Après Paris vu par, Paris vu par.. vingt ans après , Paris je t'aime, A propos de Nice.. la suite, Tokyo ou New-York I love you, c'est au tour de la ville de Caen d'entrer dans la danse des films collectifs réunis autour d'une unité de lieu.
Sans doute parce que les quatorze réalisateurs sont tous caennais ne se sont-ils pas sentis obligés de parcourir les lieux emblématiques de la ville. On ne retrouvera ceux-ci que sur les maquettes du dessin animé de Katasrophique monsteuuurs. On voit toutefois la place du palais de justice dans Grind qui se garde de montrer l'hôtel de ville pour s'engager juste avant le long des murailles romaines. Froide rue explore la célèbre rue froide du centre-ville. Le veilleur se promène sur le campus de la faculté, J'ai plus de batterie retrouve le quartier de la gare et Lumières du soir celui du quartier sainte Thérèse autour du cinéma Lux. Rendez-vous au nouveau monde tire profit de la poésie des zones industrielles et Petite discussion d'outre-tombe de celle du cimetière des quatre saisons. Les banlieusards transfigure le quartier du chemin vert.
La série des quatorze films se conclut toutefois par le spirituel Caen vue du ciel qui montre fort bien la situation de la ville, proche de la mer à laquelle elle est reliée par un canal et un fleuve. Périphérique proximité avec la campagne sont aussi des atouts utilisés avec humour par son auteur
Quatorze films, quatorze auteurs, c'est sans doute difficile à dire. Il faudra voir les prochaines réalisations de chacun d'eux pour savoir si leur regard sur le monde s'y retrouve. Pour sept d'entre eux, le projet formel est premier avec une grande réussite pour l'aborder de manière originale, le redoubler d'un autre genre ou le lester d'une chute qui nous amène à le revoir différemment. Quatre films jouent sur une atmosphère poétique qu'ils tentent de maintenir sur la durée. Trois réalisateurs enfin font confiance au réalisme pour porter leur sensibilité.
Sept films qui jouent le genre.
Sur ces sept films, quatre se référent explicitement à une forme canonique du cinéma ; CSI Caen à la série des experts, Grind au film d'horreur, Lumières du soir au film noir et Katasrophique monsteuuurs au film d'animation de science-fiction. Chacun d'eux toutefois jouent de leur genre initial pour proposer un angle original.
Rendez-vous au nouveau monde impose une esthétique formaliste (perspective du pont, scope, étirement du temps) mais pour mieux s'en défaire dans sa chute, le hors champ du paquet. Pour les trois premiers complices, celui qu'ils ne voient pas s'en tire toujours le mieux alors que celui d'en dessous (le plus pauvre, le plus exclu) trime, se cogne et s'enferme. Sans doute la plus belle chute, celle à la Maupassant qui oblige à revoir le film pour le découvrir autrement.
Caen vue du ciel avec sa voix off au ton original, amusant et séduisant, réussit avec de simples images, prises sur googlemap mais forts bien retravaillées, à captiver de la première à la dernière image.
Les premières images de Banlieusards, qui détaillent le corps s'habillant de la jeune dessinatrice, indiquent qu'il s'agira ici avant tout d'exacerber la sensualité de celle-ci. Le curieux objet qu'elle trouve, la lumière blanche qu'il dégage en font un objet sexuel aussi bizarre que manifeste. Le film se termine dans un délire burtonien de sensualité violente.
Quatre films qui jouent la poésie
Une atmosphère de folie douce imprègne Rodéo,
Petite discussion
d'outre-tombe, Garde-fous
et Traces secrètes.
C'est sans doute ce dernier qui tire le mieux son épingle du jeu sachant
se cantonner à trois petites minutes pour proposer une vision plus
originale que le simple accéléré car mâtiné
de ces fameuses traces secrètes que, qui voudra pourra s'amuser à
retrouver en flânant el soir. Cette poésie un peu étrange
est plus originale que le surréalisme, tenu mais un peu convenu, des
autres films de ce groupe.
Trois films réalistes
Froide rue propose un message humaniste des plus simples, l'attention aux voisins avec un programme formaliste très chargé dont il peine à se dégager.
