Editeur : Wild Side Video, février 2012. Master restauré. Format Image : Noir & Blanc 1.37. Format son : Anglais & Français Mono Sous-titres : Français Durée : 1h35. 15 €.

suppléments :

  • Western noir pour femme de feu : entretien avec Bertrand Tavernier (26').
  • Galerie photos - Bande-annonce

1870. Ville de Signal. La belle Connie s'engage dans une lutte sans merci contre un riche rancher local pour le contrôle des pâturages environnants. Elle sera accompagnée dans sa lutte par Dave Nash, un ancien alcoolique taciturne…

A son arrivée en Californie en 1941, Andre DeToth avait réalisé un de ses rêves : faire le "round-up" de printemps sur un ranch au Nevada avec un cowboy qu'il avait pris en stop. En 1947, il réalisait un autre rêve : faire un western. C'est nul autre que John Ford qui devait faire FEMME DE FEU (Ramrod) pour Enterprise, le nouveau studio juste créé par Charles Enfield et David Loew. Mais, préoccupé par My Darling Clementine, il leur avait dit de prendre DeToth. Qui hérita donc du casting, et d'une histoire complexe de Luke Short, écrivain de westerns remarquablement adultes (voir le Blood on the Moon de Robert Wise). Ce qui intriguait DeToth était d'avoir une femme forte comme moteur d'un western, et de la faire jouer par sa femme à l'époque, Veronica Lake. Et aussi de tourner en décors naturels en Utah.

Western noir pour femme de feu : entretien avec Bertrand Tavernier (26')

Luke Short est un auteur de romans très prolifique. Il introduit dans la littérature westernienne des ingrédients du roman noir. On trouvera aussi dans Ciel rouge (Robert Wise, 1948) des scènes oppressantes et nocturnes (ici la fuite dans la diligence du héros blessé ou la mort de Don DeFore).

Les extérieurs sont tournés dans l'Utah et non en Californie. Grande attention à de nombreux plans, à commencer par le premier. C'est un plan séquence qui saisit la diligence avant la traversée de la rivière et ne la lâche pas avant d'avoir filmé, au premier plan, la situation de la ville, l'activité des artisans. Les intérieurs sont aussi construits dans les décors naturels avec des portes et fenêtres donnant souvent sur l'extérieur. Paradoxalement, lorsque la caméra passe à travers les murs, de l'extérieur à l'intérieur d'une maison c'est dans un souci de réalisme : pour prouver que cette cabane n'est pas celle d'un studio.

Cette approche réaliste du décor suggère un péril insidieux et le danger comme dans la Chevauchée des bannis ou chez Anthony Mann ou Jacques Tourneur. Ces trois cinéastes sont sortis du film noir et leur mise en scène est beaucoup moins élégiaque, lyrique et épique que celles de John Ford ou Delmer Daves.

Le film donne un rôle moteur de la femme comme, plus tard, dans Johny guitare. Elle porte la responsabilité de la mort de plusieurs personnages qu'elle partage avec Preston Foster et Don DeFore. Le héros masculin paraît en retrait, passif. Les personnages nuancés dans leur rapport au bien et au mal. L'ami (Don DeFore) trompe, ment au méchant, ce qui n'est pas sans conséquences sur son attitude. Cette complexité est peut-être dû au côté émigre européen sensible aux zones plus tourmentées de l'âme humaine, au pessimisme et au doute. Veronica Lake est fragile et frêle, plus butée et entêtée, que maniérée (mèche, yeux).

 

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La femme de feu d'André DeToth