(Prologue) Louis, 34 ans, rend visite à sa famille pour la première fois depuis des années pour leur annoncer sa mort prochaine et inexorable.
Première partie
(Scène 1) Suzanne s'amuse de ce que Louis n'a jamais vue Catherine, la femme de son frère. Elle se plaint qu'il ne lui ait pas demandé de venir le chercher plutôt que de prendre un taxi. (Scène 2) Catherine parle de son ainée, huit ans, et du second, six ans, prénommé Louis. Antoine manifeste son hostilité à l'écoute bienveillante de Louis. Le prénom de Louis est celui du père et donc est celui de l'héritier male puisque, Louis, l'ainé n'aura pas d'enfant. Catherine et Antoine ont été gênés puisqu'ils n'ont pas envoyé de mot signalant la naissance de leur second enfant. (Scène 3) A la cave, Louis cherche une bouteille pour le repas. Suzanne reproche à Louis d'être parti de l'avoir abandonnée. Tous l'admiraient pour son talent d'écriture mais il ne leur en faisait pas part leur envoyant de rares cartes postales. Suzanne avoue sa frustration d'habiter chez sa mère, et de trouver laide la maison de son frère.
(Scène 4) Au cours du diner, la mère évoque les dimanches passés en famille avec les deux garçons qui grandissent et se chamaillent puis ne veulent plus venir avec eux. (Scène 5) Dans la salle de bain, Louis dit souffrir du manque d'amour qu'il ressent de la part des autres mais aussi qu'il leur inflige.
(Scène 6) Antoine travaille dans une petite usine d'outillage; Catherine lui dit qu'il doit en déduire que sa vie ne l'intéresse pas. (Scène 7) Louis s'étonne que Suzanne donne toujours son avis ainsi maintenant sur Catherine.
(Scène 8) La mère sait que les autres voudront parler et que lui, paisible, se taira. Antoine est en colère perpétuelle, il ne voudrait plus rien devoir. Elle pense que Louis non plus ne veut pas se sentir responsable. Elle voudrait qu'il dise à Suzanne qu'elle pourrait venir le voir parfois ; qu'il dise à Antoine de cesser de se sentir responsable. Qu'ils sortent de leurs règles imposées et deviennent des tricheurs à part entière. (Scène 9) Lors du café au salon, Suzanne prend la mouche sur une réflexion d'Antoine. Le sang froid de Louis l'indispose et il s'en va. Louis tente de les rattraper, suivi par sa mère. Catherine reste seule.
(Scène 10). Louis monologue devant Susanne endormie puis sa mère endormie (vous souffrirez plus longuement et durement que moi) et son frère (je ne faisais rien, je faisais semblant, j'éprouvais la nostalgie). On espère en mourant que le reste du monde disparaitra avec soi. Il ne sera pas meilleur agonisant. Il accepte la mort, je mets en ordre, je rends visite. (Scène 11, dans la continuité) Antoine reproche à Louis de le noyer dans des histoires. C'est lui qui se laisse aller à sa déception d'un frère venu pour rien, sur un coup de tête. Il se doute qu'on ne sait pas comment le prendre. Il s'en va : il ne veut pas écouter....
Intermède. (Neuf courtes scènes dans la forêt jouxtant la maison). Louis se promène, sa mère le suivant de loin. Antoine admet devant Suzanne que son frère est désirable et lointain, distant. Après-midi apaisé.
Deuxième partie (Scène 1) Monologue : vers la fin de la journée, Louis demande à ce qu'on le laisse partir. (Scène 2) Antoine et Suzanne se disputent pour savoir qui va ramener Louis. Antoine a hâte, Suzanne voudrait retarder ; Antoine s'effondre quand ion lui fait remarquer sa brutalité psychologique. Catherine demande à Louis de partir. Antoine se reprenant fait remarquer à Suzanne qu'il faudrait être deux pour s'opposer à la force de Louis. (Scène 3) Antoine reproche à son frère d'avoir toujours montrer, exhiber le fait qu'il souffrait du manque d'amour rendant ainsi les autres coupables de leur étroitesse de sentiments, ou, ce qui revient au même de leur maladresse à l'exprimer. D'où la nécessité pour eux de s'effacer, pour lui laisser la place et jouir de sa vie ainsi un peu prolongée dans son soi-disant malheur. De son départ aussi, Antoine doit admettre, parce qu'il le faut, être responsable. Malgré sa colère, il espère qu'il ne lui arrive rien de mal, il a peur pour son frère qui se présente comme bon et replié sur sa douleur intérieure
Epilogue. Un an plus tard, il est mort écrit-il à sa table de chevet. Il regrette de n'avoir pas crié dans la nuit une fois qu'il était parti en voyage le long d'une voie ferrée.
Le texte de la pièce de Jean-Luc Lagarce est intégralement respecté. Les voix intérieures suggérées par des parenthèses ou des tirets sont en général reprises telles quelles. Parfois aussi, brièvement, le texte normal est transformé en voix intérieure. On note tout juste que la scène 2 de l'intermède est placée après la 3, s'inscrivant ainsi dans la continuité du dialogue entre Antoine et Suzanne.
Le style de Lagarce, heurté et plein d'élans contrariés ("Plus tard, l'année d'après- j'allais mourir à mon tour. J'ai près de 34 ans maintenant et c'est à cet âge que je mourrai, l'année d'après) parait parfois un peu artificiel dans le cadre d'un téléfilm en décors naturels.
Mise en scène très sobre. Générique dans une chambre puis quatre plans pour le monologue du prologue. Deux en voiture, deux dans la maison. Dans la scène 5, le personnage est décalé par rapport à son reflet. Le long monologue de la scène 10 est fractionné en trois : Louis étant successivement devant Suzanne, sa mère puis Antoine endormis.
Editeur Montparnasse. Janvier 2014. Prix de vente indicatif : 13€
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