Pays de Gex, à proximité de la frontière suisse, en hiver. Pierre-Antoine, dit P.A., somnole dans le car scolaire qui le conduit au lycée. Il est sept heure et vient s'assoir à côté de lui son camarade Mérou, écouteurs sur les oreilles. Dans le cours de math de terminale S, le téléphone de Mérou sonne, ce qui les fait rire tous les deux.
P. A. dans le costume jaune canarie de son harmonie, joue du saxophone pour une cérémonie de village. Heureusement, ses trois amis Mérou, Cole et JB, qui se moquent de lui gentiment, viennent le chercher en voiture pour se rendre dans le garage où ils jouent du rock. Plus tard ils font les devantures de magasins en riant toujours (Il y a du "sale" disent les promotions) puis se posent pour boire, jouer et discuter.
Un soir dans une fête, PA regarde avec insistance Léa mais c'est sont copain Mérou qui sort avec elle. Plus tard à la cantine, il tente vainement d'attirer son attention en participant à un chahut à leur table de cantine mais se fait rembarrer. Plus tard, elle lui indique que sa copine Roshine est atteinte d'un diabète qui nécessite une piqure toutes les quatre heures
La classe visite le LHC, l’accélérateur de particules le plus puissant du monde, à 100 mètres sous leurs pieds. Le LHC provoque des collisions de protons pour recréer les conditions d’énergie du big bang, et détecter des particules inconnues à ce jour. Amateur de science, PA se demande si ses perceptions ne sont pas modifiées par les effets de ces recherches atomiques : les oiseaux s'envolent en nuées; le sol -a-t-il bien vu ?- se fait moins stable et ondule ; un furet-putoisé qui courrait sur la plaine semble se désintégrer.
La bande des quatre garçons se procure de l'herbe et des champignons hallucinogènes chez Frank, un dealer bien installé dont PA envie la copine blonde. La bande des quatre garçons décide de passer la nuit sous une tente en lisière de forêt pour une soirée champignons hallucinogènes dont les effets ne tardent pas à se faire sentir : des visions colorées jusqu'à l'épuisement. Au réveil, Mérou a disparu. Les garçons ne s'en inquiètent pas mais, le lundi matin, la police enquête et fait une battue en vain.
PA se demande si son ami n'est pas perdu dans un monde parallèle; l'ordinateur qui se réveille tout seul et le voit apparaître semble le suggérer. Mais PA cherche son ami dans la forêt près du LHC et voit celui-ci s'illuminer.
Un soir de fête, alors qu'ils sont sortis ensemble voir une chouette, il en parle à Roshine. Plus tard, leur complicité ayant crue, celle-ci lui avoue ne plus avoir envie de partir en Allemagne comme son père le souhaite. Il lui fait alors part de ses angoisses et hallucinations. Alors qu'ils vont faire l'amour dans la chambre, ils se souviennent être allés juste avant au LHC où, après une étreinte, ils s'étaient imaginés, réduits à l'état de particules, se dissoudre ensemble dans l'univers.
Le film ne quitte pas son personnage principal, en proie aux doutes et désirs de l'adolescence. Il voit ainsi se déformer le monde aux grés de ses angoisses. PA reprend finalement pied en trouvant l'amour, sans perdre pour autant son inclusion cosmique dans ce qui l'entoure.
Cette inclusion dans une réalité presque documentaire (souvenir de réalisateur, acteurs non professionnels) trouées d'épiphanies plus ou moins étranges rappelle les films de la meilleure période de Gus van Sant, de Gerry à Paranoïd Park. Les moyens expressifs du cinéma de fiction (lumières, élégants travellings) donnent lieu à des scènes au caractère fantastique (apparition de la chouette, disparition du furet-putoisé, sol mouvant, le LHC lumineux) ou psychédélique (animation blanche à partir des flocons de neige ; animation rouge avant le réveil sous la tente).
Jamais cependant le film n'abandonne son sujet de l'initiation adolescente pour virer dans le cinéma de genre ou le film à suspens suite à la disparition de Mérou. Les adultes sont systématiquement tenus hors champs (la police, la psychologue) ou à l'arrière-plan (professeure de mathématiques floue, voix seule du professeur de philo ; très courtes apparitions du père et de la mère de PA). Ils ne peuvent pas grand chose dans ce qui construit l'adolescence, faite de variations musicales, amoureuses et mentales ainsi, pour certains, d'interrogations sur l'infiniment grand et l'infiniment petit.
Jean-Luc Lacuve, le 13 juin 2019