Hubert Minel n'aime pas sa mère, Chantale, qui l'élève seule depuis que le père les a quitté. Du haut de ses 16 ans, il la jauge avec mépris, ne voit que ses pulls ringards, sa décoration kitsch et les miettes de pain qui se logent à la commissure de ses lèvres quand elle mange bruyamment. Chaque matin pourtant Chantale emmène son fils à l'école et supporte ses remarques acerbes d'enfant gâté.
A sa professeure d'économie, Julie Cloutier, qui lui demande d'enquêter sur les revenus et charges financières des parents, il déclare que son père est parti et que sa mère étant morte, il ne peut faire le devoir que sur sa tante. Son refuge, c'est chez son ami, Antonin Rimbaud, qu'il le trouve. Sa mère, Helene, qui travaille dans le marketing est très épanouie et ramène régulièrement de jeunes amants à la maison. Le soir c'est de nouveau dispute à la maison, Hubert voulait inviter Antonin le samedi alors que Chantal avait prévue d'inviter une amie. Il accuse sa mère de se comporter comme atteinte d'Alzheimer et en casse mentalement la vaisselle de rage : même quand j'imagine la pire mère du monde je n'arrive pas à surpasser ce que tu es. Il pense que sa mère n'était pas faite pour l'être ; qu'il a été conçu sans amour ; que sa mère a simplement fait ce que la société attendait d'une femme mariée.
Chantale apprend qu'il l'a déclarée morte et vient faire un scandale à l'école dans la classe de Julie. Hubert s'enfuie et il est étonné quand Julie lui propose de monter dans sa voiture. Ils déjeunent dans un snack. Il s'excuse d'avoir dit que sa mère était morte. Elle lui avoue n'avoir jamais supporté son père. Quand elle avance la citation de Cocteau : "La mère d'un fils ne sera jamais son ennemi ", il réplique sans appel : Ton père et ta mère tu aimeras Dieu
Le soir il écrit à la machine et s'exprime face caméra regrettant l'enfer du quotidien qu'il vit avec sa mère parce qu'ils sont simplement trop l'un sur l'autre. Il lui propose de louer un appartement qu'il a visité avec Antonin. Mais Chantale recule et lui refuse un appartement à 16 ans. Il voudrait la voir morte
Seul, face à la caméra, il reconnait pourtant y être attaché. Helene demande à son fils et Hubert de repeindre son bureau en driping. Il fait l'amour avec Antonin alors que se mêlent les souvenirs des jours heureux.
Chantale rentre avec un abat-jour tigre. Hubert lui dit qu'il l'aime, fait la vaisselle et prépare à manger. Au salon, Chantal découvre les confessions de son fils enregistrées avec une caméra. Elle apprend qu'il est homosexuel. Elle propose de l'amener au vidéoclub. Elle se fâche et le laisse quand il met trop longtemps à choisir. Elle le laisse seul puis c'est lui qui fuit chez Julie qui accepte seulement qu'il dorme à la maison pour le soir. Le matin, il est triste de ne pas aimer sa mère. Il travaille Les liaisons dangereuses avec Antonin quand son père l'appelle au téléphone. Hubert est heureux de retrouver son père, divorcé quand il avait sept ans et qu'il voit seulement à Noël et Pâques. Ils regardent des films en mangeant des spaghettis mais c'est un piège. Les parents ont décidé de l'envoyer dans un pensionat.
Hubert se réfugie une dernière fois chez Julie, triste quil renonce à participer à "Auteur de demain" un concours qu'il aurait pu gagner. Hubert lui annonce son départ pour le pensionnat de Notre dame des douleurs, le soir même. Elle lui donne un livre de Musset lui indiquant une strophe du poème A Ma mère« Ma mère, à toi je me confie. Des écueils d'un monde trompeur, Écarte ma faible nacelle. Je veux devoir tout mon bonheur A la tendresse maternelle. » En prenat le bus, Hubert interroge sa mère : "Tu ferais quoi, si je mourrais aujourd'hui ?"; "Je mourrais demain."
Dans l'internat, Hubert est brutalisé par ses camarades. Il fugue. Sa mère vient le rejoindre dans le chalet de vacances. Ensemble, ils pensent aux jours heureux de l'enfance qui se sont déroulés là.
Confus par cette relation amour/haine qui l'obsède un peu plus chaque jour, Hubert vague dans les arcanes d'une adolescence à la fois marginale et typique - découvertes artistiques, ouverture à l'amitié, ostracisme, sexe - rongé par la hargne qu'il éprouve à l'égard d'une femme qu'il aimait pourtant jadis. Les images en noir et blanc du début puis qui reviennent a plusieurs reprises sont, Chantale le découvre au milieu du film, des confessions face caméra prises par Hubert, vaisselle se cassant au ralenti sur de la musique pour évoquer une colère toute mentale, course au ralenti dans les couloirs
A partir d'un scénario auquel il pense depuis trois ans, Dolan réalise et produit, à seulement vingt ans, son premier long-métrage, véritable coup de coeur du Festival de Cannes, où il concourt à la Quinzaine des réalisateurs. Avec ce film à l'inspiration autobiographique fantasmée, le jeune homme réussit une uvre intime et réfléchie qui impressionne par son talent, sa maîtrise et sa polyvalence.
Boulimique de travail, le prodige écrit le scénario de son dernier film en quelques mois et revient dès l'année suivante à Cannes avec Les amours imaginaires.
On aime sa mère presque sans le savoir (sans le sentir, car cela est naturel comme de vivre) et on ne s'aperçoit de toute la profondeur des racines de cet amour qu'au moment de la séparation dernière (Guy de Maupassant Fort comme la mort - Deuxième Partie).