- 195. Liu Bang, 61 ans, est depuis dix-neuf ans, le premier empereur de la dynastie Han. Apres avoir mis fin à la dynastie des Qin alors qu'il était sous les ordres du général Xiang Yu, il est devenu l'un des rares empereurs de Chine à ne pas être de famille noble. Il est hanté par des cauchemars, seul au milieu de la pleine déserte harcelé par une armée invisible. Il est hanté par ses combats passés avec Xiang Yu puis avec celui qui fut son général et ami, Han Xin. Ces deux hommes qu'il aima et admira furent ses deux grands ennemis. Alors qu'il sombre dans une demi folie, sa femme, l'impératrice Lu Zhi, lui apporte la tête de de Han Xin.
Liu Bang se souvient : originaire du comté de Pei, province du Jiangsu, il n'avait étant jeune qu'un seul but : intégrer l'armée du général Xiang Yu, noble, beau, aimé de la plus jolie femme et à la tête de la révolte contre l'empire des Qin. Plus tard, il lui demanda une armée pour venir à bout d'une révolte de mercenaires dans son comté qui avaient fait prisonnier sa femme, Lu Zhi. Xiang Yu avait hésité car ses conseillés prévoyaient que Liu Bang pourrait un jour se révolter contre lui. Il avait pourtant accepté et Liu Bang avait délivré sa femme. Celle-ci lui avait même pardonné ses infidélités et avait recueilli l'un des enfants qu'il avait eu avec une autre femme.
Liu Bang était retourné au combat et arriva le premier devant la capitale du pays des Qin et sa capitale Xianyang. En -207, Ziying, dernier des Qin, se rend probablement pour lui laisser le message de garder la Chine unifiée. Contrairement à la promesse faite à son général, Liu Bang entra dans la capitale et déroba toutes les écritures des Quin. Zhang Liang l'avertit alors que l'armée de Xiang Yu arrivait et qu'il allait être exécuté. Liu Bang gagne la confiance du ministre Xiang Bo pour obtenir un délai, mais il doit se rendre en personne auprès de Xiang Yu où un complot a été organisé pour se débarrasser de lui lors d'un banquet. Lors du festin de Hongmen, Xiang Yu ne peut toutefois se résoudre à tuer son officier félon. Liu bang se demanda souvent de quels alliés il bénéficia alors.
Après la disparition des Qin, Xiang Yu divise le territoire en 19 principautés. Il se débarrasse du prince et Liu Bang est nommé prince de Han (Sichuan, Chongqing, au sud du Shaanxi), avec pour capitale Hanzhong. Xiang Yu garde cependant Lu Zhi en otage pour prévenir toute rébellion de Liu Bang.
Liu Bang ne tarde toutefois pas à déclarer la guerre à Xiang Yu et revient à Xianyang. En -202 Yu Ji, la compagne de Xiang Yu se suicide quand celui-ci part au combat qu'il sait perdu d'avance. Il se tranche la gorge lorsqu'il se trouve seul devant les soldats de Liu Bang. Celui-ci retrouve aussi sa femme, mais après cinq ans de captivité, il ne sait plus comment se tenir devant elle surtout qu'il a eu des enfants avec une concubine.
Au fil des ans Liu Bang se méfie de ses anciens compagnons, Xiao He,
Zhang Liang et Han Xin. Il enferme celui-ci six ans puis l'ayant libéré,
laisse l'impératrice Lu Zhi décider de sa mort.
Remarquable film politique, vu depuis la vieillesse tourmentée du personnage le moins reluisant de cette histoire. L'empereur Liu Bang a en effet trahi le plus démocrate et généreux des hommes d'état pour arriver au pouvoir et a rétabli un pouvoir dictatorial que, dans l'idéal de sa jeunesse, il avait combattu. Il a aussi oublié l'amitié de Han Xin, ancien hallebardier de Xiang Yu qui l'a suivi en souvenir d'une première rencontre et lui est resté fidèle en dépit de six ans d'atroce captivité. Liu bang enfin a perdu l'amour de sa femme qui est devenue une impératrice aigrie et aussi tourmentée que lui, sorte de lady Macbeth, finalement triomphante puisqu'elle assurera la domination de la dynastie Han.
Cette violente charge contre les pouvoirs autoritaires et vieillissants s'accompagne d'un grand lyrisme en ce qui concerne les valeurs chevaleresques (la mort de Xiang Yu et celle de sa concubine qui l'a précédée) et amicales (la résignation de Han Xin qui se souvient des jours heureux de son amitié pour le futur empereur).
L'atroce maladie qu'est la soif de pouvoir est rendue par le seul effet numérique du film : une sorte de jugement dernier dans le ciel d'orage de Xianyang, la capitale des Quin. Pour le reste, le film privilégie les ballets et les chorégraphies simples et symboliques aux combats de masse qui font toujours l'objet d'ellipses.
Jean-Luc lacuve le 11/03/2013