Au XIIe siècle, les guerres de clans font rage au Japon. Le prince Yoshitsune est pourchassé par son frère aîné, jaloux de sa récente victoire sur le clan Heike. Yoshitsune prend alors la fuite, aidé par six fidèles vassaux déguisés en moines pour tromper leurs poursuivants. Mais avant de quitter le territoire, il leur faut traverser le poste-frontière d’Ataka, minutieusement gardé par les hommes de son frère. Avertis du danger qui les guette par leur porteur, ils décident de faire passer Yoshitsune pour un simple subalterne.
Après avoir réalisé La Nouvelle Légende du grand judo, Akira Kurosawa cherche à tourner L’Épée dégainée, un film historique ambitieux au scénario déjà écrit, mais le projet est avorté. Le cinéaste nippon décide à la place d’adapter une célèbre pièce de kabuki intitulée Kanjicho, elle-même inspirée d’une pièce de nô.
La Toho est prête à financer le projet, à une seule condition : le studio s’étant engagé auprès du comédien Enomoto, Kurosawa doit rajouter un personnage dans la pièce existante. Ce sera celui du porteur, qui apportera la fameuse touche comique au film.
Dans un souci d’économie, le tournage se fait en grande partie en décors naturels – seule la scène du poste-frontière a lieu en studio. Car c’est à cette époque que le Japon se fait envahir par les États-Unis. Kurosawa raconte que de nombreux soldats américains se sont rendus sur le tournage de Qui marche sur la queue du tigre…, dont le célèbre réalisateur John Ford !
Dix ans avant Les sept Samouraïs, le cinéaste offre une première variation du film de sabre, en livrant ce quasi huis-clos qui parvient avec élégance à mélanger comédie et tragédie. Cette témérité lui vaut toutefois une censure de la part des Américains et des Japonais : ses compatriotes lui reprochent l’ajout du personnage du porteur qui, selon eux, ridiculise la pièce, tandis que les Américains l’accusent de faire l’apologie du féodalisme. Ces attaques bloqueront la sortie du film au Japon durant sept ans, jusqu’en 1952.