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La souriante madame Beudet

1923

Avec : Alexandre Arquillière (Monsieur Beudet), Germaine Dermoz (Madame Beudet), Jean d'Yd, Madeleine Guitty. 32 minutes.

Mme Beudet, avide de liberté et d’évasion, voudrait s’affranchir des liens de son existence médiocre et insipide. Tyrannisée par son mari, être brutal, elle ne peut s’évader de la grisaille quotidienne qu’en faisant des rêves.

A la suite de conflits perpétuels, Beudet, adopte un tic épouvantable : de plus en plus souvent, il prend un revolver non chargé et fait mine de vouloir se suicider. Un jour, sa femme place des balles dans le revolver vide... Le crime sera évité de justesse, la vie se chargeant d’apporter au récit un dénouement mesquin qui ne manque pas d’ironie.

Adaptation d’une pièce de théâtre d’avant-garde, La souriante Madame Beudet se présente, non sans humour, tel un manifeste tant esthétique que féministe. Minimisant le recours aux cartons pour réaliser une “symphonie visuelle” inspirée par la “théorie du silence” de l’école dramatique française de l’époque, Dulac cherche à traduire le “non-dit” (les soucis d'une femme de commerçant provinciale) par la mise en évidence des petits gestes du quotidien.

«Le plan c’est l’image dans sa valeur expressive isolée, soulignée par le cadrage de l’objectif. Le plan c’est à la fois le lieu, l’action, la pensée. Chaque image qui se juxtapose se nomme plan. Le plan c’est le morcellement du drame, c’est une nuance qui concourt à la conclusion. C’est le clavier sur lequel nous jouons. C’est le moyen que nous avions de créer, dans un mouvement, un peu de vie intérieure.
(...) Comme nous jouons avec la juxtaposition des images, les poses d’appareil, nous jouons aussi avec les plans. Le plan psychologique, le premier gros plan, comme nous l’appelons, c’est la pensée même du personnage projetée sur l’écran. C’est son âme, son émotion, ses désirs.
Le gros plan c’est aussi la note impressionniste, l’influence passagère des choses qui nous entourent. Ainsi, dans Madame Beudet, le premier gros plan de l’oreille de Mme Lebas c’est toute la province, tous les cancans, l’esprit étroit à l’affût des disputes, des discordes.
(...) La vie intérieure, rendue perceptible par les images, c’est avec le mouvement tout l’art du cinéma... Mouvement, vie intérieure, ces deux termes n’ont rien d’incompatible. Quoi de plus mouvementé que la vie psychologique avec ses réactions, ses multiples impressions, ses ressauts, ses rêves, ses souvenirs. Le cinéma est merveilleusement outillé pour exprimer ces manifestations de notre pensée, de notre cœur, de notre mémoire.»
(17 juin 1924, Musée Galliéra, repris dans Ciné-Magazine du 11 juillet 1924).

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