Un acteur et une actrice mélangent les rôles qu'ils jouent dans un film et dans la vie réelle.
Mélange indistinct de cinq rêves fragmentés, ce film tente de raccorder par l'usage du cinéma deux événements majeurs qui viennent de se produire dans la vie de Garrel : la séparation d'avec Nico, sa compagne et sa muse des années 70, et la naissance de Louis, son fils. Autrement dit la mort d'un amour et la naissance d'un autre. Entre les deux se trouve une femme, la mère de l'enfant, réincarnée sous les traits de l'actrice Mireille Perrier.
Alternants sans aucune indication spatio-temporelle scènes tournées et scènes en tournage (seules l'apparition d'un clap et l'injonction "coupez !" interviennent comme repères relatifs).
Plus embouti qu'abouti, Les sunlights revendique sa mauvaise santé comme un instinct de survie capable de tout emporter, les merveilles comme les déchet. De l'informe surgit alors par intermittence une beauté inaltérable. Mireille Perrier croque en gros plan des pétales de rose et tout-à-coup c'est Chaplin qui arrive jusqu'à nous. Moment de pure grâce, d'amour du cinéma. "Non au grand art car ça laisse sans amour" dit Jacques Bonnafé dans le théâtre aux cotés de Mireille Perrier et de Lou Castel. La beauté écorchée du film se mesure à l'aune de ce cri. La recherche fébrile de l'amour à faire venir et à faire revenir cadre mal avec la grande forme.
Analyse de David Vasse, plus complète dans : Faire un film, défaire la vie (sur trois films de Philippe Garrel) dans CinémAction n°124. Le cinéma au miroir du cinéma. 2007.