J'ai plus de batterie boucle son projet sur la batterie retrouvée mais réussit son programme narratif assez risqué. L'atmosphère show-biz de bazar allège un thème difficile, celui des relations renouées entre un fils et son père trop longtemps absent.
Le parcours du Veilleur, jeune homme épuisé et manipulé qui au bout de son parcours exténuant retrouve le grille-pain de la liberté (si si !!) mise sur le contraste entre la lourdeur du corps, sa saleté et la légèreté toujours nécessaire de l'esprit.
Avec : Carlos Gomez, Jean-Luc Chemin, Pierre-Emmanuel Le Brun.
0h15.
Un matin très tôt,
un homme arrive en vélo et se poste sous le pont de Calix, devant le panneau
« Rue du Nouveau Monde ». Un matin très tôt, une ambulance s'engage sur le
pont de Calix avec trois hommes à bord censés larguer un paquet
à la verticale du pont. L'homme en vélo guette l'arrivée du
colis...
Dans ce Rendez-vous du nouveau monde, il sera question d'un rendez-vous raté, pas tant que le paquet ne tombe pas au bon endroit mais parce que les hommes de l'ambulance, ayant fait ce qu'ils estiment être le plus important, s'imagineront, qu'en bas, leur complice n'a rien à faire. Barbelés, cailloux et finalement peut-être encerclement carcéral auront raison de lui. Sous ses aspects formalistes une métaphore des relations humaines déshumanisantes et mercantiles du futur.
Avec : Timo Torikka (François), Sarah Lagarrigue-Courval (Lilou).
0h14.
Lilou, jeune fille
en vacances, filme son quartier. Entre sa passion de la vidéo et la
librairie de son père, elle passe un été ordinaire jusqu'à
la découverte surprenante de son voisin. Celui-ci est mort depuis tant
de temps que son squelette parait sous la chair. Les rats sont à l'&caenvupar.htm#156;uvre.
Lilou enquête sur cet ancien réalisateur, compatis et se promet
d'être plus attentive à son nouveau voisin. Encore faudrait-il
qu'il soit moins occupé.
Hésite entre le traitement social de son sujet et une distanciation "arty"" introduite par une Lilou vidéaste, un père libraire, un mort qui fut cinéaste dont on voit un court court-métrage, une visite au projectionniste du Lux et la chanteuse des rues. Du coup, la chute parait aussi un peu fabriquée à l'image du "jeu de mot" de son titre qui voudrait que l'aspect artiste de la rue froide empêcherait-il tout vrai rapport humain de s'y créer.
Avec : Virgil Guguen, Justine Haelters, Marc Antoine Vaugeois.
0h13.
Un homme hirsute,
en pyjama et robe de chambre, s'extirpe sans provenance explicite d'une forêt.
Commence une errance paisible et aléatoire ponctuée de rencontres éphémères.
Comme une cavale insignifiante, une évasion lasse, un rodéo mou.
L'atmosphère de folie douce est constante. Un peu long pour juste maintenir une atmosphère.
Avec : Gérard Picot (Le chef), Marie-Christine Kerpedron
(Catherine). 0h10.
Les experts de Caen
Scientifique Investigation enquêtent sur le crime d'une jeune femme
retrouvée morte à l'angle de la rue aux fromages. Le laboratoire
révélera qu'elle a été tuée d'un coup de
louche à camembert. Mais le chef est fan du stade du stade Malherbe
et préfère laisser courir le criminel plutôt que de rater
le match.
Personnages et esthétique pastichent avec soin la série. Un second degré introduit par la désinvolture soigneusement irresponsable du chef. Une jolie fin un peu inquiétante.
Avec : Augustin Hauville (Arthur), Sorana Dobré (Lucie),
Philippe Daurios (Jeff). 0h16.
Arthur, vingt ans,
court dans la rue pour rejoindre une finale de Karaoké au bar du Nautilus
dans le quartier de la gare. Il doit y être dans quarante minutes mais
doit récupérer avant sa copine Lucie qui y participe aussi mais
dont le train est en retard. Tout déraille : la batterie de son téléphone
portable est déchargée, sa copine est énervée
du retard et plus encore quand Arthur lui demande de se cacher de son père
qui sort du train. Lucie s'emporte qu'Arthur lui ait menti sur ce père
présent à Caen alors qu'Arthur lui avait dit l'avoir perdu de
vue depuis des années...
