Antoine passe son concours de fin d'année après la PACES (Première année commune aux études de santé) au centre d'examen de Villepinte. Benjamin se laisse convaincre par la conseillère d'orientation de faire médecine après le baccalauréat.
Lors de la séance d'attribution des places au rang de classement après le concours, Antoine, 330e, se fait souffler la dernière place en médecine. Il refuse une place en pharmacie ou dentaire et prend le risque de se désister alors qu'il est déjà redoublant. Il n'est pas certain d'obtenir une dérogation pour tripler.
Jour de rentrée de la nouvelle année universitaire pour les premières années (P1) en fac de médecine à Paris VII Diderot. Alors que les redoublants entament leur chahut, Antoine, cherche une place parmi les premières années mais se fait rabrouer par deux étudiants qui gardaient deux places pour leurs copines. Benjamin ne se laisse pas intimider et dégage les deux places pour lui et Antoine. Les deux garçons décident de travailler ensemble.
Au premier examen blanc, Antoine est premier. Mais, lors du partiel de janvier, sa place de 280e lui reste dans la gorge quand Benjamin annonce la sienne : 132e. Amer, pensant que son ami s'est servi de lui, Antoine verse dans la dépression qui le conduit à l'hôpital. Lorsqu'il se remet de son passage à vide, Benjamin refuse de l'aider tant Antoine s'était montré odieux. Il change toutefois d'avis et les deux amis reprennent leur intense bachotage.
Lors du concours final, Benjamin s'en sort avec une place lui assurant une entrée en médecine alors qu'Antoine n'a pas fait mieux que les années précédentes.
Lors de l'attribution des places en médecine, Antoine est stressé alors que Benjamin est étrangement absent. Benjamin regarde la séance, caché en haut de l'amphithéâtre. A l'appel de son nom, il reste assis, libérant ainsi une place. C'est celle qui permet à Antoine, in extremis, d'entrer en médecine. En sortant, Antoine jette un regard en l'air et aperçoit son ami qui était venu voir s'il allait réussir à atteindre son rêve.
Troisième film de Thomas Litil, lui même médecin quand il n'est pas cinéaste, consacré à la médecine après Hippocrate (2014) et Médecin de campagne (2016). On y retrouve le même aspect documentaire agrémenté d'une fiction romanesque, ici celle d'une amitié entre deux étudiants de statuts sociaux différents.
Un film vraisemblable
L'aspect documentaire est très vraisemblable : les étudiants qui se battent pour trouver une place dans les amphis. Le type d'examen : "C'est un concours débile, il faut chercher à apprendre, pas à comprendre." Apprendre par cœur plus que comprendre, c'est ce qu'a intégré Benjamin qui possède les codes de la réussite alors qu'Antoine en reste naïvement à l'accumulation d'un trop plein de connaissances. L'ambiance de l'amphithéâtre, où la vulgarité semble être une soupape de sécurité au travail intensif et effréné, ne prend fin qu'au moment où les P1 posent leurs stylos et attendent qu'on ramasse les copies dans le centre d'examen. Ils peuvent enfin entamer leur joyeux chahut.
Deux amis aux milieux sociaux et de motivations opposés
La différence de milieux sociaux est soulignée par le fait qu'Antoine, habitant en banlieue, doit prendre le bus pour rentrer chez lui alors que les parents de Benjamin lui ont payé une chambre à deux pas de la faculté.
On évitera de penser que Benjamin se sacrifie pour son ami, tant les classements à quelques places près tiennent à quelques questions de QCM. Benjamin a probablement fait un autre choix d'études. Il apprécie sans doute l'ironie que son désistement permette justement à Antoine de réussir. Benjamin a sans doute compris qu'il n'était pas vraiment fait pour être médecin comme le révèle la visite des sous-sols avec les étudiants de 3e année. Benjamin semble dégouté par ce qu'il voit, tout comme il s'était montré incapable de maintenir les conditions sanitaires d'une opération de chirurgie avec son père.
Aussi brillant soit-on, tout le monde n'est pas destiné à être médecin. C'est probablement aussi ce message, en dehors de la réussite à tout prix, que souligne Liltli dans son final un peu étrange.
Jean-Luc Lacuve, le 19 septembre 2018