Paris, 2 août 1944. Franz Von Waldheim, colonel allemand, vient en pleine nuit au musée du Jeu de Paume. Il y rencontre Mlle Villard, la conservatrice, qui vient le rejoindre alors qu’il contemple Quand te maries-tu ? (Paul Gauguin, 1892). Elle lui rend hommage de ne pas l'avoir renvoyée ni surtout fait détruire les collections de ce que les nazis qualifient d'art dégénéré. Elle sait qu'il aime la peinture mais est soudainement foudroyée par sa décision de transporter toutes ces œuvres en Allemagne avant que les forces alliées n’arrivent. Le musée est bientôt vidé de tous ses tableaux pour des caisses marquées des noms de Gauguin, Picasso, Braque, Matisse, Miró, Cézanne, Seurat....
Au matin cependant, Franz von Waldheim constate que le train qu’il avait affrété est parti. Labiche, chef du service ferroviaire, lui indique que c'est sur ordre du général commandant la place de Paris qui a donné priorité aux convois militaires. Le colonel parvient à convaincre le général Von Lubitz en insistant sur la valeur marchande de la cargaison. Labiche se révèle être à la tête d'un réseau de la résistance qui a perdu 15 de ses 18 cheminots. Son chef lui présente Mlle Villard qui plaide pour sauver son train de tableaux que Londres a considéré comme prioritaire. "64 Picasso, 29 Braque, Degas, Matisse.. Ils représentent la pensée vraie, le génie de la France dont on est comptable devant le monde entier. On risque souvent sa vie pour des choses moins importantes que cela, plaide t-elle". "La vie des hommes est aussi irremplaçable" répond Labiche qui refuse cette mission car une autre, d'importance et très dangereuse, l'attend : retarder de dix minutes un convoi militaire en gare de Vaires qui sera bombardé le lendemain à 10h00. Il confie la conduite du train d'œuvres d'art à Papa Boule sachant qu'il ne risque rien en partant tard dans la nuit. Mais Papa Boule se laisse convaincre par un cheminot que son train transporte l'honneur et la gloire de la France et qu'il est certainement en son pouvoir d'arrêter ce train.
Labiche parvient en manipulant les aiguillages à retarder la mise en place du train-forteresse en gare de Vaires qui est bien bombardée à l'heure dite. Mais c'est alors que surgit le train de Papa Boule transportant les œuvres d'art. Franz von Waldheim qui a eu l'ordre d'annuler son train a en effet menti en indiquant qu'il était déjà parti, intimant l'ordre à Papa Boule de partir sur le champ sans attendre la nuit. Papa Boule arrivant à Vaires refuse d'obéir aux ordres de Labiche lui intimant par signaux de se mettre à l’abri. Bien au contraire, il fait foncer le train pour échapper aux bombardements. Arrivé en gare de Rive-Reine, son train est néanmoins endommagé car il avait intentionnellement glissé une pièce de monnaie dans l'arrivée d'huile ; ce qui a brisé une bielle. Il retire sa pièce de monnaie et fait repartir le train vers Vaires. Là, le major Herren comprend que Papa Boule a saboté le train et en a la preuve en trouvant dans ses poches une pièce de monnaie avec des traces d'huile. Il fait exécuter Papa Boule malgré l'intervention de Labiche qui plaide en vain auprès du colonel von Waldheim en insistant sur le fait qu’il pourra réparer la bielle pour le lendemain matin. Labiche travaille en effet toute la nuit pour cela.
Le lendemain matin, Labiche, accompagné de Didont et Pesquet, les deux membres de son réseau qui lui reste, conduisent la locomotive à Rive-Reine. Ils subissent l'attaque d'un avion anglais. Didont et Pesquet sont déterminés à détourner le train de sa destination en Allemagne en prévenant le réseau des cheminots à partir de la gare de Metz. Mais Labiche refuse qu'ils prennent des risques à quelques jours de la libération. Sur l'instance du major Herren, c'est cependant lui qui est obligé de conduire le train à la place des Pesquet. Il devra partir à 19 heures le soir. En attendant, Labiche doit se reposer à l'hôtel du village tenu par Christine. S'échappant de sa chambre, il tente alors de prévenir Maurice, le chef de la résistance à Metz en téléphonant de la baraque de Jacques, le chef de gare, pendant que Pesquet fait diversion en brûlant un camion. Poursuivi par les Allemands, Labiche est sauvé par Christine qui laisse croire qu'il est venu manger chez elle. Jacques, frappé par les allemands, n'avoue rien et prévient Metz des horaires de passage du train.
Le capitaine Schmidt, dans les wagons, et le sergent Schwartz sur la locomotive sont chargés par von Waldheim de surveiller le trajet du train et de donner des nouvelles à Saint-Avold. Le trajet se fait normalement en passant par Montmirail, Châlons-sur-Marne, saint Menehould, Verdun et Metz bombardée. L'opération des résistants commence par le nom de la station de Rémilly affichée sur un château d'eau au bord de la voie. Immédiatement après le passage du train, la banderole est détachée par les résistants et dévoile le nom de Pont-à-Mousson. Commercy devient Saint-Avold grâce à un changement des panneaux de la gare. Deux faux soldats allemands sont présents sur le quai et communiquent à Labiche que tout est en place. Le train est ensuite censé passer la frontière franco-allemande et se retrouver en gare de Deux-Ponts (affichée sous son nom allemand, Zweibrücken), en réalité, après enlèvement du panneau, c'est Vitry-le-François. Puis le train revient vers Rive-Reine (un ouvrier de la voie masque le nom de la gare en posant sa veste sur le panneau indicateur). Didont détache la locomotive qui fonce vers la gare où Jacques a organisé un déraillement. Pour faire bonne mesure, Pasquet suit le convoi sur une locomotive afin de faire dérailler les wagons en gare. Labiche et Didont sautent de leur locomotive avant qu'elle ne percute la locomotive déraillée. Labiche est touché par une balle dans la jambe mais parvient à s'enfuir jusqu'à l'hôtel de Christine. Paquet n’a pas cette chance et est abattu par les Allemands quand il saute de sa locomotive. Von Waldheim, furieux, fait exécuter Jacques et un autre cheminot. Christine consent à cacher Labiche dans sa cave mais, comme lui, se désole de tous ces morts.
