Les dix commandements

De peur que les fils d'Israël ne deviennent un jour plus nombreux que les Égyptiens, le Pharaon, Séti Ier, décide de faire mettre à mort tous les nouveaux-nés hébreux de sexe masculin. la sœur du Pharaon recueille un enfant dans un panier d'osier sur le Nil, que sa mère avait voulu soustraire à ce massacre en le cachant ainsi. Adopté et nommé Moïse, cet enfant devient le favori du Pharaon qui lui destine le trône.

Le prince Ramsès, le prétendant légal, accuse Moïse de vouloir délivrer le peuple d'Israël et obtient la satisfaction de ses ambitions : le Pharaon le désigne comme successeur au trône. Moïseayant eu la révélation de son origine, celle d'un fils d'esclaves juifs, refuse l'amour de Néfertari et l'affection de Séti, qui feraient de lui le futur Pharaon, il part dans le désert.Moïse est recueilli par une tribu de bergers et épouse Sephora.

Mais Ramsès monte sur le trône d'Égypte et Josué demande à Moïse de retourner en Égypte pour délivrer son peuple. Convaincu par l'épisode du buisson ardent de la vérité de sa mission, Moïse se rend auprès du Pharaon et obtient de ce dernier l'autorisation d'emmener le peuple hébreu hors d'Égypte.

L'exode commence mais Ramsès, désireux de venger la mort de son fils, se lance avec son armée sur les traces des Hébreux qui parviennent par miracle à traverser la Mer Rouge. Le Pharaon et ses soldats sont en revanche engloutis dans les flots. Moïse reçoit sur le Mont Sinaï les Dix Commandements mais en son absence, la foule se met à adorer le veau d'or. La colère de l'Éternel frappe alors les enfants d'Israël, condamnés à errer pendant quarante ans dans le désert. Moïse confie à Josué le soin de conduire les Hébreux vers la Terre Promise, sachant qu'il ne lui serait pas accordé de fouler le sol d'Israël.

Les dix commandements, la dernière oeuvre du réalisateur et son plus gros succès, se présente comme un remake de son film muet de 1923. Dans celui-ci, Cecil B. De Mille avait tenté, sans grand succès, de confronter, à la manière de Griffith dans Intolerance, l'histoire biblique et un épisode contemporain sur le thème de la rivalité entre deux frères. La nouvelle version, plus simple, plus monumentale et plus statique se consacre à développer, de façon plus efficace, quelques extraits du livre de l'Exode. 

Conscient de la dangereusea concurrence de la télévision, le studio Paramount avance en terrain sur avec le peplum. Quo Vadis ? ( Mervyn LeRoy 1951) et La Tunique (Henry Koster, 1953), premier film à utiliser le CinémaScope ont déjà triomphé au box-office en traitant des origines de la chrétienté.

Le studio accorde des moyens extraordinaires au réalisateur qui venait de faire triompher Sous le plus grand chapiteau du monde (1952), avec déjà Charlton Heston. Durant deux ans le cinéaste supervise tous les préparatifs : de la création des décors jusqu’aux costumes en passant par les repérages en Egypte. Des travaux pharaoniques sont entrepris dans les studios Paramount où sont installés des maquettes au 1/5e, mais aussi un grand réservoir d’eau et des ateliers complets servant à créer un nombre impressionnant de matte-paintings - peintures servant à représenter des paysages grandioses. Le tournage s’étale sur deux années avec une première partie en Egypte, relayée par celle en studio, avant d’entamer une très longue post-production liée aux importants effets spéciaux. Finalement, Les dix commandements sort sur tous les écrans en 1956 et remporte un succès immédiat malgré sa durée de plus de trois heures et demie.

L'affrontement entre les deux frères, plutôt mal rendu dans la version de 1923, est ici constamment mis en scène. Charlton Heston, monolithique et inébranlable s'oppose au torturé Ramsès II, interprété par Yul Brynner.

Jean-Luc Lacuve le 04/03/2017