Retrouvailles familiales douces-amères dans le quartier de la gare.
Avec : Philippe Houssin (L'homme), Ensemble Vocal Arpador
(Voix). 0h09.
Les morts parlent
et philosophent à la petite semaine avec leurs différents accents. Dans le
cimetière des Quatre Nations, les âmes défuntes échangent et débattent mais
elles sont bien décidées à sauver un candidat au suicide
La bande son n'est hélas pas à la hauteur de l'image.
Avec : Nicolas Combrun (Lucas), Célestine Roland (Sarah).
0h14.
Sur le campus universitaire
caennais, Lucas, un veilleur de nuit, surprend un tagueur en flagrant délit.
S'ensuit une traque et des rencontres qui amèneront Lucas à s'ouvrir un peu
plus au monde qui l'entoure.
Le veilleur est jeune homme épuisé et manipulé qui, au bout de son parcours exténuant, retrouve le grille-pain de la liberté. Le film mise sur le contraste entre la lourdeur du corps, sa saleté et la légèreté toujours nécessaire de l'esprit.
Avec : Marine Broussaud, Thomas Canevet (Boris), Juliette
Ceintre. 0h08.
Derrière
ses grosses lunettes, une jeune fille studieuse s'applique à créer
une bande dessinée sur un cahier d'écolier quand survient un
méchant couple de beaufs, Boris et sa copine. Boris, stupide personnage,
se moque de la jeune dessinatrice et jette son cahier dans l'égout.
En tentant de le récupérer, la dessinatrice se saisit d'un curieux
objet qui projette une lumière blanche qui la téléporte
dans son quartier tel qu'il devait être deux siècles plus tôt.
Un homme sans tête lui offre une couronne et la voila ramenée...
dans le jardin de Boris et sa copine. Celle-ci ne s'y trompe pas : la dessinatrice
est venue pour lui voler son homme. Les deux femmes se battent et la dessinatrice
parvient à regagner sa maison. Boris est troublé, obsédé
maintenant par la dessinatrice. Il force sa porte et veut récupérer
le curieux objet qu'il lui a vu entre les mains. Il irait jusqu'à tenter
de la violer quand la jeune fille lui assène un meurtrier coup de l'objet
sur le crâne. Alors que le sang se repend, la copine de Boris survient.
Transfigurée par la puissance de l'objet et ramenée deux siècles
en arrière, la dessinatrice décide de l'exécution à
la hache de la compagne du violeur.
Les premières images qui détaillent le corps s'habillant de la jeune dessinatrice indiquent qu'il s'agira ici avant tout d'exacerber la sensualité de celle-ci. Le curieux objet qu'elle trouve, la lumière blanche qu'il dégage en font un objet sexuel aussi bizarre que manifeste. Le film se termine dans un délire burtonien de sensualité violente.
Avec : Quentin Lecoeur, Yohann Allex, Benjamin Lavielle, Alice Pecout. 0h11.Deux fêtards au petit matin trouvent dans une poubelle un skateboard. L'un s'en saisi et se tue sur le bord d'un trottoir. Un jeune homme dans une mansarde, sa voisine le regarde. Près du palais de justice un passant ramasse la planche et descend jusqu'à l'hippodrome de la prairie. Sous le passage souterrain, la planche le tue. Elle file vers la mairie, tourne vers le centre chorographique.
Dans la mansarde le jeune homme applique des pansements sur ses blessures. Il sort et jette un sac ensanglanté. Pendant qu'il parcourt un champ, sa voisine rentre chez lui et découvre les pansements et un livre animé sanglant "Désobéissance man". Le jeune homme ramasse des fragments de corps mutilés dans le champ. Le skateboard file vers le terrain de skate de la ville alors que deux garçons y arrivent.
Le soir, Le skateboard s'approche de jeune gens qui déménagent. Il écrase une jeune fille avec la machine à laver qu'elle avait posé sur lui Les deux jeunes garçons du terrain de skate sont morts. Le jeune homme transformé en loup-garou dévore des cadavres. Pou lui, Le skateboard sort ses couteaux secrets, le feu, et le décapite avant de foncer chercher d'autres victimes...
