HA HA HA

2010

cannes 2010 :  prix un certain regard Avec : Kim Sang-kyung (Jo Moon-kyeong), Moon So-ri (Wang Seong-ok), Yu Jun-Sang (Bang Joong-sik) Ye Ji-won (Ahn Yeon-joo) Kim Kang-woo (Kang Jeong-ho), Kim Gyu-ri (No Jeongh-hwa) et Youn Yuh-jung (Mère de Mun-kyung) Kim Yeong-ho (Général Lee Soon-shin), Gi Ju-bong (Tong-yeong, l'oncle). 1h56.

Le réalisateur Jo Moon-kyeong envisage de quitter la Corée pour partir au Canada. Avant de son départ, il donne rendez-vous à son ami proche, Bang Joong-sik, qui est critique de cinéma. Au pied d'une montagne en banlieue de Séoul, ils boivent du Makgeolli, une boisson traditionnelle alcoolisée à base de riz. Au bout de quelques verres, ils découvrent que tous les deux, par coïncidence, ont récemment voyagé à Tongyeong, une petite ville maritime au sud du pays. Ils décident donc de déballer leurs histoires autour d'un verre, à condition de ne s'en tenir qu'aux bons souvenirs.

Jo est allé à Tongyeong pour rendre visite à sa mère avant de son départ. Celle-ci tient un restaurant où les soupes sont très réputées. La mère est très peinée de voir son grand fils partir et dédaigne le don de la casquette qu'il lui fait. Pendant son séjour, il rencontre une femme guide, prénommée Seong-ok qui fait visiter aux touristes le mausolée de général Yi Sun-sin, héros national. Trouvant son corps ravissant, Jo s'éprend d'elle. Il la contredit sur ses propos historiques ce qui la fâche. Il la poursuit ensuite jusque chez elle. Il se présente à elle comme le réalisateur sans expérience qu'il est. Elle l'éconduit et laisse entrer chez elle et devant ses yeux, un beau jeune homme... qui porte la casquette que Jo donna à sa mère.

Bang est allé à Tongyeong pour un voyage secret avec sa maîtresse, prénommée Yeon-joo, qui est hôtesse d'air. Il y retrouve son ami, le poète et marin Kang. Dans le restaurant de soupe où ils vont déjeuner, la patronne, dont ils ignorent qu'elle est la mère de Jo, enjoint Kang de se déclarer vis à vis de la jolie Jeongh-hwa. Celle-ci n'est en effet serveuse dans le restaurant que parce qu'elle est amoureuse de Kang. Bang la trouve aussi fort jolie.

Kang s'emporte contre Seong-ok trouvant stupide le cadeau d'un pot de fleurs qu'elle lui fait. Celle-ci se laisse alors courtisée par Jo. Apres un repas bien arrosée avec lui, Seong-ok a la douleur de voir Kang en compagnie de Jeongh-hwa. Assez saoule, elle le contraint, en guise de rupture, à qu'il fasse le cavalier sur elle qui le porte sur son dos. Seong-ok se donne à Jo et, ravie de la façon dont il lui fait l'amour, accepte sa proposition de mariage.

Bang avec Yeon-joo déjeune avec Kang et Jeongh-hwa. Kang le prend à parti sur son manque de personnalité et le compare à un clochard sur le port. Jeongh-hwa déclare innocemment qu'aucun amour ne saurait être clandestin, ce qui empli de confusion Yeon-joo... Mais aussi Bang qui lui déclare par la suite vouloir la présenter à son oncle, installé sur l'île. Cette décision courageuse a été prise avec force de verres d'alcool et c'est fort saoul que Bang demande à son oncle de le soutenir dans son futur divorce.

Kang ne réussit pas à convaincre Seong-ok de revenir avec lui et se console avec l'appartement que la mère de Jo a gracieusement mis à sa disposition pour vivre avec Jeongh-hwa. Jo n'est plus très sur de vouloir partir au Canada. Bang retourne à Seoul avec Yeon-joo. Celle-ci ne lui demande pas de divorcer avec sa femme.

HA HA HA, raconte l'histoire de trois couples qui se constituent en dépit des grandes hésitations sur la solidité du lien amoureux qui les unit et surtout des grandes déclarations d'intentions qu'ils profèrent.

HA HA HA se passe en grande partie dans la ville de Tongyeong, lieu de naissance de l'amiral Yi Sunsin, personnalité du XVIe siècle, héros national aussi vénéré en Corée que Jeanne d'Arc le fut chez nous. Seong-ok l'admire au delà de toute compréhension. C'est ce qu'elle déclare aux touristes soupçonneux sur les falsifications de l'histoire ainsi qu'à Jo qui prétend obtenir la connaissance par le savoir. Celui-ci, peut-être influencé par l'ami de sa mère qui lui déclare qu'il ressemble à l'amiral, ne va pas tarder à basculer dans l'irrationnel. En pleine crise de doute et de détresse, Yi Sunsin lui apparait soudain et le prend sous sa protection en lui déclarant qu'il faut voir la vie du bon côté et que le mal se cache souvent dans la tristesse le désespoir et l'apitoiement sur soi.

Jo ne brillait déjà pas par sa subtilité ayant, en guise de présentation à Seong-ok déclaré qu'il était un professeur sans élève et un réalisateur n'ayant jamais tourné. Après cette apparition, il va jouer encore plus à fond la carte de l'imbécile heureux... et cela va lui réussir. Il poursuit avec constance Seong-ok, profite de sa jalousie vis à vis de Kang, l'impressionne en se déclarant ancien membre des commandos, tenu à la non-violence, lui fait bien l'amour, la demande en mariage et, du coup, n'a plus très envie de partir au Canada. Seong-ok, toute heureuse de rester fidèle à sa constante la faisant tomber amoureuse de "durs à cuire" et satisfaite physiquement n'a aucun mal à rompre avec un Kang, certes beau marin mais poète un tantinet torturé et dont elle n'apprécie guerre le goût du paradoxe.

Kang est dans une situation plus compliquée que Jo. Son goût de la poésie et des mots l'amène toujours à contester la parole stéréotypée ou bien pensante des autres. Ainsi rabroue-t-il Seong-ok qui lui offre des fleurs dont elle ignore le nom. Il se dispute aussi avec son ami. Il est probablement moins amoureux de Jeongh-hwa qu'il ne l'était de Seong-ok. Celle-ci, rusée qui s'est dite espionne et fort jolie, lui conviendra sans doute mieux.

Bang est très satisfait de sa vie entre sa femme et sa maitresse. Lorsqu'il découvre soudain que celle-ci souffre de cette situation, il est pris d'un élan de générosité et se sent le courage de rompre avec sa femme et d'aller la présenter à son oncle. Les quelques verres bus pour se donner le courage qui manque aboutissent à la plus pitoyable (mais assez drôle) des déclarations d'amour. Pour lui rien ne bouge. Sa maitresse risque bien de le rester pour longtemps.

Dans HA HA HA, nul ne maitrise son destin, sa stratégie. La vie et les circonstances décident de tout. La dépression succède aux élans généreux, la réussite inespérée aux échecs les plus humiliants. Même dans une discussion entre amis à propos de vacances passées au même endroit, au même moment, la simple vérité des faits ne peut se faire jour. On prendra volontiers un verre pour oublier tout ça, pour en rire avec Hong Sang-soo.

Jean-Luc Lacuve le 23/03/2011.

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