Prière (1) pour refuzniks. Reprise de la séquence des Carabiniers où Michel-Ange, embrigadé dans la légion Condor, participe à l'exécution d'un militante léniniste. Sur cette séquence, off, la chanson de Léo Ferré, L'oppression.
Prière (2) pour refuzniks. La croix juive en surimpression de photos symboliques de conflits en Palestine à Berlin ou en Chine. Une chanteuse à Sarajevo.
La première des deux prières pour refuzniks est la reprise de la séquence des Carabiniers (1963) où Michel-Ange, embrigadé dans la légion Condor, participe à l'exécution d'un militante léniniste. Comme dans le film de 1963, la séquence se conclut sur le carton "Il n'y a pas de victoire. Il n'y a que des hommes et des drapeaux qui tombent". L'Oppression, la chanson de Léo Ferré, couvre une bonne partie des dialogues de la fin de la séquence, rendant difficilement audibles les références à Lénine et Mayakovsky au profit d'une accentuation du lyrisme tragique.
La seconde prière, plus courte, 3'30 contre 6'40, commence par des dessins au pinceau qui se révèlent former une croix juive. En surimpression des photos symboliques de conflits en Palestine, à Berlin ou en Chine. Le rapprochement des deux cartons : "Berlin danse avec la mort", puis "Jérusalem danse avec la mort" semble indiquer que le conflit israélo-arabe est aujourd'hui pour Godard le cur de tous les problèmes politiques internationaux de la planète comme la montée du nazisme le fut dans les années 30 en Allemagne.
Le carton final "Terre contre ciel", reprenant les mêmes couleurs que celles du titre et du dessin de la croix juive, tendrait à confirmer qu'Israël est le nud de tous les problèmes à dénouer pour commencer à désamorcer les conflits mondiaux.
Jean-Luc Lacuve le 30/11/2007
On notera dans la reprise des Carabiniers la présence d'un des plus évidents faux-raccord laissés (et donc ici affirmé) par Godard. La casquette de la jeune femme est enlevée dans le plan large mais se retrouve dans le plan rapproché avant d'être de nouveau enlevée.