Très marqué par le Trouble Every day de Claire Denis le film développe une poésie inquiétante formellement splendide avec notamment une image rouge sang de l'Orne.
Avec : Solveig Robbe, Pascal Dickens, Fabienne Beaugrand,
Noémie Moutel. 0h03.
La ville est fragments,
coins de rues, ombres dansantes et horizons lointains parsemés de clochers.
Le temps y file à toute allure ou y est dilaté à l'infini.
Avec : Martin Legros (Charles), Emilie Horcholle (Virginia),
Saâlla Kitar (Cléomène). 0h11.
A leur réveil, les
patients d'un hôpital psychiatrique découvrent le site laissé à l'abandon.
Franchissant les portes à nouveau ouvertes sur le monde extérieur, ils vont
déambuler au gré de leur folie dans la ville de Caen, elle aussi déserte.
Mais quand la normalité n'existe plus, ceux que l'on prenait pour des fous
paraissent étrangement de plus en plus sensés.
Associer les fous au surréalisme est un peu convenu.
Avec : Bob Sanzey (Paul), Cléa Michelini (Catherine), Romuald Duval (Louis),
Anne Biger (La maîtresse) François Morel. 0h14.
Paul, jeune retraité,
s'apprête à assister à une séance de cinéma
très intime au cinéma Lux. Il s'agit du premier film qu'il avait
vu avec sa femme lors de leur premier rendez-vous il y a trente-cinq ans.
Dans ce film Louis, une petite frappe s'en revient chez lui avec sa maîtresse
qu'il chasse quand il s'aperçoit que sa femme est revenue. Louis met
au défi Catherine de le tuer, elle s'évanouit. Paul entre dans
la fiction sous les traits de l'inspecteur. Paul se réveille, il est
seul dans la salle. Il en sort mais se trouve enfermé dans le cinéma.
Il parvient dans la salle de projection et relance la machine. Paul est à
nouveau dans le film. Le gangster est mort. Sa femme demande la protection
de Paul mais la bonne survient et crie. Paul est de nouveau seul dans la salle
de cinéma. Le Paul de l'écran regarde le Paul dans la salle,
mort. C'est dans la fiction que Paul retrouve à nouveau Catherine aux
abords du cinéma Lux aujourd'hui.
Vincent Ducard reprend les grandes figures du cinéma noir traditionnel où les personnages se confondent avec les personnages des films qu'ils regardent pour un romanesque que transfigurent néons, couloirs de cinéma, et fauteuils rouges de la salle. Ducard plonge alors vers le fantastique sans chercher à tromper sur l'étrangeté de la situation : flou des images, affiche de Rêves de Kurosawa.
L'hommage au film noir à la française (plus Franju que Grangier) mâtiné d'élégance italienne et de clichés américains (chapeau, imper) se redouble ainsi d'une histoire en abîme qui fait parfois penser à David Lynch.
Des monstres géants attaquent Caen ! Les habitants-fromages vont devoir se méfier du monstre-pâte à modeler qui écrase tout. Mais, alors que la ville semble perdue, la résistance s'organise... Les monuments historiques en carton-photos en prennent un coup sous les doigts habiles de petits génies de l'animation caennaise. Godzilla n'a qu'à bien se tenir !
Jeu de massacre, cruauté joyeuse à écraser les petits camenberts normands.
Christian, reporter de l'extrême, a décidé de faire un reportage sur une ville mais vue du ciel parce que c'est plus pratique pour tout voir. Comme il n'a pas d'hélicoptère, il le fait grâce à Google sur internet. Caen permet de conjuguer la beauté pure de la nature avec les avantages de la vie en ville. Les parkings sont bondés pour laisser des espaces verts. Soudain, Christian repère une faille spatio-temporelle, quelque chose tenterait-il de sortir de terre ? N'est-ce pas un oeil géant, des oreille, nez, bouche, et slips gigantesques. Certains fuient d'autre tentent de communiquer.. avant de se rendre compte que secs géants c'est les humains qui les avaient fabriqués
Voix off au ton original, amusant et séduisant. Une réussite de la première à la dernière image.
Jean-Luc Lacuve le 21/02/2011.