La taverne de l'Irlandais

1963

Genre : Aventures

(Donovan's reef). Avec : John Wayne (Michael Patrick "Guns" Donovan), Lee Marvin (Thomas Aloysius "Boats" Gilhooley), Elizabeth Allen (Amelia Sarah Dedham). 1h49.

Thomas "Boats" Gilhooley débarque sur l'île d'Haleakaloha. Il vient retrouver son vieux copain Michael " Guns " Donovan et fête avec lui leur anniversaire commun par des bagarres homériques.

Peu après, ils apprennent l'arrivée d'Amelia Dedham, fille de leur ami le docteur. Elle vient enquêter sur l'existence menée par son père et savoir s'il est digne de recevoir l'héritage qui l'attend à Boston. Pour permettre au docteur, parti en tournée dans les îles, d'expliquer sa situation, " Guns " décide de prendre ses trois enfants métis chez lui. Accueillie très fraîchement par Donovan qui lui fait prendre un bain forcé, Amelia s'installe dans la maison de son père. Elle ne tarde pas à faire la connaissance de ses frères et sœurs et passe ses journées en compagnie de leur " papa". Lorsqu'elle annonce à son père de retour le but de son voyage, celui-ci se déclare inintéressé par l'héritage, une compagnie de navigation.

Au cours de la fête donnée en l'honneur de la jeune princesse Lelani, fille aînée du docteur, Amelia, qui s'en doutait déjà, apprend la vérité sur la seconde famille de son père. La fête terminée, Amelia se rend à la taverne de Donovan pour lui dire ce qu'elle pense de son attitude. Celui-ci qui voulait l'humaniser, parachève son œuvre en l'embrassant avant de lui administrer une magistrale fessée afin de lui rappeler qui serait le maître dans leur ménage.

Vingt six ans séparent The Hurricane de La Taverne de l'Irlandais. Les deux films ont en commun la présence du propre yacht de John Ford, l'Araner, le fait que les gouverneurs français y portent le même nom et aussi évidemment Dorothy Lamour. The Hurricane décrivait d'un côté la joie de vivre des indigènes, de l'autre le fanatisme légal du gouverneur. L'ouragan promis par le titre détruisait à la fin la majorité des habitations et de leurs occupants, réfugiés dans l'église, elle aussi victime des éléments déchaînés. La taverne de l'Irlandais évoque au contraire avec une savoureuse nonchalance l'univers paradisiaque des îles de la Polynésie. Le gouverneur n'est pas un fanatique, mais un sympathique vieux séducteur campé par Cesar Romero, le médecin n'est plus le vieil alcoolique joué par Thomas Mitchell mais un homme qui dirige l'hôpital local et le prêtre du pays -ici joué par Marcel Dalio- n'a de problème qu'avec la toiture de son église qui laisse trop souvent passer la pluie

L'arrivée d'Amélia va quelque peu bouleverser ce petit monde qui vit au rythme des vagues. Au contact de cet univers et de ces hommes qui vivent aux antipodes de chez elle, la jeune femme va comprendre qu'il existe une autre manière d'apprécier la vie…

Les relations entre Donovan et Amelia rappellent volontiers celles du couple de l'Homme tranquille : Donovan va accueillir Amélia à sa descente de l'Araner et se retrouve dans l'eau avec elle, et, à la fin, avant de l'embrasser, il lui fera sentir en la fessant vigoureusement qui doit demeurer le patron…Entre temps, Amélia aura symboliquement enlevé son maillot de bain début du siècle pour apparaître dans un très séduisant maillot noir d'une pièce qu'elle gardait pour plus tard. Battant Donovan à la nage, elle laisse volontiers virevolter une jupe blanche qui semble ne rien vouloir recouvrir.

Les deux adversaires de L'Homme qui tua Liberty Valance, John Wayne et Lee Marvin, aiment à s'affronter dans des bagarres aussi musclées qu'amicales, Dorothy Lamour chante "Holy night, silent night" en plein orage, un des officiers australiens chante en s'accompagnant au piano "Waltzing Matilda" et Ford semble bien ne pas avoir été le dernier à apprécier cette atmosphère délicieusement anachronique, dans laquelle il fait bon rêver.