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Una promessa

Gianluca et Massimiliano De Serio
2020

Genre : Drame social

(Spaccapietre). Avec :  Salvatore Esposito (Giuseppe), Samuele Carrino (Antò), Lica Lanera (Rosa), Vito Signorile (Capo Podere),  Antonella Carone (Angela). 1h44.

Tard dans la soirée, Anto, dix ans, observe sa mère, Angela qui se prépare à partir au travail et qui vient l’embrasser. Guiseppe, le mari regrette que ce ne soit pas lui qui aille travailler et laisse son fils lui décrire le chemin que prend Angela pour rejoindre le camion des travailleurs clandestins qui va l’emmener, sous un soleil de plomb, dans les champs d’un grand propriétaire.

Le lendemain, c’est le drame, une voix inconnue apprend à Guiseppe que sa femme est morte et transportée dans un hôpital de la ville.  Face à cette disparition tragique et mystérieuse,  Giuseppe fait la promesse à Antò de lui rendre sa mère.

Victime d'un éclat de pierre qui l'a rendu borgne et qu'il ne soigne qu'à base de gouttes, Guiseppe vient en vain solliciter du travail auprès de son ancien employeur, à la tête d'une carrière de gravats. Celui-ci ne peut que lui proposer de le recommander auprès des patrons d’Angela. A cours de ressource, Guiseppe accepte et déménage avec Anto dans un camp de travailleurs migrants...

Le film semble suivre les traces du Voleur de bicyclette (Vittorio de Sica, 1948) avec cet enfant pleinement en empathie avec son père en proies aux pires difficultés sur le marché du travail. Mais les réalisateurs ne visent pas le réalisme en commançant leur film par une caméra débullée à 180°, haut et bas inversés, car Anto observe sa mère tête penche sur son lit et ne la « remet droite » que lorsqu'elle vient tendrement lui poser un baiser sur le front.

Ainsi après quelques belles scènes néo-réalistes au début, Guiseppe s’enfonce sans réaction dans l’humiliation et les réalisateurs en rajoutent sur la veulerie et l’abus de pouvoir des patrons sur les plus faibles, sur Rosa en particulier. Le film vire ainsi du réalisme au naturalisme parfois aussi crû que dans Los Olvidados ( Luis Bunuel, 1950) : blessure à l’œil du père, excitation sexuelle d'un corps mêlé aux viscères d’un sanglier et lavé à coup de jets d'eau, corps d'un migrant jeté sans sépulture dans une fosse naturelle, crime au marteau.

Acceptable dans la descrition des tourments vécus par les travailleurs (cadence très dures, pauvres conditions d'hebergement, sulfatages dangereux), le naturalisme se fait trop complaisant dans son opposition simpliste des patrons, affreux, sales et méchants avec les travailleurs clandestins, obligés d’accepter leur misère. Faute d’un minimum de mise en scène, les séquences d'humiliations qui se succèdent finissent par prendre le spectateur en otage de scènes de voyeurisme.

Jean-Luc Lacuve, le 25/10/2020