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Juve contre Fantomas

1913

Voir : Photogrammes

D'après le roman de Pierre Souvestre et Marcel Allain. Avec : René Navarre (Fantômas, alias le docteur Chaleck et Le Loupart), Edmond Bréon (L'inspector Juve), Georges Melchior (Jérôme Fandor), Renée Carl (Lady Beltham, Yvette Andréyor (Josephine). 1h01.

Première partie : La catastrophe du Simplon-Express. Juve, responsable de la sureté nationale, appelle son ami et collaborateur occasionnel et bénévole, Jérôme Fandor, journaliste à 'La Capitale'. Il est inquiet et lui montre le rapport qu'il va envoyer : le cadavre de la femme trouvé chez le docteur Chaleck n'a pu être identifié car la victime a été complètement défigurée. On a retrouvé des papiers au nom de lady Beltham qui fut la complice de l'assassin Gurn évadé de la santé le matin même. Fandor y voient la trace de Fantômas. Juve et lui décident de prendre le docteur Chaleck en filature.

Durant le voyage en taxi qui entraine l'élégant docteur Chaleck vers un quartier populaire de Paris, celui-ci s'est transformé en un voyou inquiétant. Dans la rue, il reçoit un billet d'une prostituée, Joséphine. Elle lui donne rendez-vous le soir à la gare de Lyon pour piéger un riche négociant qui est amoureux d'elle sans savoir son métier. Juve décide de suivre l'homme tandis qu'il confie la filature de la prostituée à Fandor. Mais un complice de Chaleck saute à l'arrière du taxi de Juve et en crève un pneu ce qui met fin à sa filature.

Cependant Fandor a réussi à suivre Joséphine en métro et jusque chez elle. Une heure plus tard, elle ressort habillée en bourgeoise. Elle rejoint M. Martialle, négociant en vins à Bercy, à la gare de Lyon. Quand Fandor monte dans le train, il est repéré par les complices de Fantômas. Ainsi, lorsque ceux-ci dévalisent M. Martialle, ils neutralisent aussi Fandor. Le wagon décroché du convoi dévale la pente. Martialle et Fandor en sautent juste à temps mais ne peuvent éviter la collision de du wagon avec le Simplon express qui déraille alors.

Fantômas s'aperçoit que son butin est tronqué : les billets sont coupés en deux. Il décide d'aller chercher les autres moitiés de billets dans les bureaux de Kessler et Barru où travaille Martialle et de se débarrasser définitivement de Juve comme il croit l'avoir fait de Fandor. Il envoie un faux télégramme signé Fandor à Juve le priant d'être à Bercy le lendemain soir. Mais Fandor, renseigné par Martialle était venu se mettre à l'affut et il s'en faut de peu qu'il ne tire sur Juve. Fantômas ordonne à ses hommes de mettre le feu aux barriques d'alcool, condamnant Juve et Fandor à périr dans les flammes. Mais ceux-ci s'échappent dans un tonneau qui roule jusque dans la Seine.

Deuxième partie : Au "Crocodile". Juve et Fandor recherchent Joséphine dans les boites de nuit de Montmartre. Quand ils la trouvent, ils l'obligent à les renseigner sur Chaleck-le Loupart qui se trouve justement là en galante compagnie. Ils l'arrêtent mais le bandit parvient à s'échapper et s'en retourne impunément au "Crocodile".

Troisième partie : la villa hantée. Compromise par l'assassinat de lord Beltham, son mari, par Gurn, son amant qui n'était autre que Fantômas, lady Beltham, relaxée faute de preuves, avait trouvé refuge dans un couvent près de Paris. Elle reçoit un mot de Gurn lui demandant de le retrouver le mercredi suivant dans la villa qu'elle a mise en vente . Là les amants promettent de se retrouver tous les mercredis même si lady Beltham est effrayée par cette vie de criminelle.

Fandor et Juve qui ont repris l'enquête à zéro viennent fouiller la villa de lady Beltham en se faisant passer pour deux acheteurs. Le gardien les avertit que la villa est hantée : des lumières s'allument tous les mercredis à minuit. Il leur monter aussi le système de chauffage central. Ainsi, le mercredi suivant, quand lady Beltham retrouve Gurd, Juve et Fandor, cachés derrière la bouche d'aération surprennent la conversation des amants où Fandor promet de se débarrasser de Juve dans quatre jours garce à son exécuteur muet. Mais Juve n'avait pas oublié le cadavre broyé trouvé chez Chaleck et, au soir du troisième jour, il convie Fandor pour l'aider à enfiler un corset garni de clous. Peu avant l'aube une voiture s'arrête sous ses fenêtre et passe par sa fenêtre un python géant qui tente de l'étouffer et auquel il échappe garce à son corset.

Quatrième partie : L'homme noir. Fandor et Juve sont de nouveau cachés dans le jardin de la villa et pensent que Fantômas va s'échapper. Celui-ci les a repéré et piège la villa avec des explosifs. Les policiers envahissent la villa et poursuivent Fantômas jusqu'au sous-sol. Celui-ci se cache dans la réserve d'eau, se servant d'une bouteille au culot creux pour respirer. Fandor et Juve le croient dans la chaufferie mais ne parviennent là qu'à piéger le serpent python. Fantômas s'échappe par un soupirail et d'éclanche l'explosion de la villa, levant les bras au ciel en signe de victoire. Juve et Fandor on-ils trouvé la mort dans l'explosion de la villa de lady Beltham ?

Deuxième des cinq épisodes du Fantômas de Louis Feuillade. Sont restés célèbres le déraillement du Simplon-Express, la bataille parmi les tonneaux d'alcool du quai de Bercy et la séquence où un python géant tente d'étouffer Juve protégé par un corset garni de clous. Mais ces épisodes manquent aujourd'hui singulièrement d'ampleur.

Plus remarquable, comme le souligne Dominique Païni, l'équilibre entre le programme et l'aléa, entre ce qui est pensé et ce qui advient. Il y a lutte entre l'intensité de la fiction, au 1er plan, et l'indifférence de l'arrière-plan, son étonnante agitation. Ce qui pourrait être pesant, appuyé est contrebalancé par une matière aléatoire non voulue par le metteur en scène. Le cinéma y est pleinement art de la profondeur plus qu'un art de la surface. Il y acquiert sa plasticité propre vis-à-vis de la peinture et du théâtre, entre le programmé et l'accident. L'acteur court ainsi pour crever les pneus du taxi qui s'arrête. Mais un livreur est là dans le plan, en face du taxi et non intégré à la fiction. Cette prise de vue du cinéma muet révèle sa capacité d'accueillir toute la réalité dans le plan. Période perdue qui ne cherchait pas à faire le vide dans la réalité pour restituer de la vérité....

Source : Dominique Païni : Pour vous, qu'est-ce que le cinéma ?, conférence prononcée le samedi 5 avril 2014, au Café des Images.

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