Septembre 1918. La 1ère Guerre Mondiale touche à sa fin mais personne ne le sait encore. Sur un bateau qui descend le Rhône, un réformé Pierre Bertin, rencontre Le père Larcher et ses deux filles, Marthe et Marie, des réfugiés du nord de la France qui fuient l'occupation allemande. Ils partent tous pour le bas Languedoc pour participer aux vendanges. Deux espions allemands Wilfrid et Fritz assassinent deux réfugiés belges en route pour la vendange et usurpent leurs identités...
Ils travaillent sur le domaine de Castelviel, qui a perdu la vue dans les tranchées, se trouvent ainsi plusieurs réfugiés venus du nord, chassés de chez eux par la guerre. Le Père Larche n'a pas de nouvelles de sa troisième fille, Louise. Elle est restée à Maubeuge, en zone envahie, et son mari se bat on ne sait où. Il y aussi Pierre Bertin, un soldat en permission de convalescence à la suite de blessures héroïques. Et deux prisonniers allemands évadés qui se font passer pour Belges : Wilfried et Fritz.
Les deux allemands volent la paye des vendangeurs pour continuer leur chemin vers la frontière espagnole et font accuser Sara, une gitane (dont le mari est mort pour la France dans la légion étrangère). Sara sera innocentée lorsqu'on trouvera le cadavre de Wilfried - qui avait précisément été l'un des premiers Allemands a expérimenter les gaz asphyxiants contre les Français - asphyxié dans une cuve par les gazs de fermentation du raisin et serrant encore dans sa main le sac contenant l'argent dérobé. Son complice, Fritz, se fait passer pour muet parce qu'il ne parle pas un mot de français. Il est démasqué par le vin nouveau qui le rend loquace.
La maison de Louise à Maubeuge est occupée par les Allemands. Après avoir hebergé secrètement pendant un jour ou deux son mari Jacques, évadé d'un camp de prisonniers, elle est enceinte, puis mère, et doit faire face à l'opprobre des bons patriotes.
A Castelviel, le Père Larcher, apprend par des réfugiés de Maubeuge, le faux pas de sa fille et pleure son honneur perdu. Mais l'arrivée de Jacques en permission qui par hasard retrouve les siens au castel, rétablit la vérité.
Finalement, Pierre Bertin se fiancera à Marie Larcher et tout le monde lèvera son verre de vin nouveau à la Victoire.
L'intrigue, très dense, s'organise autour de deux lignes principales. Premièrement une intrigue que l'on pourrait qualifier de policière avec les deux allemands qui volent la paye des vendangeurs et font accuser Sara. Le film est aussi une étude de moeurs : l'histoire de Louise dont la maison à Maubeuge a été occupée par les Allemands. Après avoir hebergé secrètement pendant un jour ou deux son mari Jacques, évadé d'un camp de prisonniers, elle est enceinte, puis mère, et doit faire face à l'opprobre des bons patriotes.
Avec ce film, Feuillade fait oeuvre de propagande alors que la première guerre mondiale est proche de sa fin. Plutôt que de nous offrir une vision du champ de bataille, il nous montre la vie de ceux qui sont restés à l'arrière comme le fait en partie Abel Gance dans J'accuse (1919).
Mais, contrairement au film de Gance, Feuillade offre un film patriotique avec son lot de propagande anti-allemande. Un des deux espions allemands est d'ailleurs interprété par Louis Lebas qui se faisait une spécialité des personnages de criminels dans les films de Feuillade (Les Vampires) et de Perret (L'enfant de Paris). Les bases sont claires : il faut faire un dernier effort pour bouter l'ennemi hors de France en se serrant les coudes face à un envahisseur criminel et vicieux.
Mais, le film est ausis une ode à la nature avec un souci de réalisme proche d'André Antoine. Le début du film se déroule sur une péniche sur le Rhône qui rappelle L'Hirondelle et la Mésange. La vendange a lieu dans l'Hérault, la région natale de Feuillade. Une camaraderie s'installe entre les vendangeurs et le propriétaire du domaine, la Capitaine de Castelviel. On embauche même une gitane (ou 'caraque' dans la patois local) car son époux est mort au front.
Wilfrid, sans scrupule ni morale, a utilisé les gaz de combats. Il meurt après avoir inhalé les gaz toxiques produits par la fermentation du raisin. (Il est d'ailleurs frappant que dans Les Vampires, tourné dans les premières années de la guerre, on observe également ce recours aux gaz toxiques pour endormir les participants d'une fête pour leur dérober argent et bijoux.) Pour contrebalancer ce personnage allemand (que les intertitres appellent 'boche' selon l'expression typique de l'époque), le complice Fritz, lui se contente de suivre et de se taire en se faisant passer pour muet. Il joue néanmoins au violon Standchen (sérénade) de Franz Schubert lors d'une scène pastorale où les vendangeurs se reposent près d'une rivière en songeant au passé.
Le film finalement touche à tous les aspects de la guerre : la population occupée, le sort des femmes, les blessés de guerre, et le désir ardent du retour à la paix. Le film se termine d'ailleurs sur une note optimiste où tous trinquent avec le vin nouveau qui annonce des lendemains meilleurs.