Dans un camp de concentration, un officier enferme Karl Schongauer, détenu politique allemand, avec David Stein, un juif. Celui qui tuera l'autre aura la vie sauve. Les condamnés s'entendent et Karl prend la fuite pendant la nuit, en laissant à sa place un cadavre méconnaissable. Stein sera quand même exécuté, pour avoir tué un allemand...
Ce chef-d'oeuvre glaçant, cette Grande Illusion post-Shoah fut tournée en 1960 dans la carrière de travaux forcés du camp de Mauthausen, avec deux grands acteurs de théâtre français et allemand et d'anciens déportés revenus jouer leur propre rôle sur les lieux de leur atroce perdition.
« Je partais avec l'idée que tout ce qui n'était pas dans le cadre n'existait pas », dit aujourd'hui l'auteur. D'où cette sensation étrange de vide extérieur, comme si le monde libre n'était qu'abandon, oubli, négation. Et cette terrifiante densité intérieure, cette opacité irrespirable de l'environnement immédiat des déportés. Il désosse la subtilité abyssale de la hiérarchie dans les camps, et dévoile une société secrète, régie par les conflits de pouvoir à tous les échelons, du plus faible des détenus jusqu'à Himmler. Petites dominations, emprises mesquines : la peur de l'autre est vraiment le moteur de tout, dans cet univers que Gatti refuse de montrer d'un seul bloc. » (Marine Landrot, Télérama)
Avec : Herbert Wochinz (Karl Schongauer), Jean Négroni (David Stein), Hans Christian Blech (le lieutenant), Jean-Marie Serreau (le docteur). 1h39.