Interior design de Michel Gondry. Un jeune couple tente de s'installer à Tokyo. L'ambition du jeune homme est claire, devenir réalisateur. Quant à sa compagne, plus indécise, elle a le sentiment diffus de perdre le contrôle de sa vie. Tous les deux se noient dans cette ville sans repères, jusqu'à ce que la jeune femme, trop seule, devienne l'objet d'une étrange transformation...
Merde de Leos Carax. Une ignoble créature sème la panique et la mort dans les rues de Tokyo. Les media la surnomment “La Créature des Égouts”. L'armée finit par la capturer. Il s'agit d'un homme, d'une civilisation inconnue, qui se fait appeler Merde. Son procès déchaîne les passions.
Shaking Tokyo de Bong Joon-ho. Depuis plus de dix ans, il est hikikomori. Il vit enfermé dans son appartement, réduisant au strict minimum tout contact avec le monde extérieur. Lorsque la livreuse de pizza s'évanouit chez lui durant un tremblement de terre, l'impensable arrive, il tombe amoureux. Peu après il apprend que la jeune fille devient hikikomori à son tour. Osera-t-il franchir la porte qui sépare son appartement du reste du monde ?
Le thème du premier et du troisième segment est le besoin de s'enfermer en soi-même pour trouver sa place.
Dans Interior design, Hiroko ne trouve pas cette place : elle a de la créativité mais pas la faculté de produire. Elle tente d'abord de tout maîtriser. Akemi qui les loge avec son compagnon Akira est son amie et c'est elle qui cherche les studios, pense à la voiture et gère les conflits avec Akémi qui désire les voir partir. Lorsque les ennuis s'amoncellent, Hiroko ne désire bientôt plus que vivre avec les fantômes plats dans les fentes des bâtiments... et se replie en chaise. Cette destiné tragique est contrebalancée par le destin bien plus léger d'Akira, jeune réalisateur de séries B intellectuelles et d'avant-garde.
On trouve la même finesse psychologique, une même attention aux personnages et une même rigueur de mise en scène chez Bong Joon-ho avec l'histoire du hikikomori amoureux. Les quelques plans des rues de Tokyo désertées de leurs habitants car tous repliés chez eux sont assez terrifiants.
Le segment central s'oppose nettement à ceux qui l'entourent : aussi mal élevé, fou et expressionniste que les deux autres sont attentifs aux détails du quotidien japonais et psychologiques.
Merde, sorti des égouts, ravage tout comme Cordelier dans le film de Renoir. Jouissance de Carax d'opposer le mauvais goût français, sont côté primaire face à la civilisation gracieuse et policée japonaise : " J'aime pas les gens, j'aime pas les gens innocents" dira Merde " Parmi tous les gens, les Japonais sont vraiment les plus dégoûtants. Ils vivent trop longtemps et ils ont les yeux en forme de sexe de femme"
Cette sauvagerie iconoclaste (merde mange fleurs et fric et fait s'opposer, ultranationalistes et jeunesse contestataire) n'empêche pas l'humour. Merde fait s'envoler le couvre-chef de Benoît XVI qui condamne ses propos. On lui refuse sa dernière cigarette en montrant un panneau interdit de fumer dans la prison.
Film collectif de Bong Joon-ho (Shaking Tokyo), Leos Carax (Merde) et Michel Gondry (Interior Design). 1h50.