Grégoire Canvel a tout pour lui. Une femme qu'il aime, 3 enfants délicieuses, un métier qui le passionne. Il est producteur de films. Révéler des cinéastes, accompagner les films qui correspondent à son idée du cinéma, libre et proche de la vie, voilà justement sa raison de vivre. Sa vocation. Grégoire y trouve sa plénitude, il y consacre presque tout son temps et son énergie.
Hyperactif, il ne s'arrête jamais, sauf les week-ends, qu'il passe à la campagne en famille : douces parenthèses, aussi précieuses que fragiles. Avec sa prestance et son charisme exceptionnel, Grégoire force l'admiration. Il semble invincible. Pourtant sa prestigieuse société de production, Moon Films, est chancelante. Trop de films produits, trop de risques pris, trop de dettes. Les menaces se précisent. Mais Grégoire veut continuer d'avancer, coûte que coûte. Jusqu'où cette fuite en avant le conduira-t-il ? Un jour, il est obligé de se confronter à la réalité. Un mot surgit : l'échec. Et une grande lassitude. Qui va bientôt, secrètement, prendre la forme du désespoir.
Les lumières de Paris, de la maison de campagne ou de l'Italie ont rarement été rendues avec une telle splendeur. Différentes, elles impulsent le rythme des séquences. Action pour Paris, havre de repos pour la campagne et paradis perdu pour l'Italie. Le retour dans la chapelle où Grégoire expliqua l'épopée des templiers est une fragile et émouvante séquence de deuil.
Le double parcours de Sylvia, qui essaie de prolonger l'uvre de son mari, et de Clémence qui cherche à connaitre son passé recèlent aussi de superbes moments : Clémence remettant les boucles d'oreilles offertes par son père ou le voyage en Suède sur une côte évoquant Le sacrifice de Tarkovski.
Le film est inspiré par la vie du producteur indépendant Humbert Balsam. Il avait eu beaucoup de souci avec la production de L'homme de Londres dont le tournage s'est interrompu avant de reprendre après la mort du producteur. Le hongrois Béla Tarr devient ici le suédois Stigg.