Un tueur professionnel habile et anonyme, The Killer, surveille une chambre d'hôtel parisienne depuis un local de bureau en travaux situé en face.
Chapitre un -> Paris / La cible
The Killer s'apprête à utiliser un fusil à lunette sophistiqué pour tuer une cible qui n'arrivera dans cette chambre d'hôtel qu'à une heure indéterminée. En attendant la cible, ce qu'il fait depuis quatre jours, il mange, pratique le yoga, écoute Les Smiths et parle au téléphone avec son employeur, un avocat nommé Hodges. Le tueur commente ses activités, soulignant le caractère routinier, voire ennuyeux, de son travail et comment son cynisme et son manque d'empathie sont bénéfiques pour le métier qu'il a choisi et les résultats obtenus : 100 % de réussite. La cible arrive finalement en compagnie d'une femme, une dominatricebientôt habillée de cuir. Le tueur vise, la cible se dérobe derrière un mur, le tueur vise et tire mais rate sa cible, tirant accidentellement sur la dominatrice. Il s'enfuit, réussit à échapper à la police et s'envole pour les États-Unis sous l'une de ses nombreuses fausses identités. Il retarde d'un jour son vol suivant car il est inquiété par un homme à chaussettes rayées qu'il a déjà observé dans son voyage depuis Paris.
Chapitre deux -> République dominicaine/ La planque
Des États-Unis, il s'envole pour son domicile en République dominicaine pour découvrir qu'il a été cambriolé et que sa petite amie, Magdala, a été attaquée. Bien que rouée de coups, elle a survecu en s'echappant in extremis des griffes de ses agresseurs ; une brute et une femme qui l'accompagnait et qui le cherchaient, lui, le tueur. Celui-ci en déduit qu'ils ont été envoyés par Hodges. Il retrouve le chauffeur de taxi, Leo, qui a conduit les assassins jusqu'à sa maison. Leo les identifie comme un jeune homme extrêmement musclé et une femme plus âgée, fine aux cheveux blancs, "un coton-tige". Le tueur tire sur Léo, laissant son corps dans son taxi.
Chapitre trois -> La Nouvelle-Orléans/ L'avocat
Le tueur se rend à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, où il a notamment un box de stockage rempli d'armes, de munitions et de fausses plaques d'immatriculation. Il entre dans le bâtiment de l'avocat Edward Hodges, son commanditaire, déguisé en agent sanitaire, pour recueillir des informations. Il retient la secrétaire de Hodges, Dolores, et détruit les enregistrements électroniques de leur longue collaboration passée. Alors que Hodges tente de dédramatiser la situation, le tueur lui tire une balle dans la poitrine avec un pistolet à clous pour tenter de lui faire avouer les noms des tueurs à gages, mais Hodges meurt plus rapidement que ne l'avait prévu le tueur. Dolores propose de montrer au tueur l'identité des assassins dans ses dossiers papier personnels chez elle, demandant en échange que le tueur lui accorde une mort rapide et non suspecte afin que sa famille puisse réclamer sa succession via une assurance-vie ; il la lui accorde en lui cassant soudainement le cou et en la poussant dans un escalier, faisant passer cela pour un accident.
Chapitre quatre -> Floride/ La Brute
Le tueur se rend à St. Petersburg, en Floride, où il s'introduit par effraction dans la maison de La Brute après avoir drogué son pitbull. La Brute le surprend, riposte et blesse gravement le tueur, mais il parvient quand même à tuer La Brute et brûle sa maison. Bien que diminué physiquement, il s'envole ensuite pour l'aéroport de La Guardia.
Chapitre cinq -> New York/ L'Experte
Le tueur se rend ensuite à Beacon, New York, où il affronte L'Experte, une tueuse à gages plus âgée dans un restaurant gastronomique. Semblant accepter son sort, L'Experte s'interroge sur les motivations du tueur à poursuivre son métier. Terminant son dîner, L'Experte permet au tueur de procéder à son exécution à l'extérieur. Il l'abat après qu'elle ait trébuché et demander un coup de main. Un petit poignard tombe de sa paume, indiquant qu'elle envisageait de le surprendre d'un coup de couteau.
