La blessure
Dans un squat parisien, Papi reçoit un appel téléphonique de sa femme, Blandine, qui demande à ce qu'il vienne la chercher à Roissy. Arrivé à l'aéroport, Papi se retrouve avec d'autres famille congolaises auxquelles on faits avoir que leurs parents ne se trouvent pas sur ce vol et qu'ils ne sont pas à l'aéroport. Plusieurs de ces familles protestent, certaines, comme Papi que leurs parents sont bien là.
La police des frontières refuse de les laisser voir les passagers qu'elle retient avec les faux papiers qui leur ont permis d'atteindre la France. Ces passagers qui demandent l'asile politique, hommes, femmes, bien portants et malades sont confinés dans une pièce vide et ont leur fait savoir entre deux brimades qu'elles seront ré embarquée dans le prochain vol pour Kinshasa.
Lors du retour à l'avion, le groupe de congolais résiste à l'embarquement. La résistance des émigrés est tellement vive que les CRS n'ont pas le temps de les embarquer avant l'arrivée des passagers payants qu'il faut protéger de ce spectacle. En les réembarquant violemment dans le car, un CRS coince La jambe de Blandine dans la porte automatique ; les coups et l'aide maladroite de ses compatriotes finiront par blesser et ensanglanter la jambe. Privée de soin dans les heures qui suivent, la plaie se couvre de pue.
Un jeune fonctionnaire du ministère des affaires étrangères lors de son travail à l'aéroport découvre la situation scandaleuse de Blandine et de ses compatriotes. En dépit du fatalisme des policiers et médecins de l'aéroport, de la veulerie de son chef, il rédige un rapport qui conduit à un fax à Roissy empêchant in extremis le retour de Blandine et des autres dans leur pays lors d'une deuxième expulsion musclée.
Blandine, bientôt libérée se mure pourtant dans le silence. Réfugiée dans un squat aux fenêtres murées, auprès de son mari Papi qui la soigne, Moktar qui a peur de sortir dans la rue, Steve qui ne se fait plus d'illusions, Fanny et Kary qui vendent leurs corps pour pouvoir dormir sous un toit, Blandine plonge dans le silence.
Ce n'est qu'après avoir enfin réussi à dire ce qui lui est arrivé et faire sortir sa colère et alors qu'elle doit changer de squat que Blandine pourra reprendre une vie normale.
Le film illustre un certain nombre de témoignages et de théories autour de la situation inadmissible faite aux étrangers noirs en provenance du Congo lorsqu'ils expriment une demande d'asile à leur arrivée à Roissy.
Témoignages et théorie
Le fil conducteur du film est le traumatisme vécu par Blandine lors de son arrivée. Mais les témoignages exprimés par la jeune femme enceinte qui a fuit les coups, de Khoma racontant son arrivée en plein hiver ou de l'homme au camion à la fin qui a du s'y reprendre à plusieurs fois pour atteindre la France viennent dire la détermination de ces hommes et de ces femmes à échapper aux persécutions dont ils sont victimes de la part des militaires congolais.
De Blandine, on ne saura finalement pas grand chose et ce qu'illustre là le film est plutôt la théorie du traumatisme de l'émigrée arrivant enfin en France et s'effondrant mentalement devant la violence qu'il lui faut subir encore.
Un théâtre sans psychologie
Le choix d'une successions de plans longs et d'éclairages en clairs-osbcurs théâtralisent les témoignages pour constituer une sorte de longue mélopée épique qui ne s'embarasse pas de psychologie. C'est à la fois la beauté du film et peu-être sa limite : chacun des personnages étant plus l'llustration d'un cas que l'incarnation d'un individu.
Jean-Luc Lacuve le 14/08/2009
Note : Une version courte d'1h40 intitulée Nus a été
diffusée sur Arte les 3 février (à 0h35) et 13 février 2008 (à 3h00 !).
Avec : Noëlla Mossaba (Blandine), Adama Doumbia (Papi), Ousman Diallo (Moktar), Mamoudou Koundio (Steve), Mathieu Matula-Matayi (Donatien), Aminatou Yaro (Kary), Linda George (Fanny), Matty Djambo (Bibiche), Gaston Ndiki-Nawete (Désiré), Ibrahim Seaga Show (John). 2h40.