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À Brooklyn
dans les années cinquante, la mère de Lennie lui confie la garde
de son petit frère Joey, âgé de sept ans, car elle doit
se rendre au chevet de la grand-mère, malade. Lennie avait prévu
de passer le week-end avec ses amis. Irrité de devoir emmener son petit
frère partout avec lui, il décide de lui jouer un tour en simulant
un accident de carabine sur un terrain vague. Persuadé davoir
causé la mort de son frère, Joey senfuit à Coney
Island, immense plage new-yorkaise dédiée aux manèges
et à lamusement. Il va passer une journée et une nuit
derrance au milieu de la foule et des attractions foraines
Alain Bergala
voit dans ce film de Moris Engel, Ray Ashley et Ruth Orkin le chaînon
manquant de l'histoire du cinéma moderne. Celui qui relierait une première
modernité, née en Italie avec le néoréalisme entre
1945 et 1947, à une seconde modernité, née en France
d'une part avec la Nouvelle vague entre 1959 et 1962 et aux Etats-Unis d'autre
part avec Shadows de Cassavetes tourné
en 1959. Ce chaînon manquant serait alors l'année 1953 et ses
deux films majeurs que sont Monika de
Bergman et ce Petit fugitif.
Alain Bergala s'appuie sur l'affirmation de Truffaut que, sans le Petit fugitif, il n'y aurait eu ni les 400 coups ni A bout de souffle.
Le petit fugitif suit aussi un enfant comme les 400 coups sans surplomb de l'auteur ni dramatisation excessive. La mise en scène est parfois un peu trop complaisante avec son personnage principal, l'exhibant dans une suite de numéros (Joey fait du base-ball, mange une pastèque, s'entraîne au tir...). On est bien loin de la capacité créatrice et de l'innovation d'Antoine Doinel, de sa capacité a surmonté le traumatisme de l'absence d'amour maternel et, partant, de son besoin vital de la protection de Paris ou de l'Océan.
Les auteurs n'ont pas un point de vu original sur l'enfance et donnent un peu l'impression d'être seulement "justes". C'est l'aspect documentaire de la fuite au sein de Coney Island qui est le plus intéressant.
Plus grande est sans doute la proximité avec A bout de souffle que relève Alain Bergala. Joey est sans doute bien l'un des premiers de ces personnages modernes dont parle Deleuze, détaché du scénario dont ils sont pris, seulement à moitié concernés par ce qui leur arrive, privilégiant l'errance et les moments de grâce, le rapport du personnage au monde réel plutôt que la mise en scène de logiques purement dramatiques.
Même si Ray Ashley, le scénariste est crédité comme coréalisateur, Bergala fait de Morris Engel l'âme du trio.
Source : Alain Bergala, dossier de presse du film et DVD
pédagogique du film dans la collection Eden Cinéma.