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Renoir

2025

Avec : Yui Suzuki (Fuki), Lily Franky (Keiji Okita), Hikari Ishida (Utako Okita), Ayumu Nakajima (Toru Omaezaki), Yumi Kawai (Kuriko Kita), Ryôta Bandô (Kaoru Hamano), Keiko Morikawa (Aya Hamano), Jeffrey Rowe (Jerry, le mentaliste). 1h59.

Tokyo, 1987. Des enfants qui pleurent, vus sur une bande vidéo dégradée à partir d'un magnétoscope. Fuki, 11 ans, les observe puis remet la K dans son sac dans un débarras. Derrière elle, un homme surgit et lui demande son âge et si elle va à l'école. Fuki s'échappe sur le palier de l'immeuble.

Quand elle rentre chez sœur c'est pour voir son père, Keiji, ensanglanté et sa mère, Utako, appeler une ambulance. Fuki prépare maladroitement les affaires dont son père aura besoin à l'hôpital.

Dans la nuit, un homme étrangle une fillette dans son lit. Un journaliste à la télévision parle d'un mystérieux assassin recherché par la police. Fuki déclare qu'elle est dorénavant morte et s'interroge pour savoir si ceux qui pleurent aux enterrements sont tristes pour la personne décédée ou pour eux mêmes.Tout ceci : l'étranglement, le journaliste et Fuki assassinée ne sont que la narration de sa rédaction qu'elle lit en classe. Son professeur et les autres élèves l'applaudissent.

Fuki regarde chez elle, une émission où un mentaliste parvient à faire deviner la carte à jouer qu'il tient en main et s'adonne à l'hypnose. Sa mère Utako s'irrite de la passivité de sa fille qui lui reproche qui plus est d'abandonner Keiji à l'hôpital. Mais Atout n'a pas d'autre choix :  récemment nommée cadre dans son entreprise. Son chef lui reproche d'ailleurs son mépris pour ses collaborateurs et l'oblige à suivre un stage de communication. Fuki va voir son père à l'hôpital où il réussit le tour de carte du mentaliste mais, prudent, n'accepte pas de faire une deuxième tentative. Espérant garder le contrôle de sa maladie, Keiji lit toutes les publications au sujet de son cancer.

En classe, Fuki se fait une amie avec la nouvelle venue, Kuriko,  qui paraît aussi vive et intelligente qu'elle. Fuki est souvent invitée chez les parents de son amie dont le goût excessif de la perfection l'intrigue.Un jour qu'elle rentre tôt chez elle, Fuki aperçoit la voisine qui accepte d'être hypnotisée. Elle raconte avoir surpris son mari à regarder une K7 et l'avoir disputé pour regarder ce qu'elle croyait être du porno. Du coup, le matin, il avait oublié ses clés. En rentrant le soir par la porte-fenêtre, il était tombé. La femme avait découvert ensuite qu'il regardait une compilation d'enfants en pleurs, celle qu'avait découvert Fuki au début du film.

Fuki découvre en rentrant chez elle une publicité pour un réseau téléphonique qui se propose de mettre en contact des personnes solitaires...

Chacun des moments de la vie du Fuki est marqué par la peur de la mort prochaine de son père sans qu'elle ne le manifeste directement. Peut-être comme une  antidote au chagrin, elle joue dangereusement à se rapprocher de prédateurs sexuels ainsi le voisin fasciné par les enfants qui pleurent au point d'en faire un montage vidéo ou l'étudiant, Kaoru Hamano, qui l'entraîne jusque que chez lui.

Fuki voudrait se persuader que la force de son esprit pourra changer le cours des choses ainsi son insistance à réussir le tour du mentaliste, à hypnotiser sa voisine, à envoûter Toru Omaezaki pour que sa mère n'en soit plus amoureuse. Elle tente aussi d'enchanter le quotidien de petits riens :  le ruban à la fenêtre de son père ou  la reproduction  de la petite Irène qu'elle accroche dans sa chambre.

Les moments les plus touchants sont ceux où elle se projette dans une vie normale, la balade avec son père et au moment où elle comprend qu'elle joue un jeu dangereux avec Toru qui l’emmène en train, elle voit avec envie une mère et sa fille jouer de façon complice dans le train. C'est d'ailleurs ainsi que se clôt le film après la mort du père : Fuki et Utako s’essayant au tour de carte du mentaliste, devenu alors un simple jeu qu'on peut rater et l'image libératrice de la fête sur le ponton du paquebot.

Jean-Luc Lacuve, le 18 septembre 2025

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