Eugénie se confesse à l’Église et demande au prêtre si espérer un grand amour est un péché. Ce même matin, son père, Félix Grandet vend pour ses pierres de construction l'église acquise pour presque rien durant la vente des biens du clergé du temps de la révolution. C'est l'anniversaire d'Eugénie, et comme chaque année, son père lui offre une pièce d'or.
Avant son départ pour Saumur, Charles Grandet dit au revoir à son père qui insiste sur cet exile qui lui permettra peut-être d'éviter la faillite en renouant avec son créancier principal : le vieux mari de la femme qu'aime son fils.
Madame Grandet s'inquiète à propos de l'avenir de sa fille, et elle insiste auprès de son mari pour la marier. Grandet dit avoir pour elle de grandes ambitions. Un jeu de loto est organisé chez les Grandet, avec quelques notables de Saumur, dont deux prétendants à la main d'Eugénie. C'est ce soir de pluie qu'arrive Charles Grandet. Il constate la pauvreté apparente de sa famille qui vit extrêmement chichement. Grandet apprend sans ménagement à Charles la mort de son père qui s'est suicidé à cause de ses dettes. Au fil de promenades champêtres et de discussions, une liaison se noue entre Eugénie et Charles. Charles annonce à Eugénie sa décision de partir aux Indes pour se refaire une fortune et laver son nom. Eugénie se donne à Charles et lui fait cadeau de son or. En retour Charles lui donne en gage le portrait de sa mère lui promettant de revenir quand il aura fait fortune.
De retour de Nantes où il a vu Charles s'embarquer, Félix Grandet est ivre de colère. C'est pour lui une malédiction que sa fille ait donné son or à son cousin. Il la punit en la consignant dans sa chambre, au pain et à l'eau. Félix n’à que faire de la réprobation de la ville, seule l'intéresse son enrichissement fait au détriment des autres vignerons ou de son banquier qu'il a envoyé à Paris pour lui et qui s'y ruine depuis. Il laisse sa femme mourir de désespoir devant le sort réservé à sa fille. Sur son lit de mort, la mère d'Eugénie parle du vice de l'avarice de son époux et de sa folie de possession qui s'étend jusqu'à Eugénie qu’il veut garder pour lui.
Cinq ans après la mort de Madame Grandet, Eugénie et Nanon constatent le décès du père Grandet. Seule la servante est peinée de cette mort. Eugénie apprend chez le notaire qu'elle hérite de dix sept millions et que son cousin Charles est de retour.
Eugénie part à Paris pour rendre le portrait à Charles et lui annoncer qu'elle a remboursé ses dettes. Eugénie décide de donner une partie de son héritage à des œuvres et de découvrir le monde.
L’envie de Marc Dugain d'adapter le roman de Balzac en accentuant sa portée féministe parait un peu opportuniste mais ouvre néanmoins le débat. Le générique annonce clairement que le film est "librement inspiré d'Eugénie Grandet ». Ici Eugénie est amoureuse de l’amour avant même de l’avoir rencontré. A confesse, elle réclame un grand amour et elle lit des romans tard le soir ; son père veillant alors par avarice à éteindre la bougie. Belles séquences de la scène des peupliers où le père Grandet parle d’argent avec Cruchot et Eugénie reste à l’arrière. Grace du visage de Joséphine Japy, dans les scènes éclairées à la bougie, plus proche de Vermeer que de Georges de La Tour.
Le père Grandet incarne l'enrichissement des spéculateurs sous la Révolution par le rachat à bas prix des biens nationaux quia accentué son caractère d'avare caricatural, semblable à l'Harpagon de Molière, obsédé par l'idée de marier sa fille "sans dot !". Forme pathologique de son obsession, qui lui fait maltraiter physiquement et moralement sa femme et sa fille. Sans scrupules, sans pitié, il est le pire père de La Comédie humaine, dénaturé par cette manie dont Balzac fait l'étude clinique : "Encore heureux qu'on meure pour de l'argent, sinon en quoi aurait-on foi ?"
Dans le roman, le désespoir de la jeune fille la réduit à la claustration et la retraite qu'elle s'impose malgré son mariage blanc, véritable suicide moral, en fait une sorte de sainte laïque qui passe son temps à secourir les pauvres en vivant dans une scrupuleuse parcimonie. Cette fin est magnifique. Dans le film, elle essaie de s'évader. Aujourd'hui, il existe encore des jeunes gens détruits par une trahison amoureuse qui saisiraient très bien le sens d'une réclusion dépressive, mais Marc Dugain préfère éclaircir l’horizon.
Dans le roman, Eugénie, sous la pression de la société, et en particulier celle du curé (« Croyez votre pasteur : un époux vous est utile »), se résout au mariage avec Cruchot de Bonfons, mais à ses conditions : « Je sais ce qui vous plaît en moi. Jurez de me laissez libre pendant toute ma vie, de ne me rappeler aucun des droits que le mariage vous donne sur moi, et ma main est à vous ». Ici elle réplique « J'ai appris d'expérience que la solitude pour une femme vaut mieux que la compagnie d'un homme auquel elle n'est liée par aucun sentiment, mais par les seules convenances. Je ne serai ni votre chose, ni votre hochet, ni votre animal de compagnie ».