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Shock corridor

1963

Voir : photogrammes
Genre : Film noir

Avec : Peter Breck (Johnny Barrett), Constance Towers (Cathy), Gene Evans (Boden), James Best (Stuart), Hari Rhodes (Trent), Chuck Roberson (Wilkes), John Matthews (Dr. Cristo), Bill Zuckert ('Swanee' Swanson). 1h41.

Le journaliste Johnny Barrett n'a qu'une obsession : gagner le Prix Pulitzer qui récompense le meilleur reportage de l'année. Johnny simule la folie, une obsession incestueue pour sa soeur que doit jouer sa fancée, Cathy, pour se faire interner dans un hôpital psychiatrique, où eut lieu quelque temps plus tôt un crime non élucidé, un patient, Sloan, a été tué dans la cuisine. Johnny tente d'interroger les trois témoins, notamment lors de "L'heure de l'amitié" dans le couloir que les patients appellent "La rue".

Le premier témoin, Stuart, victime d'un lavage de cerveau opéré par les communistes en Corée, se prend pour Jeb Stuart, un général de la guerre de Sécession. Johnny le fait parler et, après la narration du cauchemar du grand bouddha de Kamakura, parvient à le rendre lucide quelques instants. Mais il ne peut en peut tirer qu'un faible renseignement : l'assassin portait un pantalon blanc. Jeb retourne ensuite à sa folie

Après six semaines d'internement, Cathy est inquiète et voudrait tout révéler. Mais Swanson, le sortir c'est courir à la psychose dépressive. Démence précoce remontant à la puberté caractérisée par une conduite infantile

Le second, Trent, est un Noir qui, dans sa folie, épouse les idées racistes et extrémistes du Ku Klux Klan. Il déchaine les patients contre l'un d'eux en criant "A bas les juifs, les catholiques, les nègres..." Enfermé dans une camisole de force à côté de lui, Johnny l'écoute raconter son cauchemar : en Amazonie un KKK se bat contre la fin de la ségrégation dans les danses rituelles. Dans un instant de lucidité, il affirme que le meurtrier est un infirmier

Le docteur Christo a fait venir Cathy qui s'inquiète de plus en plus de l'état de Johnny qui la prend par instants pour sa soeur. Elle accepte l'autorisation des électrochocs dans l'espoir qu'il ne tiendra pas et que tout sera découvert. Swanson est furieux. Johnny, au prix de la perte passagère de la parole, résiste pourtant au traitement

Le troisième témoin, Boden, est un atomiste que l'horreur de ses découvertes a rendu fou. Au cours d'une conversation banale, Boden lâche soudain le nom de l'assassin : Wilkes, l'un des infirmiers de l'hôpital. Mais Johnny oublie le nom qui vient de lui être confié et sombre dans un cauchemar de pluie, d'éclairs et de chute d'eaux.

Enfin, Johnny se souvient du nom et réussit à faire avouer le coupable après une violente bagarre. Mais son séjour prolongé dans l'asile a dérangé son esprit à tout jamais : c'est à un schizophrène catatonique qu'ira le Prix Pulitzer.

Le film s'ouvre et se clôt sur une citation d'Euripide : "Celui qu'il veut détruire, Dieu le rend fou". Off, sur une ouverture à l'iris, on entend "Mon nom est Johnny Barrett, je suis journaliste au Daily Globe ; voici mon histoire. Là où elle en est."

Le film est constamment expressionniste, dans ses éclairages, dans l'utilisation répété du plan de la jambe de Cathy, perchée sur ses hauts talons, de ses trois apparitions en surimpression dans les rêves de Johnny et surtout par les trois cauchemars en couleur. Que le dernier, après ceux de Stuart et de Brent, soit celui de Johnny, et non de Boden, le troisième témoin, indique bien sa folie irrémédiable qui ne sera plus traversée que par des éclairs de lucidité de moins en moins fréquents.

Le traitement aux électrochocs ou la peur des dangereuses nymphomanes sont moins originaux que les traumatismes sociaux et historiques, tous centrés sur le milieu des années 50. Stuart est traumatisé par la guerre de Corée. Trent, le seul étudiant noir d'une université du Sud, collectionne les taies d'oreiller dont il se fait des cagoules du Klux-Klux-Klan. Il se remémore le mercredi 30 aout 1954 où la cour suprême interdit la ségrégation raciale dans les écoles. Son cauchemar en couleur se passe en Amazonie où des indigènes portent une sorte de masque du KKK et qu'il voit lutter contre la fin de la ségrégation dans les danses rituelles c'est un infirmier. Boden est traumatisé par des radiations détectées lorsque des fusées nucléaires sont parties de terre-neuve en 1953.

Le monde contemporain n'est guère plus reluisant. Cathy était dactylo mais a du chanter à moitié nue dans une boite pour un meilleur salaire. Le directeur du globe, 'Swanee' Swanson montre peu de scrupules à risquer la santé mentale de son journaliste.

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