Chapitre six -> Chicago/ Le client
Le tueur se rend finalement à Chicago, où le client, le milliardaire Claybourne, vit dans un appartement haut de gamme. Il sait sa mission risqué puisque "L'efficacité de la police est proportionnelle à la fortune de la victime". Le tueur observe sa routine, utilisant des outils peu coûteux achetés sur Amazon pour cloner la carte d'accès de sa maison et contourner la sécurité du bâtiment. Il interroge Claybourne sous la menace d'une arme, lui demandant s'il a ordonné les représailles par grief personnel. Claybourne affirme qu'il n'a aucun problème personnel avec lui et, en tant que client d'un tueur à gages pour la première fois, il a accepté de payer Hodges pour régler les conséquences d'un échec sans savoir ce que cela impliquait. Le tueur épargne Claybourne, mais promet de revenir et de le tuer d'une manière horrible s'il soupçonne un jour que Claybourne lui en veut.
Epilogue -> République Dominicaine
Le tueur retourne en République dominicaine et retrouve Magdala en convalescence, commençant à s'acclimater à la retraite. Le besoin de se sentir en sécurité est une pente glissante. Le destin est un placebo. Le seul chemin tout tracé est celui déjà parcouru. Si pendant le peu de temps qui nous est donné, on ne peut pas l'accepter, on ne fait peut-être pas partie de l'élite mais plutôt, comme moi, de la masse.
Tiré d’une bande dessinée française signée Matz et Luc Jacamon (Le Tueur, Casterman), The Killer (2023) permet à Fincher de de revenir aux sources de la série B, du type Tuez Charley Varrick ! (Don Siegel, 1973), La loi du milieu (Mike Hodges, 1970) ou de l'épure, type Le samouraï (Jean-Pierre Melville, 1967)
Un orgueilleux qui déraille
Comme toujours chez Fincher, le héros a l'obsession du contrôle. Orgueilleux et présomptueux, il suit implacablement la ligne qu'il s'est fixée. Tueur à gages, solitaire et froid, il tue ses victimes méthodiquement, sans scrupules ni remords. Très précis et organisé, il se répète régulièrement plusieurs règles qu'il s'oblige à respecter :" Respecte le plan ; Anticipe, n'improvise pas ; Ne fais confiance à personne ; Ne mène que le combat pour lequel on te paye". Puis un "Voilà ce qu'il en coûte si tu veux réussir" à chaque exécution. Il se targue d'une réussite à 100 % dans ses missions et se vante de pouvoir se noyer dans la masse en portant un costume mieux qu'anonyme, celui d'un touriste allemand, que personne n'a envie de voir. Il se considère comme un être à part, qu'il vaut mieux pour chacun ne jamais rencontrer.
Il semble pourtant que, pour une fois, Fincher s'amuse, dans cette œuvre mineure, à détruire cette fiction du contrôle avec un personnage particulièrement caricatural, joué par un Michael Fassbender, à l'unique expression d'un visage buté et inexpressif. En dépit de son long discours inaugural en voix off et de ses prétentions, le tueur rate sa cible. Les multiples armes, plaques de véhicules et passeports de son box de La Nouvelle-Orléans confinent à l'excès. Il échoue à faire parler Edward Hodges et ne doit qu'au désir d'une mère de bénéficier de son assurance-vie pour ses enfants d'obtenir les renseignements sur les tueurs. Il se fait surprendre par la brute et aimerait sans doute discuter avec L'Experte plus longtemps. Tout aussi paradoxalement c'est cette série d'echecs qui consuit le tueur à bénéficier d'une retraite heureuse auprès de la femme qu'il aime ; un écho surprenant mais juste à la chanson des Smiths, qu'il écoutait :"I Know It's Over" ou d'une image d'apaisement après le générique initial, balayé de rayures.
Jean-Luc Lacuve, le 16 novembre 2023.