Von Waldheim ne se décourage pas. Il fait venir une grue de Paris et s’apprête à faire repartir le train le lendemain. Labiche rejoint Didont dans une ferme qui leur sert de planque. Le chef de la résistance vient les rejoindre avec le neveu de Jacques et leur donne de nouveau l’ordre de protéger les tableaux en marquant les trois premiers wagons de peinture blanche. Labiche s'emporte à nouveau contre cette mission dangereuse alors que des otages ont été exécutés en représailles à Commercy, Metz et Châlon et que les alliés se contentent de parvenir le plus vite possible à Paris sans se préoccuper d'eux.
Le neveu de Jacques déclenche une fausse arlame aérienne plongeant la gare dans le noir pendant que Labiche et Didont peignent les wagons. Mais une tuile tombe du toit de la gare et Herren abat le neveu de Jacques pendant que les soldats allemands courent vers le train et abattent Didont qui voulait finir la peinture. Le matin, Von Waldheim fait nettoyer la peinture mais, constatant qu'une attaque aérienne les épargne, comprend que la peinture est un sauf-conduit pour l’Allemagne.
Labiche fait sauter au plastique un rail devant le train évitant de tuer les hommes, boucliers humains, que Von Waldheim a fait installer sur la locomotive. Pendant que Herren répare, il fait surveiller la voie en aval pour que Labiche ne recommence pas un nouveau sabotage, mais celui-ci contourne la montagne et prend les devants. Le nouveau sabotage rend le train incapable de redémarrer sans grue. Herren recommande au colonel de s’avouer vaincu mais celui-ci tente de réquisitionner des camions allemands qui battent en retraite et exécuterait même son commandant, qui refuse de s'arrêter, si Herren ne le retenait. Celui-ci fait embarquer les soldats allemands du train dans les camions.Von Waldheim fait exécuter les otages sur la locomotive et reste seul auprès du train espérant un nouveau transport de troupes.
Labiche revient au train pour stopper les moteurs. Le colonel l’apostrophe et lui explique qu'il n'est qu'une brute qui ne comprendra jamais rien à l'art et lui demande pourquoi il a fait tout ça. Labiche se retourne pour jeter un coup d’œil aux cadavres des otages gisant sur le talus de la voie et abat le colonel d'une rafale de mitraillette puis il s'éloigne sur la route.
La question de savoir s'il est légitime ou non de sacrifier des vies humaines pour sauvegarder le patrimoine artistique n'est pas traitée. Le vaniteux aristocrate Oberst von Waldheim défend cette thèse. Mais il en montre surtout l'aporie car défendue par n'importe quels moyens telle que l'exécution d'otages. Labiche ne sera jamais convaincu de l'intérêt de sa mission. Il agit sous le coup de la colère, après avoir vu tuer son ami. Il refuse de voir mourir d'autres résistants pour une cause qu'il ne comprend pas et stoppe ainsi, seul, le train dans une séquence spectaculaire.
George Clooney avec Monuments men (2014) se positionnera sur une option médiane, le risque mesuré, tout à fait défendable. La question laissée en suspens, est valorisée l'action des hommes de la résistance qui agissent au milieu d'une époque encore troublée par des années de collaboration. L'art est bien peu de chose face à l'action qui a le pouvoir de sauver le monde semble dire Frankenheimer. Il le dit cependant de manière tres efficace : le film est truffé d'actions spectaculaires et de suspens alors que la profondeur de champ derrière des visages en gros plan et les contre-plongées sur les machines accentuent les émotions et les tensions entre les personnages ou la puissance des trains.
Un peu d'histoire
Le pillage des collections européennes par le IIIe Reich est organisé pour approvisionner le musée de Linz, ville d'Autriche où Hitler passa sa jeunesse et celui, personnel, d'Hermann Goering et, accessoirement, de compléter les collections nationales allemandes. Le processus commence à la libération de Paris. Le 1er août 1944, sur ordre de Hermann Göring des oeuvres avaient été transportées jusqu'à la gare par camion depuis le Jeu de paume, dans la cour duquel avaient été auparavant brûlés un grand nombre de chefs d’œuvre de "l'art dégénéré", des Picasso, des Braque… Le train du film a bien existé mais dans la réalité il transportait principalement des meubles. Seules cent quarante huit œuvres, dont beaucoup de Marie Laurencin, avaient été chargées. Les trente et un wagons du train no 40044 ne sont jamais vraiment partis de la gare. Il y sont restés plus d'un mois principalement parce que le personnel allemand manquait pour faire le chargement et que les hommes affectés à cette tâche n'étaient pas qualifiés pour l'accomplir, mais aussi parce que les cheminots français ont su inventer toutes sortes de prétextes. Le 27 août, ce dernier train chargé d'œuvres est arrêté en gare d'Aulnay grâce aux informations données à la division Leclerc par Rose Valland (Ici Mlle Villard, interprétée par Suzanne Flon). Simple attachée au musée du Jeu de Paume, Rose Valland avait réussi à s'y maintenir durant l'Occupation alors que ce bâtiment est devenu la "gare de triage" des pillages en France, ce qu'elle documente aidant ainsi a grandement les Monuments men.
Jean-Luc Lacuve, le 6 février 2022.