Iris, jeune ouvrière finlandaise, travaille dans une fabrique d'allumettes, où elle est exploitée par ses employeurs. Elle vit chez sa mère et son beau-père, couple sinistre qui passe son temps à regarder la télévision sans rien se dire (mais le beau-père lui soutire sa paye).
Cherchant mécaniquement à se sortir de ce monde sans espoir, elle fréquente les bars et les dancings, et finit par rencontrer un bel homme riche qui l'entraîne chez lui et passe la nuit avec elle. Croyant sans doute au mariage, elle lui présente ses parents, mais il la laisse tomber sèchement. Lorsqu'elle découvre qu'elle est enceinte, Iris retourne voir son amant d'une nuit mais il la repousse, tout en lui signant un chèque de dédommagement...
Écoeurée, Iris se fait avorter, puis achète de la mort aux rats, dans une pharmacie Elle en dispense généreusement à son amant, à sa mère, à son beau-père. Deux policiers viendront l'arrêter à l'usine.
Le film clôture ce qui apparait alors comme "trilogie prolétarienne". Après l’éboueur amoureux (Shadows in Paradise), après le chômeur devenu voleur parce que la société l’a volé (Ariel), voici l’ouvrière qui devient tueuse parce que la société l’a tuée. En 2023, Les feuilles mortes complète la tétralogie avec une fin plus optimiste
Le film évoque par son titre une oeuvre d’Andersen et se joue des personnages et des rebondissements classiques des contes de fées : les parents aigris exploitent leur fille, le prince est tout sauf charmant et la fin s’avère aussi efficace que tragique.
Avec son économie de gestes et de paroles, sa briéveté, son refus de la dramatisation, il y a de la rigueur bressonnienne dans le traitement du pitoyable destin d’une jeune fille que tout le monde exploite, dans une Finlande où la vie quotidienne ne semble pas d’une folle gaieté et qui se conclut par une noire vengeance .
La réalité mondiale perçue par la télévision glisse sur Iris : la répression de la place Tien anh Men, l'explosion de gaz en URSS et ses 700 victimes, la mort de l'ayatollah Komeny en Iran. Perdue en elle-même, dans la salle de bal elle écoute la triste chanson et ses faux espoirs :" De l'autre coté de la haute mer, il existe un pays où des vagues clapotent sur les rives du bonheur... "
Editeur : Pyramide video. Juin 2008. |
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