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L'argent des autres

1978

Genre : Drame social

Avec : Jean-Louis Trintignant (Henri Rainier), Catherine Deneuve (Cécile Rainier), Michel Serrault (Miremont),  Claude Brasseur (Claude Chevalier d'Aven), François Perrot (Vincent), Juliet Berto (Arlette Rivière), Michel Delahaye (L'archiviste Bignon), Umberto Orsini (Blue), Michel Berto (Duval). 1h45.

Henri Rainier, cadre, est en recherche d’emploi. Il se retrouve avec plusieurs cadres dans un centre de recrutement aux méthodes modernistes. Il se souvient :

Il ya huit mois, il a été évincé sans ménagement de la banque familiale Miremont de Nully Heldorff, accusé de négligence par ses supérieurs pour ne pas dire de complicité avec un certain Claude Chevalier D’Aven qui a laissé un trou de plusieurs centaines de millions de francs. Alors que Duval, son supérieur, avait reconnu que tout était de sa faute, Henri Rainier avait, seul, été licencié et avait dû, sur le champ, quitter la banque, entouré de deux sbires qui avait sortis ses affaires personnelles de son bureau dans deux malheureuses caisses en carton. Il les avait déposées à la consigne de la gare saint Lazare avant de regagner son domicile. Ill surprend ses deux fillettes jouant dans le parc pendant que leur mère Cécile prépare un barbecue. Pour ne pas gâcher leurs vacances, il se garde de leur annoncer la mauvaise nouvelle et promet de les rejoindre au plus vite. Le lendemain, il retourne devant le siège de sa banque, mais Miremont refuse de le recevoir...

Henri Rainier est appelé dans une pièce vide où il répond, face à une vitre, aux questions d'une femme qui, comme trois autres de ses collègues, s'entretient avec un cadre à la recherche d'un emploi sous la conduite d'un superviseur qui malmène les postulants. Henri Rainier expose d'abord calmement qu'il est parti à l'amiable de la banque qui l'employait puis se révolte face aux questions de son interrogatrice quant à l'attitude sereine qui adoptait dans la salle d'attente. On le félicite alors et lui demande d'attendre qu'on vienne le chercher. Il est conduit chez le chef recruteur. Celui-ci, entouré de deux de ses cadres, lui demande de jouer le rôle d'un fondé de pouvoir qui doit renvoyer un cadre ayant présenté un faux CV. Rainier comprend que son mensonge a été découvert et explique alors pourquoi il l'a fait :

Les jours qui ont suivi son licenciement, Rainier espérait encore être rappelé par son patron, Miremont, dont il avait toujours pensé qu'il était proche...

Tourné sous la présidence de Valery Giscard d’Estaing, le film se penche sur le scandale de la Garantie Foncière qui a éclaté en 1971 sous la présidence de Georges Pompidou. Le scandale a mis en avant l’affairisme d’un député de l’Union pour la Défense de la République (UDR) parti Gaulliste d’alors, André Rives-Henrÿs associé à un homme d’affaires qui s’avérera véreux, Robert Frenkel. Tous deux avec des appuis ministériels montent la Garantie Foncière une société civile de placements immobiliers. L’argent des souscripteurs finance les investissements de la société qui achète des immeubles et facture des loyers qu’elle reverse aux souscripteurs de l’agence à des taux supérieurs à 10 %.

La morale de l'histoire est assez banale : les financiers parviennent toujours à se tirer d’affaire alors que ceux qui travaillent, fussent-il des escrocs, finissent en prison ou évincés du secteur dans lequel ils travaillaient. Rainier, surnommé bonbon par le personnel, est trop naïf, subjugué par le charisme de Miremont, président sans scrupule de la banque. Miremont s'avère néanmoins un fantoche, une baudruche vide, soumis au pouvoir de ses gros actionnaires suisses.

Le film par son atmosphère crépusculaire et la musique contemporaine et atonale de Patrice Mestral en appelle néanmoins à la fin de ces pratiques où les hommes ne sont que des marionnettes manipulées par de plus grosses marionnettes.

On notera que la syndicaliste Arlette Rivière n'est pas sans rappeler les débuts d’Arlette Laguiller syndicaliste au Crédit Lyonnais puis égérie du parti d’extrême gauche Lutte Ouvrière (LO). Le film est couronné de deux César comme meilleur film et meilleur réalisateur.

 

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