1870. Ville de Signal. La belle Connie s'engage dans une lutte sans merci contre un riche rancher local pour le contrôle des pâturages environnants. Elle sera accompagnée dans sa lutte par Dave Nash, un ancien alcoolique taciturne…
Luke Short est un auteur de romans très prolifique. Il introduit dans la littérature westernienne des ingrédients du roman noir. On trouvera aussi dans Ciel rouge (Robert Wise, 1948) des scènes oppressantes et nocturnes (ici la fuite dans la diligence du héros blessé ou la mort de Don DeFore).
Les extérieurs sont tournés dans l'Utah et non en Californie. Grande attention à de nombreux plans, à commencer par le premier. C'est un plan séquence qui saisit la diligence avant la traversée de la rivière et ne la lâche pas avant d'avoir filmé, au premier plan, la situation de la ville, l'activité des artisans. Les intérieurs sont aussi construits dans les décors naturels avec des portes et fenêtres donnant souvent sur l'extérieur. Paradoxalement, lorsque la caméra passe à travers les murs, de l'extérieur à l'intérieur d'une maison c'est dans un souci de réalisme : pour prouver que cette cabane n'est pas celle d'un studio.
Cette approche réaliste du décor suggère un péril insidieux et le danger comme dans la Chevauchée des bannis ou chez Anthony Mann ou Jacques Tourneur. Ces trois cinéastes sont sortis du film noir et leur mise en scène est beaucoup moins élégiaque, lyrique et épique que celles de John Ford ou Delmer Daves.
Le film donne un rôle moteur de la femme comme, plus tard, dans Johny guitare. Elle porte la responsabilité de la mort de plusieurs personnages qu'elle partage avec Preston Foster et Don DeFore. Le héros masculin paraît en retrait, passif. Les personnages nuancés dans leur rapport au bien et au mal. L'ami (Don DeFore) trompe, ment au méchant, ce qui n'est pas sans conséquences sur son attitude. Cette complexité est peut-être dû au côté émigre européen sensible aux zones plus tourmentées de l'âme humaine, au pessimisme et au doute. Veronica Lake est fragile et frêle, plus butée et entêtée, que maniérée (mèche, yeux).
Source : Bertrand Tavernier sur le DVD ci-dessous.