Les grandes espérances

1946

(Great Expectations). Avec : John Mills (Pip jeune homme), Anthony Wager (Pip garçon), Valerie Hobson (Estella / Molly), Jean Simmons (Estella jeune), Bernard Miles (Joe Gargery, Blacksmith), Francis L. Sullivan (M. Jaggers), Finlay Currie (Magwitch). 1h53.

Promis à un modeste destin de forgeron, le jeune Pip encore enfant est venu en aide à un forçat évadé, Magwitch, avant que ce dernier ne soit repris par la police.

Adolescent, Pip est amoureux de la jolie Estella qui vit à Satis-House, la sinistre maison d'une vieille femme un peu folle, miss Havisham. Grâce aux dons d'un mystérieux protecteur, Pip accède soudain à la richesse et part mener une vie luxueuse à Londres.

Devenu l'un des personnages les plus en vue de la haute société, il apprendra que son bienfaiteur n'est autre que Magwitch, ce forçat dont il eut pitié, un jour lointain, dans un cimetière marin.

Avec l'aide de son ami Pocket, il tente de le faire évader, mais il échoue et Magwitch meurt en prison. Jaggers, l'homme de loi qui fut l'exécuteur testamentaire de son protecteur lui dévoile alors qu'Estella, que Pip n'a jamais cessé d'aimer, est la propre fille du bagnard... Pip retourne à Satis-House où la jeune fille, gagnée peu à peu par la folie, est restée seule après la mort de miss Avisham. Pip parviendra à l'arracher au décor délabré de la vieille demeure et à la persuader de venir vivre avec lui à Londres.

Lean charpente le roman de Dickens avec huit grandes séquences : l'épisode du forçat (0h15), l'enfance à Satis-House (0h40), le départ pour Londres et l'amitié avec Pocket (1h00), le retour de la froide Estella (1h10), le retour de Magwitch et la compréhension du jeu de miss Havisham (1h20) la fuite ratée (1h40) la révélation des filiations (1h45) le retour à la maison et le sauvetage d'Estella (1h53). Les trois premières, qui constituent la moitié du film, sont marquées par l'émerveillement, les trois suivantes par la désillusion et les deux dernières permettent d'abandonner le théâtre des illusions pour revenir à la vraie vie.

Les décors très soignés ont en effet cette fonction d'intensifier le charme et l'inquiétude. Ils ne sont ni fantastiques ni expressionnistes ce qui serait excessif dans cette vie où Pip prend conscience du droit chemin par la seule introspection. Les décors portent une dimension théâtrale que Lean, comme Dickens, dénonce comme contraire à la vie.

Jean-Luc Lacuve, le 28/08/2011