Lady Chatterley

2006

Avec : Marina Hands (Lady Chatterley), Jean-Louis Coullo'ch (Parkin), Hippolyte Girardot (Clifford), Hélène Alexandridis (Mrs. Bolton), Hélène Fillières (Hilda), Bernard Verley (Le père de Constance). 2h38.

Constance est une jeune épouse bourgeoise dévouée. Elle sert au mieux son mari, Clifford, blessé au combat dans les Flandres, pendant la Grande Guerre, et sérieusement diminué physiquement.

Pourtant, le couple se doit de perpétuer la lignée, et Constance se prépare à rejoindre Menton, en France, pour se faire enfanter. En attendant, pour tromper son ennui, la jeune femme parcourt les bois, et tombe un beau jour sur Parkin, le garde-chasse, en pleine toilette, torse nu. Trouble intense. De cette rencontre va naître une découverte conjointe et une passion des sens. Une transformation aussi, pour cette femme confinée depuis toujours dans une existence morne, et pour cet homme retranché dans son territoire.

La construction de deux espaces, celui des châtelains et celui de l'homme des bois, séparés par une barrière de bois est certainement la plus belle idée de mise en scène du film.

Pour le reste, j'ai trouvé très lourds les plans de fleurs, de nature et de rivière qui ponctuent la première heure du film faisant contrepoids à la léthargie qui s'empare de Constance. N'est-il pas un peu académique d'opposer ainsi la courbe tenace de la vie et le parcours vers la neurasthénie du personnage qui, à ce moment, ne peut évidement pas voir la nature en éveil ?

Peut-être s'agit-il d'une bonne idée mais elle a du mal à faire tenir tout ce long début du film. Même ponctuation systématique dans l'utilisation de cartons à la manière du muet qui seront remplacés par la voix off, celle de Pascale Ferran, quand Constance s'éveillera à l'amour.

Les flashs mentaux lors de la découverte du corps de Parkin sont eux aussi un peu convenus. Si on a pu comparer Pascale Ferran à Alain Resnais. Il est fort dommageable (pour moi) de retrouver dans ce film toutes les afféteries systématiques et finalement ennuyeuses de L'amour à mort (écran de neige).


Les scènes entre Constance et Parkin sont toutes réussies : acteurs et dialogues remarquables.

Jean-Luc Lacuve

Les deux plus célèbres versions cinéma du récit de D.H. Lawrence sont L'amant de Lady Chatterley (Marc Allégret, 1955) avec Danielle Darrieux et le film érotique L'amant de Lady Chatterley (Just Jaeckin, 1981) avec Sylvia Kristel, sept ans après le succès d'Emmanuelle.

David Herbert Lawrence écrivit trois fois son dernier livre, L'amant de lady Chatterley. La troisième version, que le public connaît, est caractérisée par sa fin optimiste : les deux amants pourront se marier puisque les obstacles sociaux (différence de classe et de culture) apparaissent de moins en moins infranchissables.

Lady Chatterley et l'homme des bois, la deuxième version, peut surprendre le lecteur, qui ne reconnaîtra aucun des trois protagonistes, pas même lady Chatterley qui est plus " femme, moins cérébrale " et qui vit avec le garde-chasse sa première expérience véritable de l'amour. Sir Clifford est un intellectuel un peu snob. Quant à Parkin, le garde-chasse, c'est un être parfaitement inculte qui prête un peu à sourire avec sa petite taille et sa grosse moustache rousse. Ce n'est qu'à la longue que "Connie" Chatterley s'attachera à cet homme ombrageux, vulnérable, taciturne, et sera sensible à son charme "sauvage", à sa délicatesse, à sa tendresse infinie.

Pascale Ferran propose également deux version, Lady Chatterley, version courte pour le cinéma et Lady Chaterley et l'homme des bois, version longue pour la télévision.