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Trois couleurs : rouge

1994

Genre : Drame social

Avec : Irène Jacob (Valentine), Jean-Louis Trintignant (le juge), Frédérique Feder (Karin (sous le nom Frederique Feder)), Jean-Pierre Lorit (Auguste), Samuel Le Bihan (Le photographe). 1h36.

Genève, deux étudiants, Valentine, qui est aussi mannequin, et Auguste, futur magistrat, sont voisins et se croisent sans se connaître.

Valentine téléphone souvent en Angleterre, où vit son ami qui semble être en train de l’oublier. Un soir, elle blesse avec sa voiture une chienne dont elle retrouve le propriétaire, un juge retraité habitant en banlieue, à Carouge. Intriguée par ce personnage amer et misanthrope, elle découvre qu’il espionne les conversations téléphoniques de ses voisins. Elle est à la fois choquée et attirée par lui et il se confie pour tenter de justifier ce qu’il est devenu. Il fut autrefois trompé par sa femme et usa de sa position pour faire condamner son rival.

Par ailleurs, le juge espionne Frédérique, opératrice à la météo téléphonée. Il comprend qu’elle est infidèle à son ami, qui n’est autre que le voisin de Valentine, Auguste. Ce dernier découvre ce qui lui arrive.

La fraternité pousse Valentine vers le juge. Pour le sauver ? Peut-être, mais le vieil homme est lui-même attentif à la vie de la jeune fille et à celle d’Auguste, qui semble reproduire ce que fut sa propre jeunesse.

Les liens entre Valentine et le juge, les manœuvres de ce dernier et les effets, ironiques ou tragiques, du hasard aboutissent à la mort de Frédérique et de son nouvel amant dans le naufrage d’un voilier, lors d’une tempête sur la Manche qui engloutit également un ferry où périssent des centaines de personnes. Parmi les quelques survivants, Valentine et Auguste…

Pour Annette Insdorf : "Si la fraternité se définit comme le fait d'être proche de ses voisins, il est certain que Rouge traite de liens fraternels. Kieslowki détourne ironiquement le sens du mot, puisque le juge à la retraite "écoute en secret les conversations téléphoniques de ses voisins. Mais le film explore surtout le lien grandissant entre cet homme maussade et la radieuse Valentine, mannequin et étudiante à Genève.

Le troisième volet de la trilogie est moins une construction linéaire qu'un jeu complexe de reflets, émaillé d'images récurrentes (téléphones, voitures, lumières éclatantes et taches de rouge) qui évoquent à la fois un désir de contact et une peur de l'intimité ; une sorte de question : de nos jours l'amitié est-elle possible entre un homme et une femme ?

Le boléro de Preisner est un éblouissant complément sonore : son thème lyrique se développe, puis se répète, sa structure même exprimant la résonnant accumulative de Rouge.
"

Source : Kzysztof Kieslowski, doubles vies, secondes chances de Annette Insdorf, Editions Cahiers du Cinéma : collection Auteurs. 2001.

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