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Mafia salad...

1986

(Wise guys). Avec : Danny DeVito (Harry Valentini), Joe Piscopo (Moe Dickstein), Harvey Keitel (Bobby DiLea), Ray Sharkey (Marco), Dan Hedaya (Anthony Castelo). 1h40.

Parce qu'Harry et Moe ont voulu le doubler, leur patron décide de les faire s'éliminer l'un, l'autre...

Après le cuisant échec critique et public de Body Double, Brian De Palma souhaite se renouveler et changer du tout au tout. Il décide de renouer avec la comédie et se lance dans l’aventure de Wise Guys (en France, il demeure inédit en salles et est sorti en vidéo sous le titre stupide de Mafia Salad) pour avoir le plaisir de tourner avec Danny DeVito.

La première scène donne immédiatement le ton du film : Harry Valentini (DeVito), habillé élégamment, se prépare à sortir et, devant son miroir, rejoue la scène de Robert De Niro dans Taxi Driver (Martin Scorsese, 1976) : « You talkin’ to me? ». Si De Palma nous a toujours habitués à des relectures très personnelles des codes du cinéma de genre, principalement le thriller hitchcockien, il s’engouffre ici dans la voie de la parodie débridée. De plus, la scène est « redoublée » puisque par un joli jeu de symétrie, on constate que le fils d’Harry, habillé de la même manière, se livre aux mêmes simagrées dans une salle de bain attenante.

Non seulement De Palma pastiche les films de gangsters mafieux (du Parrain à Scarface) mais il n’hésite pas à en rajouter en les réduisant, à l’image de cette première scène, à un jeu d’enfant bouffon. Ce jeu d’imitation est sans doute l’aspect le plus intéressant de Wise Guys. De Palma joue sur les effets en miroir puisque ses deux héros, Harry et Moe (Joe Piscopo), sont à la fois meilleurs amis et voisins de palier. Désireux de gagner leurs galons au sein de l’organisation mafieuse, ils sont constamment ridiculisés et cantonnés aux tâches ingrates (aller faire les courses du patron, par exemple). Après qu’ils aient trahi la confiance du « parrain » aux courses (en misant sur un autre cheval que celui demandé et en perdant ainsi un beau pactole), celui-ci va ordonner à l’un de supprimer l’autre et vice-versa.

Ce principe d’imitation donne lieu au meilleur gag du film. Voulant avertir les deux lascars du plan fomenté par leur boss, un garçon de café les retrouve dans une église. Tué à distance avant d’avoir pu parler, il se contorsionne de douleur mais au lieu de lui venir en aide, les deux compères l’imitent (s’agenouillent, joignent leurs mains du côté du cœur…), pensant que leur interlocuteur est en train de se livrer à de (faux) exercices de dévotion ! Mis à part ce passage très réussi et quelques répliques cinglantes, il faut néanmoins admettre que l’humour de Wise Guys est plutôt poussif et lourdaud. Même si les comédiens font preuve d’un abattage sympathique, leurs mimiques outrées (roulements d’yeux, glapissements excessifs…) évoquent davantage le cinéma de Philippe Clair que les sommets de l’œuvre de De Palma.

Le récit se divise en deux parties. La première est la plus délibérément comique, centrée sur les deux nigauds et leurs démêlés avec la mafia. La seconde renoue davantage avec l’action puisqu’elle est construite comme une longue course-poursuite au cours de laquelle apparaîtra un flegmatique Harvey Keitel. Mais globalement, difficile de retrouver la « patte » du cinéaste dans ce film plutôt laborieux. Parfois, on sent qu’il cherche à s’amuser en dilatant le temps (lorsque Harry est choisi pour vérifier que la voiture du patron n’est pas piégée) ou en exécutant un long panoramique à 360° pour montrer la foule s’enfuir en accéléré (toujours au même moment). Mais à part ça, la mise en scène est plutôt impersonnelle et sans grande inspiration.

Au bout du compte, Wise Guys n’est qu’un film de transition qui permettra au cinéaste de renouer avec le film de gangsters et de signer dans la foulée Les Incorruptibles, œuvre ô combien plus talentueuse et convaincante.

Vincent Roussel , avril 2019 pour Zoom-arrière.

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