôté.
Anthony Boscher le 09/11/2007.
Editeur : Bach Films, octobre 2007. Version
Originale Anglais sous-titrée Français. Son : Mono. 1h11. Supplément : A propos du film par Stéphane Bourgoin
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