Accueil Fonctionnement Mise en scène Réalisateurs Histoires du cinéma Ethétique Les genres Les thèmes Palmarès Beaux-arts

Gardez le sourire

1933

Genre : Mélodrame

Avec : Annabella (Marie), Gustav Fröhlich (Jean), Hélène Darly, Robert Ozanne (Le coiffeur, le vendeur de voitures, l'employé de banque), Marcel Vibert (Le commissaire), Camille Bert (Le curé), Jo Ferny. 1h25.

À Vienne, Jean se retrouve au chômage et expulsé de son logement. Désespéré et sur le point de se suicider par noyade, il se jette finalement à l'eau pour sauver Marie, une jeune femme ayant la même intention que lui. Sur le quai, il voit un panneau indiquant que tout sauveteur d'un noyé touchera quelques dizaines de shillings...Il la rejette immédiatement à l'eau ; crie pour alerter la police, et la secourt de nouveau. Le commissaire bon enfant leur fait grâce des frais de police mais exige un garant pour laisser Marie sortir de prison. Jean se propose en faisant miroiter qu'il possède un taxi... Bientôt. Au matin, Jean et Marie, leur vêtements séchés, sortent de prison sous le soleil. Jean achète un peigne pour Marie dans une droguerie. Il voit alors une publicité pour "Le radical", censé nettoyer toutes les tâches. Il achète une grosse barre de savon et quelques feuilles de papier, puis sous le regard admiratif de Marie, découpe le savon en petits morceaux qui, enrobés dans du papier, deviennent du "Radical". Ils parviennent ainsi à vendre suffisamment leurs bâtonnets de "radical" pour payer une chambre la nuit pour Marie. Jean, heureux, dort sur un banc. En se réveillant, Jean remarque une fête foraine qui cherche des vendeurs de ballons, rémunérés à la pièce. Il convainc Marie de les vendre pendant qu'il se fait employer par un forain pour être une tête de nègre qui servira de cible aux balles de sables que lui enveront les clients. Marie s'inquiète de le voir ainsi pris pour cible mais le premier client est débile et ses gestes maladroits. Il n'en est pas de même pour la bande de jeunes hommes qui frappent de toute leur énergie .L'un d'eux glisse une pierre dans la balle de sable et blesse Jean au front. Marie, effrayée, laisse s'envoler ses ballons et court à son secours. Jean est renvoyé, un autre chômeur prend sa place.

Entrée dans une boutique, ils entendent le patron se faire rembarrer au téléphone par une employée qui trouve qu'il l'exploite. Marie accepte aussitôt de prendre la place laissée vacante et doit s'exhiber en vitrine se faisant laver les cheveux avec un shampoing miracle. Jean est employé comme homme sandwich. Les semaines passent et le couple gagne assez d'argent pour survivre jusqu'à la fin de leur contrat. Celui-ci terminé, ils se retrouvent de nouveau à la rue. Comme certaines annonces proposent des emplois à des couples mariés, ils decident de se faire passer pour tels. Jean décroche deux anneaux de rideau en guise d'alliance. Un mouvement de foule les entraîne à l'intérieur d'une église où est célébré un mariage. Lors des échanges de vœux des mariés, il se disent "oui" tour à tour.

Ils trouvent un emploi de nettoyage de nuit dans un grand magasin. Ils remarquent le rayon des tenues de plages où des mannequins en costumes de bains se tiennent près de transats et d'une radio sur une fausse plage. La radio diffuse de la musique d'un concert pour "millionnaires" de Palm beach. Voulant en être ne serait ce que quelques instants, Jean et Marie s'affublent des costumes de plages et jouent aux millionnaires...Tant et si bien qu'ils s'endorment sur les transats. Ils sont la risée des employés arrivant au petit matin et sont immédiatement renvoyés.

Déambulant dans la rue, ils assistent à un accident du postier en vélo qui perd sa sacoche de courrier. Jean se charge de faire la distribution et est alors employé. La paie est stable, le couple emménage dans un appartement de HLM neuf. Jean a bientôt assez d'économie pour verser la première traite du taxi de ses rêves. Le couple participe à la fête des chauffeurs dans la plus grande exubérance.

Un dimanche, le couple aide un enfant qui a perdu un schilling sur une voie de tram... et c'est le drame : Jean est renversé et admis en urgence à l'hôpital. Les jours passent et Jean se remet lentement. Marie voit avec frayeur arriver la fin du mois et la nécessité de payer la seconde traite du taxi, ses recherches d'emploi n'ayant rien donné. Le 1er du mois, l'employé de banque surgit et reste sourd aux supplications de Marie. Celle-ci, en larmes, crie, s'accroche à lui jusque dans la cour de l'immeuble. Le prêtre qui passait par là en appelle alors aux voisins pour aider celui que tous connaissent et apprécient. Les voisins, du haut de leur appartement, jettent tous quelques pièces bientôt largement suffisantes pour payer la traite du taxi. Marie en pleure de joie sous les hourras des voisins agitant leurs mouchoirs.

Tourné en Autriche, ce film a fait l'objet de deux versions avec les mêmes acteurs mais pas les mêmes prénoms des personnages, Sonnenstrahl et celle-ci, en français. Le son est pourtant parfaitement inutile et même alourdit le film, notamment pour la séquence du mariage dans l'église avec les répétitions de "conformément aux préceptes de notre sainte mère l'église".

Cette séquence, sans valoir la scène de réconciliation de L'aurore (Friedrich W. Murnau, 1927) reste très émouvante comme l'ensemble du film dont le ton se rapproche du Crime de monsieur Lange (Jean Renoir, 1935) avec la solidarité du monde ouvrier qui sauve le jeune couple. L'interprétation d'Annabella et Gustav Fröhlich concourt à la réussite de ce mélodrame où le couple est sans cesse menacé par la crise économique et l'exploitation des chômeurs.

Jean-Luc Lacuve, le 22 septembre 2024

Retour