Septembre 1937. Dans une luxueuse pièce du Palais d'Ambassade à Calcutta, Anne-Marie Stretter, épouse de l'ambassadeur de France, danse avec son amant Michael Richardson. Dehors, dans la nuit étouffante de la mousson, une mendiante se lamente, rappelant ainsi une réalité faite de misère, de faim et de maladie.
Cette nuit-là, l'ex-vice-consul, révoqué pour avoir fait tirer sur des lépreux, contemple Anne-Marie couchée sur le tapis en compagnie de Richardson et d'un autre invité. Plus tard, Anne-Marie danse avec le nouvel attaché allemand, alors que les psalmodies de la mendiante reviennent périodiquement. Le vice-consul invite Anne-Marie et lui déclare son amour. Après le refus de la jeune femme, il disparaît dans la nuit et on entend son cri déchirant.
Le lendemain, Anne-Marie et ses invités, auxquels s'est joint George Crawn, parcourent les longs couloirs de l'Hôtel Prince de Galles. Elle revient seule dans sa villa. Un ami la trouve endormie dans le jardin. Le vice-consul est là, silencieux. Au petit matin, on retrouve le peignoir d'Anne-Marie sur la plage ; elle a disparu.
Marguerite Duras écrit India Song à la demande de Peter Hall en août 1972 pour une mise en scène à Londres. Le livre India Song, sous-titré "texte théâtre film" et publié par Marguerite Duras en 1973 aux éditions Gallimard fournit l'essentiel du texte du film. Les personnages et l'histoire évoqués dans le film et le livre proviennent de trois romans antérieurs : Le ravissement de Lol V. Stein (1964), Le vice consul (1965) et L'amour (1971).
Duras réussit à recréer l’atmosphère de l’Inde des années 1930 dans un film entièrement tourné en banlieue parisienne. C'est surtout un drame d’amour fou d’une suprême élégance. Les images de Delphine Seyrig, valsant langoureusement sur la musique de Carlos d'Alessio, sont devenues mythiques. Ses partenaires masculins ne sont pas en reste et on comprend l’héroïne : on ne saurait dire qui, de Michael Lonsdale et Claude Mann, est le plus séduisant. La narration durassienne, sublimée par la sombre photo moirée et mordorée de Bruno Nuytten, laisse le souvenir indélébile et lancinant.
Texte off :
Pour elle, il avait tout quitté. Il l'avait suivie aux Indes. Michael Richardson était fiancé à une jeune fille de S. Thala; Lola Valérie Stein. Et puis, il y a eu ce bal, le bal de S. Thala. Elle était arrivée tard à ce bal, habillée de noir. Que d'amour ce bal, que de désir ! Cette lumière la mousson; cette poussière Calcutta central. Il y a comme une odeur de fleur; la lèpre. Ou est-on ? L'ambassade de France aux Indes, cette rumeur ? Le Gange. Apres sa mort, il est parti aux Indes ? Oui. Sa tombe est au cimetière anglais ? Oui, morte là-bas aux iles, trouvée morte une nuit. Une Lancia noire file sur la route de Chandernagor. C'est là que, une première fois que... De quoi avez-vous peur ? Anne-Marie Stretter ! Le soir, ils dansaient. Sur quoi pleurez-vous, Je vous aime. Jusqu'a ne plus voir, ne plus entendre. Vous savez les lépreux éclatent comme des sacs de poussière. Ne souffrent pas non rien, rient. Elle est là au bord du Gange sous les arbres. Elle a oublié
Le vice consul de Lahore en disgrâce à Calcutta. Il est revenu dans la parc...