Armand Lacourtade, 43 ans, cent dix kilos mais cycliste émérite sur les routes du Tarn, vendeur de matériel agricole, s'interroge sur sa vie d'homosexuel célibataire. Il est en conflit avec Robert qui l'accuse de concurrence déloyale en faisant du charme aux clients. Durandot le reconnaît bien volontiers
Un soir alors qu'il drague dans le centre du vieil Albi ; Armand sauve du viol une jeune fille traquée par quatre garçons. Il leur donne 200 euros pour qu'ils la laissent tranquille. Curly s'avère être la fille de Durandot et celui-ci est passablement interloqué quand Armand lui ramène sa fille. Curly s'est éprise de son sauveur et lui donne rendez-vous le lendemain à la sortie de son lycée.
Tout éberlué, dans un costume gris flambant neuf, Armand voudrait bien aller au rendez-vous mais sa voiture est en panne. Il demande sans succès de l'aide à Durandot et aperçoit un foulard qui s'agite au dernier étage de sa maison. Il revient vers sa voiture et obtient l'aide du vieux garagiste pour entrer par effraction chez Durandot et délivrer Curly que son père retenait prisonnière dans le grenier. Durandot retrouve Armand et le torture jusqu'à ce qu'il donne le nom du garagiste chez qui Curly se repose. S'étant délivré, Armand arrive chez le garagiste et le retrouve pendu. Il appelle la police mais c'est lui que l'on embarque.
Tout cela n'était qu'un cauchemar mais Armand se sait maintenant troublé par Curly. Lorsqu'il tente de la rejoindre devant son lycée, Durandot, méfiant, vient toutefois s'interposer. Il envoie les flics lors de la nouvelle fugue de Curly, partie rejoindre Armand sur l'aire de repos de la nationale qui sert de point de drague à tous les homosexuels de la région.
Armand se retrouve ainsi accusé de détournement de mineur et avec un bracelet électronique au bras. Une nouvelle fois, Curly fugue et c'est cette fois hélicoptères, gendarmes et père furieux qui sont à la recherche du couple.
Celui-ci trouve refuge dans une maison abandonnée. La situation finit toutefois par lasser Armand qui s'aperçoit ne pas éprouver de sentiment amoureux pour Curly malgré le sincère amour de celle-ci. Il décide donc de la ligoter et de l'abandonner près d'une route passante où la police et son père ne tardent pas à venir la récupérer.
Le commissaire a maintenant une autre enquête à mener. Il cherche l'origine de la dourougne qui semble souder le clan homosexuel. Il finira par en profiter lui aussi. Apres une séance amoureuse avec Jean, le vieux queutard, c'est avec Robert et le commissaire qu'Armand finira la nuit.
Pour son cinquième long-métrage, Guiraudie sort des sentiers balisés de son cinéma onirique pour une comédie beaucoup plus réaliste. Comme lui, Armand, son personnage principal essaie de s'évader des schémas tout faits qui conduisent trop souvent le même (sexe, âge ou milieu social) à rechercher le même.
La description d'un monde légendaire, vaguement cauchemardesque, se retrouve dans la séquence du rêve. Si Curly prendra bien Armand pour son prince charmant, c'est néanmoins dans la séquence onirique que viendront prendre place foulard agité du haut de la tour et la séance de torture.
Le film jouera ensuite beaucoup d'un humour burlesque décalé, assez proche de celui des Monthy python : costumes improbables (tee-shirts aux couleurs vives, survêtements ou slip bleu) et séquence du barman grossier réprimandé par son père, le vieux queutard.
Il existe une originalité certaine à montrer, dans ce monde paysan, des homosexuels qui sont notoirement connus et acceptés, des flics qui savent comment les trouver ou des paysans qui parlent une langue châtiée. Le film se montre aussi chaleureux que mal élevé lorsqu'il montre Armand surpris à se masturber en pleine forêt et de nombreuses séquences sexuelles.
Malgré la féminité de Curly, la grande communauté des hommes reste prépondérante. Elle se retrouve autour d'un paquet de Pepitos, refuse de livrer le secret de la dourougne, cet aphrodisiaque décuplant par ailleurs les qualités sportives et poussant telle une truffe... en adoptant un léger goût de vanille.